- A distinguer, un entretien avec Jean Duvignaud, authentique esprit indépendant. Duvignaud était un de ces littéraires formés à la philosophie et auto-transformés en sociologues, bref un type plus pressé de réfléchir que de prouver, et plus doué pour imaginer que pour démontrer. Un créatif donc, il y en avait déjà pas mal, en cette époque où la sociologie n’était pas encore trop envahie par la pesante idéologie. Car si par ailleurs Duvignaud fut un militant, contrairement à bien d’autres ça n’aura pas suffit à bousiller sa sociologie. Cet entretien réalisé en 1975 fut rediffusé en 2008. Dans la copie hélas partielle que j’ai réussi à exhumer il manque le début donc je ne peux rien dire de l’argument. Au moins dans ces minutes rescapées, parmi les voix des 2 intervieweurs j’entends distinctement celle de Georges Perec qui, dans ses années de lycée à Lakanal, avait été l’élève du prof de philo Jean Duvignaud. On sait que ce dernier fut alors l’éveilleur de l’écrivain Perec, une vingtaine d’années avant que les deux se retrouvent associés avec quelques autres dans l’équipe de Cause commune. En fait si on a eu Georges Perec, c’est quand même en partie grace à Duvignaud, ne l’oublions jamais.
- Et puis pour finir le week-end, une fiction de 30’ écrite par Manuela Morgaine et réalisée par Marguerite Gateau. De ce « Ciel électrique », voici ce qu’annonçait l’auteur : « J'ai choisi de travailler sur la foudre parce que celle-ci correspond à la plus intense des énergies et qu'elle est, au sens propre, une véritable onde sonore. Le bruitage tient une place importante puisqu'il s'agit d'emmener l'enfant à revivre le récit de ces nuits d'orages dont se souviennent les survivants. La fiction vient investir un champs dramatique d'expériences sensibles. Il s'agit de mettre en situation les personnages, à l'intérieur d'une mémoire sensorielle. Ce sont "le chasseur d'éclairs", "Féelectricité, "Doctor Zunder"", Z", "Le Sourd", "La Femme au coquelicot", "Pantalon", "Les nuages". C'est ainsi que j'ai tenté d'écrire, en échanges continus avec le véritable chasseur d'éclairs. J'entends des déchirures, des fracas, des coups de tonnerre. Ce foudroiement dont il est question ici engendre un bouleversement de la nature et des corps. Cet assourdissement du sourd, cet aveuglement fulgurant des amants, cet écho et éros clignotant de l'électricité, cette puissance de l'éclair, cette quantité d'éblouissements, sont les champs sonores et les ondes magnétiques que souhaite diffuser "Le Ciel électrique" ». Cette fiction de 30’ réalisée par Marguerite Gateau en 2004 offrira un excellent complément au documentaire de Pascale Lismonde sur la foudre, en avril 1995 pour la Matinée des autres. Ca pourrait être aussi une assez agréable façon de finir le week-end avant de reprendre le casque ou pour certains le boulet que sont les programmes de journée qu’on nous truffe d’actu écopopolitique et sociale, comme si d’ajouter inlassablement de nouvelles couches de triste bétise était le seul ou le meilleur moyen de lutter contre l’attristante bétise de l’époque.
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Dernière édition par Nessie le Sam 16 Jan 2010, 06:07, édité 2 fois