Sur le site de FC dans la page de réactions, on trouve 2 ou 3 posts qui jouent la félicitation et la justification, dont un qui dit en substance que "c'est inutile de conserver des pages de programme d'émissions qu'on ne peut plus écouter, c'est comme une librairie où on trouverait les couvertures de livres qui ne sont plus mis en vente".
De lire une telle bétise sur le site, -et je parierais que celle-là a été émise en interne- , voila qui en dit long sur l'indifférence de certains à FC envers le public de la chaine, et sur la méconnaissance de son travail et de sa mission. Méconnaissance probable du système tel qu'il existait et qu'on vient de détruire. Méconnaissance certaine de son utilité en général, et ignorance du fait que les bibliographies, programmes et résumés, demeurent usuellement des sources d'information et donc des documents précieux. En outre comme le dit Monk dans un post sur ANPR, cette masse d'info représente des milliers d'heures de travail, et on ne semble pas avoir pensé un instant à la destruction que ça pouvait représenter.
Pour répondre très précisément au post incriminé (ce qui est impossible puisque Gardette effrayé a bouclé la rubrique des commentaires), mais en tenant compte des remarques de ceux qui réécoutent les émissions stockées, on aurait pu même reprendre l'image de la librairie et des couvertures, et dire que la perte définitive d'accès aux pages d'archives serait l'exact contraire de l'argument invoqué : les auditeurs qui ont conservé des émissions enregistrées, classées chronologiquement sur les disques durs (notamment quand le titre des podcasts se réduisent à la date), ont besoin de se reporter au programme. Et jusque là ils consultaient à la fois les sommaires, les titres, les résumés, la composition du plateau, grâce au site de FC. Les priver de cette info, ça revient donc à laisser intacte à chacun sa bibliothèque, mais en retirant d'un coup toutes les couvertures des livres, c'est à dire les titres, le dos qui permet le classement personnalisé, et les infos de la 4eme.
Heureusement, dans la page des commentaires critiques, certains auditeurs posent clairement leur problème : ils voudraient réécouter une fiction qu'ils ont enregistrée l'an dernier, mais sans la page des archives ils sont privés du programme. Ou alors ils ont enregistré il y a quelque temps un débat sur tel sujet, mais sans la page des archives ils ne peuvent plus en retrouver la date, et donc ça ne va pas être commode pour accéder à l'émission stockée sur leur ordi. Je pense que cette façon de réclamer, c'est un assez bon moyen de faire comprendre les choses à des gens qui sont bouchés à l'émeri et n'arrivent pas à se représenter le problème qu'ils viennent de créer.
Car pour comprendre le problème que ça pose, encore faut-il le savoir ou pouvoir le deviner, qu'il y a des auditeurs qui conservent des émissions pour les écouter à leur heure, et pire, les réécouter peut-être après des mois ou des années ! Je me souviens qu'en décembre 99 dans le fameux Pot-au-feu sanglant en public, Jean Lebrun avait balancé à un auditeur qui expliquait comment il se débrouillait pour enregistrer plusieurs émissions, avec des magnéto et des timers : "dites, vous êtes pas un peu malade ? ". S'il est probable que de tels auditeurs-archiveurs sont en minorité, on peut aussi penser qu'avec la généralisation du podcast les émissions sont conservées sinon en masse, du moins avec régularité chez chacun, et que c'est au contraire assez fréquent que des collections se constituent, très probablement par centre d'intérêt ou alors pour certains, leur émission préférée. Et le seul fait qu'on n'ait pas su ou pas voulu en tenir compte, c'est encore le signe que le service public à la française ne marche pas bien.
Enfin il y a les cas des sites et des blogs qui renvoyaient à des pages du programme, et qui maintenant ne renvoient plus qu'à l'affreuse page d'accueil. Sur RFC dans le fil des programmes de Nuits, on en avait quelques unes, donc le dommage est limité. Mais sur le site
Fabrique de sens, c'étaient des centaines de liens, qui renvoyaient aux pages de la Fabrique de l'histoire. La responsable de ce site est furieuse d'avoir vu FC détruire ainsi d'un coup et "joyeusement" sinon des années de travail, du moins tout son tissu de références et de liens. Ce qui se passe avec la mise en place de ce nouveau site, c'est donc en moins aigü mais en tout aussi révélateur, une nouvelle version de ce qu'on avait infligé lors de la rentrée de septembre 99 à un certain type d'auditeur : cette fois encore, le plus fidèle et le plus accroché à la chaine sera le plus malmené.