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Une grande traversée sur Vlad l'empaleur avec ce titre piqué aux tabloïds : « une histoire vraie ».
This is a true story…
Comme c’est à peu près la seule (le seule ?) émission élaborée pour les programmes de fin d’année,  c’est-à-dire pas en direct avec bafouillis approximations et producteur qui rame en espérant arriver à la fin du direct le plus vite possible au secours.
Vlad a déjà fait l’objet de plusieurs émissions, sur France Cu et ailleurs, mais passons… Vlad est un bon client parce que Dracula, parce que ça saigne, le gore est au rendez-vous, donc l’audimat aussi.
Comme c’est une émission pas en direct, donc qui a bénéficié d’un travail de montage, gore aussi, mais passons encore…, la chaîne nous la propose en natte & tif. Donc prochainement à l’antenne. Une pierre deux coups, et même pourquoi pas trois coups quatre coups etc, rentabilisons un maximum le peu de programmes produits pour donner une illusion d’abondance.
Pétard de nom de Dieu j’ai déjà dézingué la big traversade avant même d’en avoir parlé in ze vif du subject. Pas bon ça, pas bon.
Sans surprise, le docu en forme de grand traversin est coulé dans le moule des docu tévé standards produits à la chaîne pour des tévéspectateurs à l’attention papillonnante.
Donc : plein de nappes de musiques qui foutent la trouille parce que c’est Vlad et Vlad il faut qu’on comprenne (il faut toujours que l’auditeur comprenne sans ça il risque de pas comprendre) qu'il fout la trouille, faut éviter le contresens. Si vous mettez une fanfare bavaroise, ça va pas marcher et l’auditeur, eh bien il va pas comprendre.
Les cinq premières minutes se coulent direct dans le moule : farandoles de phrases issues des différents témoignages, la classique mise en bouche, avec à la fin l’annonce du titre et la présentation par le producteur à la voix aussi radiophonique que celle d’un stagiaire de troisième à qui on filerait pour la première fois de sa vie un micro pour qu’il lise son texte dedans.
Le texte de présentation est d’entrée frappé par le sceau du génie. Car après avoir annoncé que c’était a fucking true story, the voice nous dit tout de suite que « la littérature l’emporte sur l’Histoire ». Donc la true story, on sait qu’elle sera moins croquignole que la fiction qui en a découlé. Pas d’bol, on va rester dans la true story parce que c’est le titre.
Au bout de cinq minutes faut donc commencer. Avec le début de la fiche Wiki du Vlad, et le premier spécialiste qui nous décrit le monstre comparé à Ceaucescu. Ce qui est marrant, c’est qu’il faut pas perdre de vue ni d’oreilles que l’auditeur il faut qu’il comprenne. Alors comme dans les docus tévé cités plus haut, la première description par le premier spécialiste est suivie d’une seconde description par un second spécialiste qui va répéter avec ses mots à lui ce qu’a dit le premier spécialiste. Je ne sais pas si vous avez compris, mais il faut que l’auditeur comprenne.
Je précise aussi que pour suivre les canons du genre, les intervenants sont systématiquement coupés au bout d’une poignée de secondes, parce que sans ça l’auditeur il ne comprend plus. Trop d’informations tue l’information. Et l’auditeur n’a qu’un cerveau, et ça il faut le comprendre.
Ah j’oubliais, avant le début du commencement, une annonce vient nous annoncer que ce programme n’est pas conseillé à toutes les oreilles. Il ne faut pas try this at home.
La suite est de l’ordre de l’inécoutable : le but est de faire du sensationnel, et les spécialistes sont doublés par une voix adolescente qui ânonne son texte comme un élève de CM2 réciterait pour la première fois devant la classe une fable de La Fontaine qu’il aurait bien apprise.
Au bout de huit minutes, nous en sommes toujours à Vlad le zig qui fout les chocottes aux marmots. Pour l’ambiance, on balance un max de musiques, des extraits de films en veux-tu en voilà allez prends ça dans tes oreilles, que ça s’agite le plus possible pour masquer le peu de contenu, et des discours qui ne dépassent pas une poignée de secondes comme je l’ai déjà écrit plus haut mais j’avais peur que vous ne compreniez pas.
Impossible de dépasser les huit premières minutes. Il a fallu donc grappiller quelques secondes çà et là dans la suite.
Donc soyons clairs, car il faut que vous compreniez : tout ce qui n’a pas été écouté est positivement passionnant, génial, et follement inventif.
Quelle poisse.

France Culture en 1979 sous la direction (1975-1984) d'Yves Jaigu, la radio culturelle au-dessus de toutes les autres dans le monde ? Sans conteste et à ce moment-là pour encore deux décennies maximum.



Les Nuits de France Culture 07 février 2023.