Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Nessie a écrit:Enfin pour la nuit à venir, ça nous donne :

Mercredi 21 mai
01h30 - 01h52 :
Entretiens avec Jean Grenier - n°6 (19 juillet 1968) par Louis Foucher
01h52 - 02h52 :
Notes en voyage - 6e épisode : Kabuki 3e partie : l'acteur, les costumes, le décor (12 aout 80) par Mildred Clary
02h52 - 03h22 :
Un livre des voix - Silvia Baron-Supervielle : La ligne et l'ombre (2 février 1999) par Jean-Noël Mirande. lecture par Sabine Haudepin
03h22 - 04h22 :
Le progrès et la vie - Que nous promet la science pour demain ? (4 novembre 1959) par Paul Sarès
04h22 - 05h02 :
Poésie ininterrompue - Joyce Mansour (5 octobre 1975) par Claude Royer-Journoud

Ensuite de quoi, toujours naïf, Nessie a écrit:Du coup, je reste dubitatif sur le contenu de la nuit suivante, celle du 21 au 22. Certes l'horaire de l'Analyse spectrale est confirmé à la page de programme du site de FC, mais comme le site de FC affiche fréquemment des renseignements erronés, je continue à douter...

J'avais tort doublement : il fallait douter aussi du programme annoncé pour cette nuit du 21. Entre 3h33 et 4h22 l'émission de Paul Sarès a été remplacée par un numéro de "Bureau de poésie" : émission du 27 juin 1970 qui était déjà passée dans les Nuits en avril 2012. Avec André de Peretti.

Nessie a écrit: (...) Enfin pour la nuit à venir, ça nous donne :

Mercredi 21 mai
(...)
01h52 - 02h52 :
Notes en voyage - 6e épisode : Kabuki 3e partie : l'acteur, les costumes, le décor (12 aout 80) par Mildred Clary

France Culture indiquait :
01:57 - 02:52
Notes en voyage - L'univers sonore du théâtre populaire de Edo 6/8 :
Le Kabuki, 3 : l'acteur, les costumes, décors
Par Mildred Clary
Avec Jeanne Sigee
1ère diffusion : 12/08/1980

Elle a commencé à 1h58 ou 1h59 et s'est terminée au-delà de 2h55.  Malgré mes espaces de sécurité, ma captation est tronquée. J'enrage...

@ Philaunet

Il ne faut jamais se fier à l'horaire que FC donne à la minute près. Pour ma part j'ai fini par renoncer à l'espoir de donner des heures exactes. Il faut dire que l'émission qui précède les Nuits, le fameux Eloge du savoir qui est un charcutage de cours du Collège de France (et donc de durée variable) introduit une incertitude supplémentaire avec un flottement de 2 à 5 minutes. Les heures données ici et là (dans la presse, sur le site de FC) diffèrent entre elles et diffèrent aussi de l'horaire réel. Je ne connais pas de moyen de s'en accommoder sinon en acceptant l'inévitable.  

J'ai pris le parti d'indiquer parfois comme début d'une rediff l'heure théorique de fin de l'émission précédente, car les intermèdes musicaux sont imprévisiblement présents ou non. Avec un effet néfaste : ça induit une heure fausse sur la fin de ladite précédente. Par principe, on soigne plus facilement l'heure de début que l'heure de fin, parce qu'on pense au rendez-vous pour l'auditeur plus qu'au cadre de l'enregistrement. Dans certains cas, on constate des marges qui vont jusqu'à 10 minutes (!) de durée ce qui est tout de même incroyable : 10 minutes de battement pour placer une émission d'une heure, ça veut dire un intermède de 5 minutes avant et un autre de 5 minutes après ?

Notre ami Jean (celui qui signe Bardamu sur ANPR) a loupé pas mal d'enregistrements, ainsi en se fiant aux horaires que ce soient les nôtres ou ceux de la chaine. Comme on ne l'a pas entendu casser un vase depuis un ou deux ans, j'en viens à penser qu'il s'est résigné et a aligné son fonctionnement sur celui des auditeurs obsessionnels du programme de nuit qui, eux, ne comprennent même pas la difficulté: ils enregistrent la totalité et font leur découpe après coup. Mais ce sont un peu des malades, dans leur genre (il faut l'admettre).

Les émissions de Mildred Clary n'ont pas encore été demandées ni déposées chez ANPR mais nul doute qu'elles ont été soigneusement archivées par plus d'un habitué de la liste.

Chers forumeurs ferrugineux ou charismatiques, vous trouverez ci-dessous l'annonce du programme nocturne pour la semaine à venir, avec entre autres :

- en seconde rediffusion dans les nuits un Hamlet de 1961 à la riche distribution, pensez donc : Jacques Duby (Hamlet), Gérard Oury (Le roi), Sylvia Monfort (La reine), Edith Loria (Ophélia), Jean Negroni (Horatio), Hubert Deschamps (Polonius), Marcel Bozzuffi (Laertes), Jacques Dufilho (Le fossoyeur), Jean Mercure (Le spectre), Claude Pipélu et Christian Alers
- une miette du fameux programme "Le mystère, la réalité", dû à la volonté d'Yves Jaigu et à la baguette de Gérard-Julien Salvy. C'était à la fin décembre de l'année 1976, une splendide semaine de programmes spéciaux, aussi éloignée qu'on pourrait le souhaiter de l'ambiance lénifiante de la fin d'année, et qui par là offrait un refuge à tous les allergiques au sapin décoré. Les Nuits nous ont déjà offert quelques unes des meilleures pièces de ce programme, avec les 8 épisodes de Franck Venaille intitulés "La réalité en ces lieux". Dans ces 8 soirées spéciales on entendait aussi Catherine Clément encore jeune et Jean Thibaudeau déjà communiste. Gérard-Julien Salvy était à la manoeuvre, signant nombre de pièces. C'est l'une d'entre elles qu'on entendra cette semaine, et ça sera l'occasion d'en dire un peu plus long sur ce très beau programme qui annonçait d'une certaine façon les Nuits magnétiques.

Samedi 24 mai (lire : nuit du 23 au 24 mai)
01h30 - 03h47 :
Hommage à James Joyce (28 octobre 1949) par Pierre Dumayet et Michel Robida. Avec Adrienne Monnier et Betsy Jolas
03h47 - 04h17 :
Images et visages du théâtre d'aujourd'hui - Raymond Devos (28 septembre 1967) par Moussa Abadi
04h17 - 04h47 :
Grandes conférences - Grandeur et misère du Collège de France (4 juillet 1972) par Etienne Wolff
04h47 - 06h12 :
Les chemins de la connaissance - Les berbères, épisodes 1 à 3 (3 au 5 septembre 1990) par Renée Elkaïm-Bollinger
06h12 - 07h00 :
Les rendez-vous de la Rédaction

Dimanche 25 mai Nuit rêvée Philippe Sollers
00h00 - 00h30 :
1er entretien avec Philippe Sollers
00h30 - 00h55 :
Entretiens avec André Breton 3/16 (6 mars 52) par André Parinaud
00h55 - 01h40 :
Pour en finir avec le jugement de Dieu (2 février 48) délire d'Antonin Artaud, présenté par Roger Vitrac
01h40 - 02h15 :
Qui êtes-vous ? - Georges Bataille. Avec Emmanuel Berl, Maurice Clavel, Jean Guyot et Georges Bataille (15 juillet 1951) par André Gillois
02h15 - 03h05 :
Impromptu de vacances - François Mauriac (23 août 65) par Harold Portnoy
03h05 - 03h40 :
2e entretien avec Philippe Sollers
03h40 - 04h10 :
2 Entretiens avec André Malraux : à l'occasion de la publication des antimémoires (27 et 28 septembre 67) par Pierre de Boisdeffre
04h10 - 04h35 :
Démarches - Marcelin Pleynet, Fragment du choeur (21 avril 84)par Gérard-Julien Salvy
04h35 - 05h25 :
Du jour au lendemain - Dans la bibliothèque de Dominique Rollin (2 avril 94) par Alain Veinstein
05h25 - 06h20 :
24 h dans la vie de - Julia Kristeva à l'Ile de Ré (31 juillet 2010) par Colette Fellous
06h20 - 06h29 :
3e entretien avec Philippe Sollers

Lundi 26 mai
00h00 - 01h30 :
Une vie une oeuvre - Stanislas Lem - (16 octobre 2005) par Lydia Ben Ytzhak
01h30 - 02h35 :
Le roman des enfances lointaines - Arielle Dombasle : le Mexique (30 août 1995) par Francesca Piolot
02h35 - 04h35 :
Ca me dit l'après midi - Jacqueline de Romilly (28 octobre 2006) par Frédéric Mitterrand
04h35 - 06h00 :
Les chemins de la connaissance - L'invention du musée (du 26 février au 1er mars 1996), par Stéphanie Katz
1- une naissance révolutionnaire,
2- le musée comme machine de deuil
3- les écomusées ou quand le musée se veut rupture,
4 et 5- la Shoah ou l'impossible muséable

Mardi 27 mai
01h30 - 04h32 :
Carnets de voyage - Les années Liban 1/2 (17 au 19 août 1992) par Sylvie Andreu
1- Retour à Beyrouth,
2- L'âge de la guerre,
3- La reconstruction
04h32 - 05h02
Agora - Henri Plard pour le Journal d'Ernst Junger (16 juillet 79) par Gilles Lapouge.
05h02 - 05h57 :
Sur les Docks - Multidiffusion du jour

Mercredi 28 mai
01h30 - 03h37 :
Carnets de voyage - Les années Liban 2/2 (20 & 21 aout 1992 ) par Sylvie Andreu
4- Le salut par la culture,
5- Le désenchantement de la paix
03h37 - 04h32 :
Prestige du théâtre - Le théâtre document. Avec Michel Bataillon, Gabriel Garran et Denis Bablet (22 juin 1967)
04h32 - 05h02 :
Un poète musicien : Charles-Albert Cingria (22 janvier 54) par Lise Deharme
05h02 - 05h57 :
Sur les Docks - Multidiffusion du jour

Jeudi 29 mai
01h30 - 01h49 :
Le Panorama de Paris-Inter - Un quart d'heure avec Cora Vaucaire (27 mai 1956)
01h49 - 04h29 :
Théâtre : Hamlet (27 avril 1961) de William Shakespeare. Adaptation et réalisation : Claude Mourthé. Musique originale Pierre Zeppilli. Avec Jacques Duby, Gérard Oury, Jean Negroni, Sylvia Monfort, Christian Alers, Jean Mercure, Hubert Deschamps, Claude Piéplu, Jacques Dufilho, Marcel Bozzuffi
04h29 - 05h00 :
Projection privée - Louis Feuillade (18 mars 2006) par Michel Ciment
05h02 - 05h57 :
Sur les Docks - Multidiffusion du jour

Vendredi 30 mai
01h30 - 02h02 :
Les Grandes Conférences - Henri Guillemin : Flaubert tel qu'il fut (17 juin 1957)
02h02 - 02h32 :
1er entretien avec André Pieyre de Mandiargues (13 juin 1973) par Francine Mallet
4e entretien avec André Pieyre de Mandiargues (18 juin 1973) par Francine Mallet
02h32 - 05h02
La musique et les hommes - Pétrarque et la fontaine de Vaucluse ou le temps vécu en flammes (19 juillet 1979) par Michel Bernard
05h02 - 05h57 :
Sur les Docks - Multidiffusion du jour

Samedi 31 mai
01h30 - 02h12 :
Poésie ininterrompue - Claude Minière (23 avril 1978) par Claude Royet-Journoud
02h12 - 02h42 :
Collège des ondes - Nouvelles étrangères : la Russie - 1re partie : mystique et dénigrement (26 septembre 1961) par Alain Bosquet et Harold Portnoy
02h42 - 04h47 :
Atelier de Création Radiophonique - Jean Rouch : Palabres (23 mai 1976) par René Farabet
04h47 - 05h47 :
Les chemins de la connaissance - Les berbères, épisodes 4 & 5  (6 & 7 septembre 1990) par Renée Elkaïm-Bollinger
05h47 - 06h12 :
La réalité, le mystère - Personnes, personnages : Jean-Jacques Schuhl (1er janvier 1977) par Gérard-Julien Salvy
06h12 - 07h00 :
Les rendez-vous de la Rédaction

Nessie a écrit:
- en seconde rediffusion dans les nuits un Hamlet de 1961 à la riche distribution, pensez donc : Jacques Duby (Hamlet), Gérard Oury (Le roi), Sylvia Monfort (La reine), Edith Loria (Ophélia), Jean Negroni (Horatio), Hubert Deschamps (Polonius), Marcel Bozzuffi (Laertes), Jacques Dufilho (Le fossoyeur), Jean Mercure (Le spectre), Claude Pipélu et Christian Alers

Jeudi 29 mai
01h49 - 04h29 :
Théâtre : Hamlet (27 avril 1961) de William Shakespeare. Adaptation et réalisation : Claude Mourthé. Musique originale Pierre Zeppilli. Avec Jacques Duby, Gérard Oury, Jean Negroni, Sylvia Monfort, Christian Alers, Jean Mercure, Hubert Deschamps, Claude Piéplu, Jacques Dufilho, Marcel Bozzuffi.

France Culture ne donne pas la distribution mais précise :
Adaptation Claude Mourthé
Musique originale Pierre Zeppilli
Réalisation Claude Mourthé

Mourthé : qualité garantie, hier comme aujourd'hui.

Philaunet a écrit:France Culture ne donne pas la distribution mais précise :
Adaptation Claude Mourthé
Musique originale Pierre Zeppilli
Réalisation Claude Mourthé

Précision que nous avions mise de même, un peu plus bas à la date de la rediffusion, avant de répéter la distribution.

Eux tout de même, Il faut admettre qu'ils font de sacrés progrès sur le site. Il n'y a pas une semaine où en lisant leur programme, on s'interroge sur ce qu'ils ont dans le cigare.

Par exemple ils annoncent pour la même nuit rêvée de Sapho:
- "Bonnes nouvelles et grands comédiens : Michel Lonsdale lit un texte de Virgina Woolf"
Quel texte ? Ils ne savent pas, ils ne peuvent pas le dire, ils ont la flemme de lire la fiche. Ou bien c'est pas dans la fiche parce que celui qui fait la fiche il s'en fout royal : un texte c'est un texte et basta. Un peu comme le type à qui on voulait offrir un livre et qui avait répondu "Non merci j'en ai déjà un".
(Nous à RegardsFC on cherche et on trouve : le texte lu ce jour là était "La marque sur le mur" on le mettra dans notre programme des nuits - Tout comme on avait mis la distribution et le générique artistique du Hamlet de la nuit à venir.)

Par contre dans la même nuit rêvée Sapho, on peut lire :
- "A voix nue, Jacques Derrida. Avec Jacques Derrida"
Ah bon, voila de l'info : dans le A voix nue de Derrida il y a Derrida. Quelle surprise !

Dernier point, comme dirait Max : dans les Nuit rêvée, on nous indique avec précision la date de diffusion des entretiens qui sont faits spécialement ces nuits là. En clair : les entretiens qui sont là en première et en dernière diffusion sont présentés avec le même canon que les archives sorties de l'INA.

De tout cela, que conclure ?  Que très probablement, les gens qui remplissent cette page sur le site de FC ne s'interrogent à aucun moment sur la pertinence de ce qu'ils mettent en ligne. Soit ce sont des titulaires du service public de la culture et en ce cas on a le regret de déclarer ici que ces gens sont des incompétents et des crétins finis. Soit il s'agit de tâcherons payés au lance-pierre, ou de stagiaires ou d'employés-ateliers-nationaux, qui suivent à la lettre une consigne "Tu recopies ce qu'il y a sur la fiche fais atassion les dates et les noms c'est important coco/cocotte". Mais sans discerner quels noms et quelles dates ont de l'importance, et lesquel(le)s n'en ont aucune.  

Effet qualité : très mauvais.
Et personne pour relire ?
Personne pour remarquer l'effet déplorable ?
Ainsi va France Culture : très mal, médiocre, mal foutu.

Chers forumeurs révérencieux ou problématiques, vous trouverez ci-après le programme des 8 nuits à venir

Et que peut-on vous en dire d'avance ? Eh bien peu de choses et même une seule : qu'avec une des rediffusions de la nuit à venir, FC nous offre l'occasion de lever un coin de nappe sur un de ses meilleurs programmes de jadis. On lèvera donc, mais non sans pester comme à l'accoutumée car sous la nappe il n'y aura qu'une miette d'un formidable gâteau, miette qui semblera délectable à certains et tout de suite avalée à d'autres. Un gâteau ? Une madeleine plutôt, une miette de madeleine, c'est bien peu. De quoi s'agit-il ? D'une interview de Jean-Jacques Schuhl par Gérard-Julien Salvy. La date ? 1er janvier 1977. Quoi, c'est tout ? Ben y a pas de quoi grimper aux rideaux dira-t-on. Eh non peut-être pas, et pourtant...

Et pourtant si, à condition de suivre le fil : cet interview nous arrive sous le titre inhabituel de "Personnes, personnages, par Gérard-Julien Salvy". Les auditeurs qui sont nés à la radio sous les ères Jaigu ou Borzeix se souviennent de ce nom. Et pour la même raison ou presque, les auditeurs de la nuit au moins pendant ces dernières années, ont trouvé parfois dans le programme nocturne l'un ou l'autre numéro de "Démarches" ou de "Photo-portrait". Les premiers de ces auditeurs savent et les seconds devinent que Gérard-Julien Salvy fut bien plus que ce qu'en dit sa fiche wikipédique, qui d'ailleurs n'est guère déshonorante : né en 1946, ancien élève de l'IEP mais aussi ancien étudiant de Roland Barthes puis titulaire d'un doctorat en esthétique ; par ailleurs éditeur sous son propre nom, mais initialement revuiste (avec L'Energumène dès 1972, puis Les cahiers de l'énergumène), Gérard Julien Salvy aura été pendant 20 ans un des intervieweurs au long cours à France culture, tout comme Patrice Galbeau (Rencontre avec), Jacques Paugam (Parti-pris) et récemment Alain Veinstein (Du jour au lendemain). Au long cours : parce qu'il est bien de ceux qui auront travaillé sur la durée en imprimant leur marque personnelle au genre radiophonique de l'interview, un peu comme sur une autre antenne avait su le faire un Jacques Chancel avec Radioscopie.

Dans le même temps, notre homme réalise quelques enfilades d'entretiens mémorables dont une avec William Burroughs. Il produit des séries sur les arts plastiques, comme "La peinture et après" (en 1976). Il participe très tôt aux Nuits magnétiques dont il signera des rubriques ou bien des numéros complets. A côté de son activité radiophonique, il crée Salvy Editions, qui pendant une douzaine d'années va publier de la littérature étrangère : édition soignée, maquette bien reconnaissable qui attire l'oeil immédiatement quand par chance on en trouve un volume aux puces dans un bac posé au sol et par chance assez loin des gouttières, ou bien sur un rayon de la libraire Entropie. Les aventures ayant une fin, Salvy-Editions sera absorbée ou bien sauvée, en tous cas recueillie par le confrère Balland en 1997.

La même année Gérard-Julien Salvy quitte France Culture en même temps que d'autres producteurs, tandis que d'autres personnes encore et tout à fait estimables y gagnaient une place : en automne 1997, la refonte des programmes due à Patrice Gélinet tournait plusieurs pages, dont la page Salvy. L'homme a continué son parcours,comme directeur d'édition et comme auteur, un temps chez Balland, puis chez Gallimard, chez Hazan.  Aux dernières nouvelles l'homme est actuellement réfugié à Venise avec le titre de Consul honoraire. Il y a des exils plus désagréables.

Mais pourquoi cette évocation ?

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Revenons à l'interview de Jean-Jacques Schuhl. Les plus attentifs de nos forumeurs se posent la question : d'où sort ce titre, inhabituel ? L'interview est tirée d'une série exceptionnelle, elle-même insérée dans une semaine tout aussi exceptionnelle. A la fin décembre 1976, pendant 8 jours ou plutôt pendant 9 soirées coupées d'une soirée d'entracte (un opéra retransmis depuis l'Opéra) , France Culture avait offert à son public un programme de fin d'année coordonné et présenté par Gérard-Julien Salvy. A sa façon ce programme annonçait les Nuits Magnétiques : c'était un vagabondage radiophonique quotidien, de 20h à minuit, composé de séquences de durée juste assez variable pour échapper à cet effet de grille dont Yves Jaigu qui était alors directeur, se méfiait comme de la peste. 8 soirées d'une qualité poétique qu'on aura du mal à retrouver aujourd'hui, même à 23h quand viennent les Ateliers du soir prétendûment dévolus à l'inspiration. La seule tranche du programme qui par certains côtés pourrait s'en rapprocher, par l'ambiance, par l'imprévu, eh bien précisément ce sont les nuits de France Culture.

Dans ce programme touffu et varié, il y avait donc les 8 entretiens inhabituels de Gérard-Julien Salvy, sous le titre "Personnes, personnages". Dans le déroulement de chaque soirée ils arrivaient juste après ce qui fut parmi les perles de cette fin d'année : les 8 tableaux de 30 minutes produits par Franck Venaille sous le titre "La réalité en ces lieux". 8 épisodes d'une série inoubliable, que les Nuits de FC nous ont fait connaître il y a de cela 2 ans. Encore plus tôt, juste après l'ouverture, on trouvait aussi une série d'Alain Veinstein : 8 "Histoires d'amours" sous le sceau de l'intensité la plus folle dit-il, qu'il avait tiré en prose et non en vers du nez d'un écrivain chaque soir différent. Pour faire bonne mesure, Veinstein avait ensuite retiré du montage final toutes ses questions, procédé dont il n'est pas l'inventeur mais qui l'honore, et qu'en 2014 d'autres feraient bien de reprendre à leur compte pour soulager un peu nos oreilles.

Dans "Le mystère, la réalité", on trouvait aussi chaque soir en plusieurs épisodes le récit d'un passage à l'opéra de celle qui 30 ans plus tard serait une inoubliable Castafiore radiophonique : Catherine Clément y racontait La flute enchantée, Falstaff, Carmen, Eugène Onéguine, Pelléas & Mélisande. Il y avaient encore bien d'autres merveilles dans ce programme : des numéros uniques confiés à Paule Chavasse, à Michel Cazenave, à Jean-Louis Cavalier. Et en clôture chaque soir, un peu avant minuit, une série thématique de Jean Thibaudeau "Les machines du mystère". Justement celle-là ou plutôt ces 8 numéros là, seraient un cadeau bien venu que pourrait nous faire l'équipe de nuit un de ces jours : Kafka, Alice Carroll, Gérard de Villiers, Gramsci, Matisse, en tout 8 numéros de 18 minutes

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Alors quid de l'intervieweur Salvy ? Il faut y revenir :  

- De 1975 à l'automne 87, Démarches était une interview de 20 minutes, dans un style très semblable à celui qui aujourd'hui caractérise Alain Veinstein : peu de questions, toujours courtes, à la fois très ouvertes et pourtant suffisamment suggestives, orientées. Le contraire de ce que nous fait Laure Adler avec ses questions fréquemment si mal dosées : interminables ou au contraire squelettiques, et donc terriblement fermées ou au contraire tellement imprécises qu'elles n'ouvrent sur rien. Les invités de Salvy étaient principalement des plasticiens, des écrivains et des poètes, mais aussi bien des personnalités des arts appliqués, de la photo, des arts décoratifs, du design. Ce sont des centaines de galeristes, de créateurs ou historiens, qui composent en plusieurs centaines d'entretiens un panorama de la création pendant 20 ans.

- De 1987 à 1996, l'émission changeait de titre et de forme. Photo-portrait, qui prenait la suite, dans la continuité et avec une durée un peu réduite, se voulait davantage une galerie de portraits comme l'indiquait le titre et aussi le sous-titre "La galerie des contemporains". Ouvert par un morceau de Laurie Anderson, ponctué de bruits de déclencheurs de Leica ou de Nikon, séparé en chapitres sobrement et finement intitulés "Profil" ou "Bonne résolution". Pendant ces 10 dernières années Photo-portrait poursuit le travail commencé en 75 : on y retrouve comme invités récurrents ceux qui ont fait l'ambiance des années 80. Pour qui l'ont oublié, aveuglés par le ramdam du début des années 80, la série rappelle opportunément que le mouvement de modernité était lancé nettement avant l'impulsion née de mai 81. L'impulsion était venue de l'effet-Beaubourg.

Et puis, aux premiers temps de ce double cycle, il y eut la parenthèse de "Personnes, personnages", insérée dans "La réalité, le mystère". Ce soir, nous aurons une miette prélevée dans ce coffre au trésor : l'interview de Jean-Jacques Schuhl, alors bien loin de son prix Goncourt. Nous étions ici tout juste un an avant les premiers numéros des Nuits magnétiques (pour mémoire : en janvier 1978 la série New York, Carnet de bal pour un âge d'or). Entre les 26 décembre 1976 et le 1er janvier 1977, dans la partie à lui dévolue du programme "Le mystère, la réalité", Gérard-Julien Salvy accueille pour des interviews dans un format inhabituel : Ben, Renaud Camus, André Courrèges, Jo El Kermarrec, Ghislain Mollet-Viéville, Denis Roche, Philippe Sollers, et le dernier jour Jean-Jacques Schuhl. La série "Personnes, personnages" fut donc une parenthèse dans cette carrière d'intervieweur qui, 20 ou  40 ans après, nous est porteuse d'une singulière nostalgie.

Que reste-t-il de ces 20 années d'interviews ? Eh bien... des centaines d'émissions, on l'a dit. Elles dorment aux archives ou sur des collections de cassettes qui, parfois, nous tombent littéralement du ciel là je n'invente rien et je peux vous dire que ça fait un choc. C'est lourd vous savez, des cartons de cassettes. Après la choc, la surprise : ces centaines d'émissions elles ont vieilli... comme du bon vin. A les écouter massivement, remonte alors ce qu'il y avait de meilleur dans les années 80 : la création. Elles mériteraient bien un programme spécial, à leur tour et en une nuit : 15, 20 numéros à la suite. Chose peu probable hélas ; tout au plus un numéro resurgit de temps à autres dans le programme de nuit. Ainsi ces derniers mois nous avions pu entendre en 2 épisodes Harry Matthews, et en 2 épisodes aussi Frédéric Mitterrand. Ainsi dimanche dernier à la demande de Philippe Sollers, Christine Goémé exhumait un "Démarches" avec Marcellin Pleynet. Je dis "un" parce que Pleynet était des invités récurrents, ceux qui sont passés une ou quelques dizaines de fois dans le studio, parmi lesquels Denis Roche, Franck Venaille, Jean Ristat, Renaud Camus, Valère Novarina, Patrick Mauriès, Bernard Delvaille et combien d'autres ?

L'ensemble conserve le parfum des années 80 : une profusion de créativité, un certain dandysme, une frivolité aussi dont l'intervieweur porte en partie la responsabilité. Il faudra penser à le remercier un jour pour cette vaste galerie, ce Gérard-Julien Salvy qui fut leur compagnon de route pendant ces années où la radio se libère. Années de création, qui ouvrent progressivement la voie au mouvement des radios libres. Oui, remercier Gérard-Julien Salvy, aussi pour son programme de l'hiver 1976, cousin dans l'esprit des Nuits magnétiques. De fait aujourd'hui aujourd'hui un des survivants de cette époque, pas seulement en chair et en os mais dans l'esprit et surtout sur nos ondes préférées, c'est Alain Veinstein. On peut lire dans "Radio Sauvage" tout ce que la radio d'Alain Veinstein et donc la nôtre doit à Yves Jaigu, et aussi dans quel esprit furent lancées les Nuits magnétiques.

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