Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Avec cette rentrée, ça ne bouge pas seulement dans la grille des programmes : il y a du changement aussi du côté des web-radio. A lire la présentation et l'inventaire de l'offre, il semble bien que les deux chaînes ont été fondues en une seule. Si la présentation disponible en ce moment même est la formule définitive, il n'y a plus de programmation en direct et pas non plus les 2 tranches d'archives INA, qui étaient peut-être les seules à être écoutées en direct ? Quant à la multidiffusion des émissions de FC, elle disparaît de la web-radio : si elle avait ses amateurs (on peut en douter) il se tourneront vers l'offre podcast.

Il y a quand même comme une malhonnêteté de présentation dans la déclaration "toutes nos émissions sont maintenant téléchargeables" comme si c'était un progrès, alors qu'une formule plus juste aurait du être "Nous avons supprimé les émissions qui n'étaient pas téléchargeables". Evidemment, c'eût été là de la désastreuse communication, impossible car comme chacun sait, les communiquants de FC sont des as. Cela dit, ces 2 tranches d'archives INA qui étaient guettées par les amateurs d'émissions anciennes, je ne suis pas certain de les regretter : le son en était devenu insupportable, ou plus exactement, la technique de diffusion les massacrait en faisant sauter sans arrêt des syllabes ou des mots complets, pour ne rien dire des brusques parasitages (des clicks, des klobst, des wraxt et des scrouitch), bref la qualité moins que minimale en rendait l'écoute pénible et l'archivage trop décevant pour un amateur soucieux d'art radiophonique même suranné.

Avec ses web-radios devenues sa web-radio, FC abandonne donc le flux en direct et nous propose une ressource web, culturelle et généraliste, sans effort radiophonique mais tout de même assez variée : il y en a pour tous les intérêts et pour tous les goûts. Et on voit de moins en moins la différence avec L'éloge du savoir.

Le tableau de la grille d’été continue à changer, mais il
approche probablement sa forme définitive, notamment les titres. Cette grille
nous offre-t-elle davantage de culture, ou bien encore moins de culture ? Encore
plus d’Actu, ou bien, ouf, un peu moins d’Actu ? Je ne propose pas de
compte définitif, mais une série de regroupements des ajouts et des suppressions.
J’espère ne pas avoir fait d’oubli important. Et je ne sais pas très bien si
tout ça se compense ou non. Les remarques qui suivent peuvent aider à faire les
comptes. De mon point de vue, les conclusions gagneraient plutôt à passer sur
un autre registre, celui du jugement subjectif. Mais ça sera pour la fin.

(Etant donné que tout ça est assez long, j’ai fractionné le tout afin de préserver la lisibilité)

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- Dans cette grille, il faut noter d’abord un grand nombre de changements d’horaire, de titre, ou de producteur, qui ne modifient pas vraiment l’offre : For intérieur, Poésie sur parole, Décibels rebaptisé de même que Philippe Petit, Pascale Casanova, Joelle Gayot, et ce qui reste de Une vie une oeuvre. Tout ça bouge un peu ou beucoup, mais sans changer

- Il y a aussi un bon nombre d’opérations blanches, comme on dit : ainsi on constate que l’Eloge du savoir perd 5’ pour placer une chronique d’Ezine, mais ces 5’ sont rendues à la culture dans Tout arrive.

- Autres changements peut-être mineurs : la suppression de magazine culturel qui semble compensée par un équivalent, confié à un autre producteur et placé ailleurs dans le programme. On voit bien que Peinture fraiche laisse la place aux Jeudis de l’Expo d’Elizabeth Couturier. Et en remplacement peut-être des Vivants & les dieux, Frédéric Lenoir propose Les racines du ciel.

- Il en va de même dans les magazines non culturels, le Post-Frontière de Florian Delorme & Alexis Ipatovstev est comme un équivalent de Station météo, tandis que le dimanche, les 30’ d’Actu anticipée par Vincent Lemerre disparaissent pendant qu’on crée 30’ d’Actu rétrospective avec Caroline Broué. Opérations blanches.

- Enfin dans l’ensemble, la durée des journaux a l’air inchangée, hormis l'allongement des Rendez-vous de la rédaction à 50’ le samedi.

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Venons-en au sujet : davantage de culture, ou moins de culture ? D’abord 2 remarques thématiques, sur la musique et sur la création/fiction :
- Cette année encore, la première voit se réduire sa part puisqu’Equinoxe disparait et que Chanson-Boum passe de 1h à 30’. Seule Jeanne-Martine Vacher conserve ses 60’. Si la musique c’est de la culture, alors la culture perd là 90’ sur les 180 qui lui restaient.
- Et dans le même temps, la fiction regagne une vingaine de minutes : Perspectives critiques passe de 50’ à 1h ; et l’ACR de 80’ à 90’.

Ensuite, comptons les arrivées et les départ. Commençons par les seconds :
- Chaque soir Minuit 10 disparait en même temps que Surpris par la nuit (total 125’), et les deux sont remplacées par 95’ dont 45 pour Laure Adler et 50 pour Thomas Baumgartner. Suivis de l’entretien Veinstein qui laisse place aux programmes de la nuit 30’ plus tôt. En conclusion : dans l’ensemble le programme quotidien hors-nuits est donc réduit de 30’ en soirée. Chaque soir c’est bien 30’ de culture qui sautent.
- Jeux d’archive (1h) disparait et Tire ta langue revient (30’). Si on admet qu’Antoine Perraud fait de la radio culturelle, on a le sentiment d’y perdre 30’.
- Les échos de la planète francophone disparaissent : encore 30’ qui passent à la trappe.
- Le samedi a-m, la culture perd Brigitte Lefevre (45’), Histoire de (20’), Un jour avec pipole par Mathieu GL. (30’, je crois)
- Les vendredis de la philo passent à 40’, en outre laissent la place une fois par mois aux controverses du progrès. François Noudelman devra bousculer encore plus ses questions s’il veut placer autant de « voila » que l’an dernier. On perd 20’ de philo. Les Controverses du progrès, quand à elles, ne pompent plus que 40’ de philo par mois au lieu de piquer 55’ de la Fabrique de l’histoire.
- Il y a aussi des réductions minimes : l’entretien hebdomadaire de Francesca Isidori est réduit de 10’

Et du côté de ce que nous gagnons :
- des durées supplémentaires : Enthoven gagne 5’ chaque jour, Aude Lavigne crée une quotidienne de 5’. Projection privée passe de 45’ à 1h. Et plus épais, Question d’éthique passe de 30’ à 1h. Tout ça c’est du temps de culture en plus.
- Il y a aussi de la création d’émissions dont la vocation semble culturelle : les peuples avec Catherine Clément, les sciences avec Aurélie Luneau. Et aussi, même si on peut redouter une dérive actu, deux créations du samedi après-midi : 60’ de Mégahertz par Joseph Confavreux (risque de dérive Mermet) ; et 90’ de Radio-Libre avec Ali Baddou (risque de dérive Barking).

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Après les émissions culturelles, on peut faire les mêmes remarques pour les émissions d’Actu-Politique-Eco-Saucialllll :

- D’abord du côté du plus : création de Rue des Ecoles (1h). Les Rendez-vous de la rédaction semblent passer à 50’ le samedi.
- Et du côté du moinsse : La suite dans les idées passe de 1h à 30’. Grain à moudre ne propose plus que 4 débats par semaine. L’émission de Madeleine Mukamabano change et passe de 1h à 30’. Et du côté des différences minimes, L’économie en question perd 10’.

Voila. J’ai bien le sentiment que ces comptes ont quelque chose de superficiel. Mais je ne les crois pas inutiles, ne serait-ce que pour faire plaisir à ceux qui nous réclament de l'objectif, ici quelques décomptes qui peuvent signaler, parmi d’autres motivations (les chéris et les sujets obligés) le souci de la direction des programmes dans l’un ou l’autre sens : Actu, Culture. On suppose que la séparation n’est pas absolue, mais qu’elle est tout de même pertinente. Alors, peut-être qu’un chiffre final serait significatif (sur 168 h de programmes dans la semaine, une variation de 3 ou 4 heures aurait du sens ?). Pour ceux qui veulent compter, n’oubliez pas de tenir compte des quotidiennes et des hebdo ;-)

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De mon point de vue, ce compte est moins important que l’esprit et l’ambiance de ce qu’on nous livre. Pour ajouter un peu de sens, je tempère donc ces comptes d’apothicaire par des remarques sur l’ambiance culturelle

- du côté de ce qu’on redoute d’entendre, d’une certaine façon, la disparition de Minuit 10 semble équilibrée par la tranche quotidienne confiée à Laure Adler, qui heureusement y perd son magazine de cinéma.

- si Surpris par la nuit va nous manquer, on peut espérer que Thomas Baumgartner va nous recréer une sorte d’équivalent de Clair de Nuit.

- un gag : tandis que disparait A Suivre, magazine d’actu anticipée du dimanche midi, on crée Les retours du dimanche, magazine d’actu rétrospective le même jour en fin d’après-midi. Bref on remplace la semaine à venir par la semaine passée. Sur FC on ne sait donc pas quoi faire pour parler actu, parler actu, parler actu, alors on invente de la formule originale. De mon point de vue l’idée de « A suivre » était aussi excellente, que parfaitement déplacée sur France Culture : j’aurais apprécié de trouver cette émission à France Info. Quant à la présentation, je préfère ne rien en dire sinon que même avec un invité et un sujet intéressants, le style d’interview de Vincent Lemerre faisait de cette émision une épreuve, un peu comme l’aurait été un excellent entretien dans Le Monde avec une typographie erratique.

- dans le « journal de la culture » à 19h chaque jour, on nous annonce 7’ pour l’actualité « culturelle et médiatique ». A la sauce du Rendez-vous, je parie d’avance que ça va être croquignolet...

- Pour ce qui est de Masse Critique qui gagne à la fois un budget plus important et une plage étendue à 1h, là encore ça va dépendre des goûts : si on admet que les industries du divertissement ou l’esprit Canal+ sont du ressort de la culture, alors c’est bien 10’ de culture en plus. Inversement, si on apprécie la radio culturelle et l’esprit FC, c’est du gaspillage de ressources, et la garantie d’entendre encore plus d’agression ricanante.

- la philo de Noudelman, on pouvait l’apprécier ou non, même avec les lourdeurs de présentation et d’idéologie, c’était tout de même du culturel. Mais l’émission, semble-t-il, va se recentrer sur le décryptage. Alors, moins de culture, ou plus de culture ?

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- la disparition de l’étiquette « Les humanités », c’est un peu dommage. L’alignement Histoire Littérature Architecture Philosophie avait quelque chose d’hygiénique, créant une tranche horaire sur la semaine où l’on était quasi assuré d’échapper à certains de vices endémiques sur FC.

- en ce qui concerne la fin du magistère de Caroline Broué sur la tranche « questions d’époque » : je regretterai son sérieux et son style de présentation, mais je ne regretterai pas son esprit, toujours à la traine des clichés de l’actu, un peu comme un Ali Baddou en moins agité, ou comme le Demorand de jadis si on veut, qui avec le recul des 3 années qu’on vient d’endurer de 7h à 9h, m’apparait maintenant pas si mauvais que ça.

- ce sont les samedis après-midi qui se trouvent le plus bousculés. Mais il n’est pas certain que ça change grand chose. Parmi les émissions disparues, indéniablement culturelles, faut-il regretter les interviews pipole de Brigitte Lefevre et de Matthieu Garrigou Lagrange ? Je ne verserai pas une larme sur ces deux réservoirs de questions cornichonnesques, car j'en ai déjà bien assez versé en les écoutant. L’amateur de culture non superficielle pourra regretter « Histoire de » ; malgré sa forme franchement austère j’aimais bien, surtout les 2 dernières séries. Ce qu’on nous propose à la même heure semble vouloir être tout de même culturel : de Projection privée (allongé), jusqu’à la fin de Jeux d’épreuve.

De toutes façons, l’orientation de la chaine ne se voit pas nécessairement dans la couleur annoncée par le titre et le principe d’une émission. Ainsi, Sur les docks pourrait être une émission de documentaires à vocation culturelle, proches de ce que furent Grand Angle ou Pays d’ici. Mais dans la veine Pierre Chevallier, c’était plutôt dans l’esprit Kronlund-Mermet : misères, malheurs, exploitation, braves petits qui se battent contre les méchants gros, ou alors pire du pire, la pêche au fait divers sur les 4 coins de la planète (la série sur Lisbonne). On peut en dire autant de La Fabrique de l’histoire, selon qu’elle flatte les marottes de l’équipe ou selon qu’elle vise à instruire.

J’arrête là ces remarques qui dépassent la question des nouveaux programmes. J’espère que Catherine Clément et Joseph Confavreux se souviendront qu’ils sont sur France Culture et en 2009. J’espère qu’Aurélie Luneau ne perdra pas son âme de documentariste, et que le tandem Delorme-Ipatovstev saura développer son style perso sans céder par trop aux obsessions locales de la cryse et du décripetage.

Nessie

Après une semaine, ça vaut peut-être le coup de tenter un bilan des changements.
Mais d'abord, 3 rectifs après mon inventaire livré ici :
a) disparition du Livre du jour (10' quotidiennes en moins pour la culture)
b) l'ACR ne semble pas gagner les 10' que je lui avais octroyées
c) Chanson-Boum garde ses 60'.
Ces deux dernières erreurs dues au tableau de la grille qui donnait le départ des Nuits à 0h30 le week-end.

Heureuse d'avoir découvert ce fil au ton plus sobre que les débats du blog de Jean Lebrun, je me permets d'intervenir pour espérer qu'on n'importera pas les conflits en cours ailleurs dans ce paisible endroit virtuel, et pour regretter avec Nessie que rien ne remplace le Pays d'ici, lequel a enchanté mes aprés-midi autrefois.