Avant de continuer l’inventaire des graves contresens dans ce débat, il faut dire quelques mots des invités : hormis Marc Guillaume, il y avait Serge Latouche et Denis Clerc, qu’il n’a cessé d’appeler des « amis » mais sans trop se priver de torpiller leurs gloses. C'est fait sans passion malsaine, avec un mélange de cordialité débonnaire et probablement de désolation intérieure car il y avait de quoi être affligé d’entendre tant de confusion.
Serge Latouche fidèle à ses habitudes, sermonne à n'en plus finir. C'est pour lui que Julie a monté l'émission, pas pour Illich. Latouche se la joue grand-prêtre d'un Dieu disparu "il a tout inventé il y avait déjà tout chez Illich". Ce qui veut dire que lui Latouche, les militants, et les donneurs d'interminables leçons, ne font donc qu'exploiter ad nauseam de l'argument ancien, peut-être usé, peut-être même que ça n'est pas un argument, mais tout au plus un truc rhétorique ? Parce que dire "ce sont les pompes qui font couler le bateau", c'est une image forte, mais c'est surtout une image stupide. Les pompes ne font couler le bateau que chez les shadoks, or l'économie-shadok en France elle se trouve dans le modèle que défendent nos militants sous couvert d'écologisme, càd le modèle anti-libéral et celui du tout-service-public. Mais quand un rafiot d'entreprise libérale coule à cause des ses pompes montées à l'envers, d'abord il coule et on n'en parle plus, ensuite il ne traîne pas une honteuse misère d'organisation ubuesque pendant des générations comme nos ministères avec leurs Directions inégalement loufoques, ou notre Education Nationale que le monde nous envie. Donc que ses fans se rassurent : les tricks rhétoriques de Latouche seront présents pendant l'émission, et toutes les expressions catastrophistes ou hystériques seront convoquées à l’envi : la "logique infernale", la "destruction de la planète", la "destruction psychologique de l'esprit critique", la "fin de l'humanité" rien que ça ! Et puis l'impossible croissance infinie dans un monde fini, là c'est la version moderne de Malthus mais il ne le dit pas Latouche, qui préfère asséner qu'un enfant de 5 ans comprendrait ça facilement (à ce moment j'ai cherché dans la rue un enfant de 5 ans qui allait certainement m'aider à comprendre) et il cloue son adversaire avec un dernier signifiant dominant : "vous ne pensez pas comme moi, vous êtes donc comme Claude Allègre", dit-il en envoyant cette valda dans les gencives de Brice, disqualifié pour le compte par ce trick d'étiquetage infâmant. Ah quel sens du dialogue ce Latouche !
Il y a un autre invité, Denis Clerc, qui ne cesse de se mélanger les crayons avec des énormités qui ne changent pas grand-chose à son propos, mais montrent qu'il n'a pas les idées si claires. Exemple : il dit que tous les formidables progrès du monde moderne sont dus à la chimie (la chimie, cette Cendrillon des sciences, avait écrit Jean-Jacques). Et il cite comme exemple... la pilule contraceptive ! Pitié, mais pitié !! La pilule contraceptive doit à la chimie à peu près autant que le ciment ou l'aspirine ! La pilule contraceptive c'est de la biologie. Alors me direz vous encore : détail, détail ? Mais oui, détail, bien sur ! Détail qui montre que le type soit répète ce qu'il n'a pas compris, soit que la chimie de son cerveau a dépassé la date de péremption, soit qu'il s'en fout de la précision et va au plus pressé pour lâcher son message. La suite va confirmer, avec les confusions déjà citées plus haut : entre effet pervers et effet de seuil, entre effet pervers et contre-productivité, entre dépendance et aliénation. Or de tels amalgames conceptuels ne sont tout simplement pas acceptables.
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Dernière édition par Nessie le Mer 29 Sep 2010, 20:24, édité 4 fois