Comme tous les autres il mérite d'être écouté et conservé, ce numéro de Movimento avec Sébastien Bertrand. Pourtant il est vraiment pénible et même pire que ça. Remarquez, ça démarrait vraiment bien : l'invité est collecteur de musiques traditionnelles, formé par son père lui même ethnomusicologue distingué. L'homme est aussi joueur d'accordéon diatonique ; et si on écoute son histoire de musicien en plus de l'écouter jouer, c'est évident qu'il est doué. Dans le studio il a apporté son accordéon, mais aussi des bobines, des extraits rares, collectés sur le terrain ; ça pourrait être passionnant et ça l'est aneffet. Ca l'est encore plus quand il raconte son histoire personnelle tout court.
Alors qu'est ce qui ne va pas ?
Réponse : ce qui ne va pas et qui porte l'émission à la limite de l'écoutable, c'est l'infantilisme de cette parole formatée par l'air du temps, saturée par les tics verbaux à la mode. J'écris le mot "mode" sans connotation négative, car il y a des modes bien venues. Il faut le prendre l'expression "à la mode" au sens neutre, non péjoratif, car le péjoratif est à venir : l'invité qui a 35 ans parle de son papa et de sa maman (sic) ; et aussi parce qu'il a collecté des chansons populaires auprès de personnes âgées, forcément pour lui c'est "plein de papys et de mamys" (pitié). Sans oublier au passage la sur-accumulation de "en fait" et de "c'est vrai que".
De là une question : faut-il faire parler les artistes ? Quand leur parole est ainsi truffée de défauts contemporains, avec notamment ici à la tonne du bon sentiment lourdingue ; ou bien quand ils ne peuvent pas éviter de la bourrer de clichés, ou alors quand ils nous glissent en loucedé leurs opinions politiques, en l'absence totale de compétence en la matière mais sur FC ça ne gène pas puisque l'important est que ça soit en accord avec l'idéologie maison sur radio-manipe. Est-ce que ça vaut le coup de les placer devant un micro ? Est-ce qu'on ne gagnerait pas à attendre d'en trouver un autre, qui aurait à-peu-près les mêmes choses à dire mais saurait les dire sans que ça s'enlise dans une telle bouillie ?
J'ai conscience de ce qu'il y a d'injuste, dans une telle critique.
- Pour les militants dont l'intolérance est connue, ça pourrait passer même pour un crime contre leur pensée, et on sait qu'ils ont le coup de fusil facile dès qu'ils ont le pouvoir, fut-il "populaire" et auto-attribué.
- Pour les auditeurs exigeants : ils ne comprendront pas qu'on relève les défauts de quelques invités, en l'occurrence de celui-ci, quand on voit que 2h10 plus tard il y a un producteur régulier, titulaire de son créneau dans la grille du samedi, qui fait encore pire sans que personne y trouve à redire.
- Pour les gens bien élevés et soucieux de rapports pacifiques, une telle remarque est outrageante. Excessivement violente (encore que contrairement à certains, elle ne dépasse pas la violence verbale).
- Pour les forumeurs et les auditeurs soucieux de demeurer dans le cadre de rapports sains, pas trop agressifs (donc presque tout le monde dans ce forum), ces remarques sont encore au-delà du supportable.
- Pour les gens de radio qui se cassent la tête à nous offrir des émissions de qualité, c'est odieux de lire ici comment des auditeurs relèvent des défauts, pas que les défauts, mais si souvent les défauts, ou alors pire : sur cette émission qui est une de nos préférées, on ne se fend même pas d'un mot élogieux par an, mais quand on trouve que ça craint là on le dit et sans prendre de gants. C'est injuste, eh oui. Je ne parle pas des producteurs vaniteux et dépassés par la mise en évidence de leur nullité, qui ne tolèrent pas la critique et nous balancent "vous insultez toute l'équipe" ou "vous n'êtes pas un auditeur de France Culture" (car figurez-vous qu'il y a des brèles qui nous répondent ça), non je parle des gens qui oeuvrent sincèrement et je suppose qu'ils sont largement majoritaires dans cette radio
Eh bien je partage leur avis à tous.
Alors pourquoi je dépose ici un billet aussi négatif ?
./...
Dernière édition par Nessie le Sam 14 Jan 2012, 13:38, édité 4 fois