Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Mercredi 16 décembre
00h31 – 01h36 :
Heure de culture française : l’invention du monde 1ère partie (7 & 14 avril 71) par Jacques Lacarrière
01h36 – 02h11 :
Grandes conférences : Jacques Rueff (8 nov 68)

Jeudi 17 décembre
00h31 – 01h36 :
Heure de culture française : l’invention du monde 2è partie (21 & 28 avril 71) par Jacques Lacarrière
01h36 – 02h11 :
Connaitre le cinéma – L’île nue (24 fév 63) par Jean Mitry

Vendredi 18 décembre
00h31 – 02h01 :
Heure de culture française : l’invention du monde 3è partie (5 & 12 mai 71) par Jacques Lacarrière
02h01 – 02h11 :
Plaisir de la lecture – Jules Laforgue (18 juil 61) par Henri Simon

Samedi 19 décembre
00h31 – 00h56 :
100 ans sur les mers, la Compagnie Transatlantique (6 juin 55) par Roland Dhordain
00h51 – 01h51 :
Entretiens avec Jacques Rueff (2 au 9 janv 68) par François Le Lionnais
01h51 - 02h11 :
Boxe à la Grange aux belles : Baby D. contre Georges Royer (18 sept. 49) par Pierre Bourillon

Ce week-end, bonne série de livraisons pour les auditeurs exigeants : Jacques Rueff au micro de François Le Lionnais ; un lundi de l’histoire de 1969 ; un Poésie sur parole de 1991, le programme nous annonce Marie-Claude Bancquart mais ça pourrait bien être plutôt Marie-Claire qu’on a entendue à PSP et aussi à Métropolitains pour ses livres sur Paris en littérature, quant aux poèmes finalement que ce soit elle ou non c’est plutôt un autre genre enfin on verra ou plutôt on entendra ; il y aura aussi une fiction théâtrale de 1983 choisie par Lucien Attoun, homme au goût sûr ; enfin 2 diptyques documentaires consacrés au cinéma, les deux sont tirés de séries qui nous sont chères :
- Beauviala : évocation et rencontre d’un inventeur du cinéma, Jean-Pierre Beauviala qui à la fin des 70’s apporte un progrès décisif aux caméras portables et ouvre en grand les portes à la caméra pour tous. 2 numéros signés Yaël Mandelbaum, productrice qui donne confiance dans une certaine relève de l’art du documentaire sur France Culture.
- Profil Perdu d’Henri Langlois par Jean-Pierre Pagliano, bon connaisseur des cinémarges : entre autres on lui doit plusieurs numéros des Mardis du Cinéma, et un livre sur Jacques-Bernard Brunius qui est l’homme au Bérait de « L’affaire est dans le sac », lequel fut ensuite un des hommes de Radio-Londres. A part ça on connait au moins un chef d’oeuvre radio de Pagliano : sa série de 1991 sur « Chronique d’un été » où 30 ans après, il cherche et retrouve une bonne partie de l’équipe du film de 1961. Belle série en vérité.

Et puis l’énigme de la semaine, c’est ce soir le face-à-face de légende un certain soir de septembre 1948 entre Georges Royer et Baby Day lequel est alors tout près de ses 25 ans puisqu’il est né le 27 septembre 1923 à Jacksonville comme vous le saviez. N’empêche on se demande un peu ce que ces deux zèbres fabriquaient à la Grange-aux-Belles, Paris Xème, gymnase dont nul n’ignore qu’il est en ce moment même affecté à la vaccination contre la grippe. C’était le 18 septembre soit trois semaines avant le fatidique 9 octobre 48 où Baby a mis une raclée à Georges sur le ring du Palais des Sports de la Porte de Versailles, Paris XVème. Enfin je dis une raclée mais faut pas exagérer quand même c’était aux points hein. Certains me demandent parfois d'où je tire tout ce que je raconte dans ces billets. Pour cette fois la réponse est simple : Georges Royer est mon voisin de palier et comme moi il est né au Blanc-Mesnil ça crée des liens vous savez. Son palmarès est un peu plus lège que celui du Baby (tu parles d’un Baby !) mais tous les deux ont à peu près autant de KO dans la tire-lire qu’à leur actif ça veut dire que ce sont à la fois des sonneurs et des sonnés. A la date du 9 octobre ils sont passés pro depuis déjà 3 ans, mais comme c’est la 10ème rencontre pro pour Georges alors que l’autre en est à sa 30eme on peut dire que l’expérience et la condition physique jouent plutôt en faveur de l’américain et je ne dis pas ça pour réduire le mérite de Baby Day (de son vrai nom Lewis Warren) ni pour dédouaner Georges Royer (de son vrai nom Georges Royer) qui est l’orgueil de tout mon immeuble. Quant au gymnase de la Grange-aux-Belles à ma demande le Docteur Trompette qui vaccine tout le Xème arrondissement a épluché le tableau de présence de l’année 1948 : rien. Mon enquête s’arrête là je sens qu’il y a une erreur de date quelque part il faudrait peut-être envoyer Modiano.

Prochain billet lundi, sauf si je me retrouve au tapis par suite d’une attaque de grippe numérique celle que l'auditeur chope par les écouteurs. D’ici-là je vous conseille d’écouter la radio avec un masque surtout du côté de la Grange-aux-belles c’est plus prudent...

./...

Samedi 19 décembre
00h31 – 00h56 :
100 ans sur les mers, la Compagnie Transatlantique (6 juin 55) par Roland Dhordain
00h51 – 01h51 :
Entretiens avec Jacques Rueff (2 au 9 janv 68) par François Le Lionnais
01h51 - 02h11 :
Boxe à la Grange aux belles : Baby D. contre Georges Royer (18 sept. 49) par Pierre Bourillon

Dimanche 20 décembre
02h05 – 02h20 :
Poésie sur parole – Marie Claude Bancquart (01 oct 91) Prod André Velter
02h20 – 03h45 :
Lundis de l’histoire – Le Vietnam (20 janv 69) Par Denis Richet
03h45 – 04h50 :
Profils perdus : Henri Langlois 1 (03 déc 87) prod Jean-Pierre Pagliano
04h50 – 06h10 :
Surpris par la nuit – Beauviala 1 (2 oct 07) Prod Yaël Mandelbaum

Lundi 21 décembre
01h20 – 03h35 :
Nouveau répertoire dramatique : Sonnette d’alarme, d’Alexandre Boviatsis (13 janv 83) Lucien Attoun & Georges Peyrou
03h35 – 04h40 :
Profils perdus : Henri Langlois 2 (10 déc 87) prod Jean-Pierre Pagliano
04h40 – 06h00 :
Surpris par la nuit – Beauviala 2 (3 oct 07) Prod Yaël Mandelbaum

Well, après un week-end consacré à notre période préférée celle des années Borzeix, dans la semaine qui vient de nouveau les Nuits seront très franchement Oldies (de 1948 à 1977) et comme pour la précédente on croise les doigts pour qu'elles soient Goodies d'ailleurs on n'avait pas été déçus, à condition d'apprécier d'abord les bons vins servis par Hubert Juin ou Jacques Lacarrière, ensuite les introuvables (par exemple les entretiens Jacques Rueff), et puis aussi les photos jaunies de Georges Royer vs Baby Day.

Dans l'ensemble le programme à venir est donc un peu de la même farine, avec entre autres :
- Une nuit de Noël composée un peu comme une nuit de week-end, avec 4h d'anciens dont une fiction "L'assassinat du Père Noël" que le programme attribue à Anita Soler mais qu'on est en droit de supposer adapté de Pierre Véry, auteur du roman et du scénario éponymes. A cette période (1960) Pierre Véry fait partie des auteurs maison à la RTF, ayant inspiré et inité les fameux Maitres du Mystère. Dans son dictionnaire Robert Prot signale la fiction de 1960 comme adaptée par F. Didelot et Gilles Ange, et réalisée par R. Guignard.
- Une relecture de Hugo par Hubert Juin, valeur sure des Nuits
- René Fallet dans "Un livre des voix" chez Pierre Sipriot ça a toutes chances d'être savoureux
- Le lendemain Robert Mallet au micro du même Sipriot ça sera un autre genre mais enfin ça permettra de découvrir la poésie de Mallet, pilier de chez Gallimard et par là bien introduit chez Gide, Valéry, Léautaud d'où ses fameux grands coups de radio (les entretiens avec Léautaud) et d'édition (la correspondance Gide-Claudel, dont il a raconté l'aventure dans "Une mort ambigüe").
- Edgar Allan Poe dans les Lectures du soir en 1956, là on espère la voix de Jean Topart puisque les archives de l'INA en recèlent un enregistrement qualifié d'historique.
- Georges Royer et Baby Day étant aux mains des soigneurs les pains en pleine poire sont remplacés par les coups de jus de Gilbert Bécaud et sa Joie de vivre ça sera tout aussi énergique et populo.
- Une causerie de 1948 sur la poésie : non renseigné par la programme mais à vue de nez on aura la voix de Pius Servient.

Mais surtout, on guettera et pour certains non sans suspense la 4ème livraison de la série de Jacques Lacarrière « L’invention du monde » : épisodes 7 & 8 d’une série commencée la semaine dernière mais qui semble changer de titre (et d’année de référence) à mi-parcours du coup ça commence à sentir soit le rafistolage, soit le mastic dans l’archive ça ne nous empêche pas d’espérer pour la semaine suivante les 2 derniers épisodes puisqu'on nous en a promis 10 au total cela dit on ne sait plus très bien où on en est car lors des rediffs de vendredi par suite d’une interversion de fichiers c’est la désannonce de la livraison 5 qui a clôturé la livraison 3 je ne sais pas si je me fais bien comprendre.

En tous cas c'est une bien belle série, proposée par un bon causeur accueillant des spécialistes bien choisis. De fait, en 1971 c’est quasiment déjà une série des Chemins de la connaissance, tels que Pierre Barbier va bientôt les installer en remplacement de l’Heure de Culture Française. Lacarrière quant à lui est peut-être là dans sa meilleure période, avant l’énorme succès de l’Eté Grec et de Chemin Faisant où on sent déjà poindre la dérive un peu autocentrée qui atteindra le bonhomme dans ses dernières années. En 1971, rien de tout ça : Lacarrière parle simplement et sans affectation, il accueille des spécialistes pour un dialogue érudit. A l’entendre on se dit que nombre d'intellectuels gagneraient à s'inspirer de ce style qui, un peu comme celui de Michel Tournier, réussit à traiter des choses avec sérieux et poésie, tout en conservant un parler direct et simple. Rappel sur les 6 premiers épisodes : Le chaos primitif. Le règne des géants. La fin des monstres. Le ciel visible et invisible . Le soleil (le feu vivant). La lune. Les 2 derniers : Les eaux immortelles. Les assises du monde. En 7 & 8 le programme nous annonce "Déluges" & "Naissance d'un nouveau monde".

./...

Mardi 22 décembre
00h31 – 01h51 :
La joie de vivre d’André Roussin (20 nov 55) par Henri Spade
01h51 – 02h31 :
Un livre des voix - René Fallet, Y-a-t’il un docteur dans la salle ? (4 avril 77) Par Pierre Sipriot

Mercredi 23 décembre
00h31 – 01h31 :
Heure de culture française – L’aventure mythique de l’humanité (17 & 24 mai 72) Jacques Lacarrière
01h31 – 02h11 :
Un livre des voix - Robert Mallet : Silex éclaté (14 fév 77) Par Pierre Sipriot

Jeudi 24 décembre
00h31 – 02h01 :
Relecture de Victor Hugo (17 mars 76) Prod Hubert Juin
02h01 – 02h11 :
Heure de culture française – Horizons ouverts aux vers classiques (04 aout 48)

Vendredi 25 décembre
01h16 – 02h51 :
Fiction : L’assassinat du Père Noël (17 déc. 60) Anita Soler ; Réal. Gilles Ange
02h51 – 04h11 :
La joie de vivre de Gilbert Bécaud (10 juin 56) par Henri Spade
04h11 – 04h11 :
Lecture du soir – Edgar Allan Poe : Une descente dans le Maëlstrom (06 fév 56)

Samedi 26 décembre
00h31 – 01h06 :
Cendres fertiles – Destruction de la ville de Saint-Pierre (9 juin 50)
01h06 – 01h21 :
Ainsi va le monde - Conte Kabyle : Si Yahia le juste (14 mars 50) par Abder Isker
01h21 - 02h11 :
La tribune de l’histoire – Maurice Paléologue, témoin de l’affaire Dreyfus (12 avr 57) par Alain Decaux.

Pour cause de fête les amateurs auront un peu plus de rediff dans le programme de ce week-end, et pour cause non identifiée mais inquiétante, cette fois encore il y aura aussi un peu moins de rediff dimanche puisque semble s'installer l'habitude de laisser la place à un plus de multidiff (càd rediff de la semaine). Ceci pour expliquer certains des trous dans le programme ci-dessous.

Si on retire les trous il y a un peu plus de fromage :
- dès ce soir une fiction de circonstance qui nous permet de retrouver une première fois Pierre Véry avant de l'avoir de nouveau la semaine suivante
- autres fictions : Stefan Zweig par Brigitte Masson c'est tout-à-fait le paradigme Fiction/FranceCulture des 90's. Et un Koltès de 1974 soit bien avant qu'il ne devienne l'icône absolue de la station, de la capitale, et du théâtre branché.
- 3ème partie du poésie sur Parole de Marie-Claire Bancquart. En ce temps-là Poésie sur parole existait en série quotidienne (jusqu'en juin 2005). La semaine du 30 septembre 1991 fut offerte à Marie-Claire Bancquart. Voici le 3ème épisode : L'opéra des limites.
- Une vie une oeuvre de 1985 (Henri Bosco par Françoise Estèbe, une signature qui donne confiance).
- Par dessus tout ça de la lecture, avec Edgar Allan Poe par (peut-être) Jean Topart ; avec un conte Kabyle par Abder Isker une quinzaine d'années avant qu'il ne devienne un des grands réalisateurs de la télé (dans ces temps là il réalise à la radio, par exemple le Vol de nuit rediffusé le lendemin) ; et puis une lecture de Claude Mettra non renseignée par le programme en ligne du site de FC, mais d'après la date il doit s'agir du conte chinois "Le lac des Oliviers", séquence déjà connue et bien agréable vraiment et donc A Ne Pas Rater.

Malgré tout, malgré l'attendue qualité de tout ce qui précède et aussi de ce qui suit, l'impression générale c'est tout de même celle d'un week-end un peu léger en radio peaufinée. Cette semaine encore l'auditeur sera bien nourri en "documents pour servir à l'histoire des médias en France", ainsi de ces reportages des 50's, ainsi encore de cette Joie de vivre qui est, quoi qu'on en dise, du direct. Comment donc, du direct ? Eh oui, et pour la télé, encore ! On me dira que la télé de 1956 n'est pas exactement aussi gnangnan que la télé de 2009, ah ça c'est le bon sens même ! Le problème c'est qu'en écoutant l'une puis l'autre on hésite : un coup celle de 1956 semble plus saine, un coup elle semble encore plus bête. Bon sang mais c'est bien sur, elle a 50 ans d'âge ! Evidemment, on se demande comment ça se fait que "Lectures pour tous" et "Un certain regard" échappent totalement au verdict de niaiserie malgré leurs 50 ans d'âge. C'est une question qu'il faut pas trop creuser si on ne veut pas se faire accuser d'anti-populisme, étiquette qui colle, qui colle, depuis septembre 1999.

Alors justement, de la vieillerie qui gagne à être redécouverte, eh bien en voila, tiens : une causerie de Piaget en 1948 pour l'heure de culture française, ça risque d'être aussi intelligent qu'aride prévoyez un verre d'eau pour faire passer. Et puis en 1956 André Maurois qui parle de lui-même. 2 grands esprits aujourd'hui archi-démodés et donc franchement remisés, qui ne demandent qu'à impressionner par surprise l'auditeur qui ne s'y attendait pas.

./..

Vendredi 25 décembre
01h16 – 02h51 :
Fiction - L’assassinat du Père Noël (17 déc. 60) Pierre Véry ; Réal. Gilles Ange
02h51 – 04h11 :
La joie de vivre de Gilbert Bécaud (10 juin 56) par Henri Spade
04h11 – 04h11 :
Lecture du soir – Edgar Allan Poe : Une descente dans le Maëlstrom (06 fév 56)

Samedi 26 décembre
00h31 – 01h06 :
Cendres fertiles – Destruction de la ville de Saint-Pierre (9 juin 50)
01h06 – 01h21 :
Conte Kabyle : Si Yahia le juste (14 mars 50) par Abder Isker
01h21 - 02h11 :
La tribune de l’histoire – Maurice Paléologue, témoin de l’affaire Dreyfus (12 avr 57) par Alain Decaux.

Dimanche 27 décembre
01h00 – 01h50 :
Fiction – 24 h de la vie d’une femme (13 oct 96) Brigitte Masson
01h50 – 02h25 :
Le monde comme il va – Vol de nuit (11 juil 57) Georges Drouet & Marguerite Tarayre.
02h25 – 02h40 :
Culture française : développement de l’intelligence (8 mars 51) Jean Piaget
04h55 – 06h10 :
A voix nue – Charlotte Rampling 1-2-3 (12 au 14 mai 03) Prod Brigitte Paulino-Neto

Lundi 28 décembre
00h20 – 02h20 :
Fiction – L’héritage (2 déc 74) Bernard-Marie Koltès & Jacqueline Frémy
02h20 – 02h35 :
Poésie sur parole – Marie Claire Bancquart (2 oct 91) Prod André Velter
02h35 – 03h10 :
La parole est à la nuit – André Maurois (7 juil 56) par Jacques Bureau
03h10 – 03h25 :
Poésie anglaise – Emily Brontë (21 mars 49) par Alain Trutat
03h25 – 04h55 :
Une vie une oeuvre – Henri Bosco (27 juil 95)
04h55 – 05h45 :
A voix nue – Charlotte Rampling 4 & 5 (15 & 16 mai 03) Prod Brigitte Paulino-Neto
05h45 – 06h00 :
La face cachée du ciel – Le lac des Oliviers ???? (6 avril 78) Par Claude Mettra

Pour les 3 jours qui viennent, c'est un programme majoritairement venu de la fin des 70's à l'exception du Farabet de 1964 sur Heidegger, peut-être précurseur de ce qu'allait faire Farabet dans l'Atelier de Création Radiophonique quelques années plus tard.

- Un Nuits Magnétiques de 1978 signé Alain Veinstein. A écouter pour confronter avec la théorie du documentaire radio, telle qu’Alain Veinstein l’expose dans cet entretien bien instructif aux pages 8 à 11 du mémoire de Julie Birmant & Sylvie Schirm sur le documentaire à Radio-France . Dans ce même document vous trouverez plusieurs théories du documentaire, dont celle de Kriss et celle de Yann Paranthoën, mais aussi de quelques documentaristes ayant oeuvré dans les 10 dernières années.

- Un Monde contemporain de 1977. Souvenons-nous que les Nuits de FC nous avaient récemment offert un numéro d'A voix nue par Jean de Beer, ce qui avait donné l'occasion de présenter brièvement cet homme de radio mais surtout son émission Le monde Contemporain . Cette semaine les Nuits nous en proposent un numéro, puisé dans la période où FC était dirigé par Yves Jaigu. C'était en 1977 soit 7 ans avant la clôture de l’émission pour laisser place à Répliques.

- Enfin 2 numéros d’Agora avec Martin Flinker (1979) et Pierre Seghers (1978) qui, depuis la résistance et ensuite dans l'après-guerre, fut un personnage central dans l'édition de poésie en France. Emission créée en 1978 nous dit Robert Prot, mais peut-être bien avant car l'INA recense certaines émissions bien antérieures (notamment le même Martin Flinker au micro de Véra Feyder en 1973), Agora était la quotidienne de début de soirée qui occupa pendant plus de 20 ans la tranche 20h30-21h00 actuellement dévolue au feuilleton. On offrait chaque jour à l'auditeur un entretien en face à face, avec un écrivain ou un essayiste, accueilli par un de nos intervieweurs bien connus : Olivier Germain-Thomas, Christian Giudicelli, Roger Vrigny, François Angelier, Gilles Lapouge, et même Philippe de Saint-Robert aujourd’hui toujours en activité mais réfugié dans une autre radio (la même que Jean de Beer) où l'on ferraille quotidiennement contre le méchant marché mondial tout en maintenant vaillamment solides les barricades contre les hordes d’envahisseurs. Malgré la qualité et notamment le prix des Auditeurs en 1994 pour Olivier Germain-Thomas qui coordonnait l'émission, il n’y a pas eu besoin de hordes d'envahisseurs pour liquider Agora à la rentrée de 1999 ; un caprice fut suffisant et effectif. Mais la formule était tellement basique et après tout, déjà ancienne même en 1978, qu’elle revint sinon dans son esprit, du moins dans son principe sous des formes et des titres variables. Et donc aussi avec un non moins variable niveau de qualité et de sérieux, puisque aujourd’hui ce qui y ressemble le plus c’est le « A plus d’un titre » de Tewfik Hakem et Jacques Munier, en quotidienne encore mais 2 x 30’, c’est à dire deux producteurs éminemment sympathiques mais dont il convient de chercher les qualités du côté de la chaleur humaine et de la spontanéité plutôt que de la profondeur ou de la clarté. Parions qu’on pourra jauger cette différence en réécoutant ces deux Agora offerts par les Nuits de FC, 2 numéros qui à première vue sont peut-être un peu arides ou peu flashy. Et donc une excellente raison pour tester ce que savait faire France Culture à la fin des 70’s sous la direction du prédécesseur de Jean-Marie Borzeix : Yves Jaigu, installé à France Culture en 1975 pour notre bonheur, homme venu de la télévision pour y repartir 10 ans plus tard, d’abord à FR3 puis sur la Sept avant de devenir un des 9 à l’origine d’ARTE.

Enfin notons qu’à l’image de la nuit de Noël, la fin de l’année sera l’occasion de nous fournir presque une nuit à l’image de celle du week-end, avec un programme enrichi en émissions puisées dans le fonds INA. Donc rendez-vous de nouveau avec Pierre Véry pour la nuit du 31 décembre, on en parlera ici en temps et en heure.

./...

Mardi 29 décembre
00h31 – 01h01 :
Agora – Martin Flinker (1979) Gilles Lapouge
01h01 – 02h11 :
Nuits Magnétiques – Le surréalisme (23 avr 79) Prod Alain Veinstein

Mercredi 30 décembre
00h31 – 01h01 :
Agora – 3 siècles de poésie classique iranienne (2 oct 78)
01h01 – 02h11 :
Bon anniversaire Monsieur Heidegger (25 sept 64) Par René Farabet

Jeudi 31 décembre
00h31 – 02h11 :
Le monde contemporain – La trahison de l’opulence (12 fév 77) Jean de Beer & Francis Crémieux

Comme jeudi dernier on nous annonce une fin de semaine renforcée en antiquariat pour la nuit de fête, mais aussi -hélas- allégée en bonne rediff d’ancien pendant le week-end pour laisser la place à de la rediff de très récent, ce qui explique la légèreté des récupes possibles dans la nuit de dimanche à lundi. On aimerait que ça ne devienne pas trop une habitude, ou alors qu’on nous rende en compensation des nuits sans ces multidiffusions à 48h, qu’on nous rende les Nuits de jadis qui nous offraient un délicat panachage d’ancien, de récent, et d’antique. Enfin il y a pas mal de choses quand même à écouter et à attraper, qu’on donne ci-dessous dans un certain désordre :

De la radio-Borzeix qu’on ne boudera pas :
- Un Mardis du cinéma par Michel Cazenave en 1994.
- Un Bon plaisir de 1987, celui de Jean Le Poulain. En ce temps là le Bons plaisirs durait 3 heures, cette radio savait prendre son temps pour remplir le nôtre. Aujourd’hui c’est une des pires caricatures des blablateurs du micro qui occupe le crachoir à la place place du Bon plaisir soit le samedi après-midi, et ça pendant 90’ ce qui en fait presque la plus longue émission de toute la grille, misère.

Parmi les veilleries bien intéressantes :
- Avec « Les anciens de Saint Loup », ceux qui ont apprécié l’assassinat du Père Noël et les Disparus de Saint-Agil trouveront Pierre Véry dans une veine un peu différente, la déchargeant pour cette fois de son suspense désuet pour laisser la place à son incurable nostalgie de l’enfance.

- De la lecture : dans la série de Patrice Galbeau qui fait lire de bonnes nouvelles à des grands comédiens, Maurice Teynac lit 2 textes d’Akugatawa, « Le nez » et « L’art merveilleux d’un chat ».

- « Un lacet autour du cou » : fiction sous carte blanche offerte par Lili Siou en1978 à l’auteur de « Léon Morin prêtre » Beatrix Beck. Histoire d’une liberté retrouvée. Avec une belle affiche : Michel Vitold, Edith scob, Denis Manuel

- Les "Archives de la littérature" avec Maurice Fombeure, en 1951 donc il s’agit aussi d'archives pour le futur car à cette époque, il est en pleine activité depuis une bonne vingtaine d'années cet auteur de poésie ironique mais délicate. Tout comme Klingsor avec qui il partage l'amitié de Pierre Menanteau, Fombeure est un de ces membres charmants de la petite académie poétique virtuelle dont les noms sont gravés dans les cerveaux (ou ce qu'il en reste) des écoliers des 50's et 60's. Poètes distingués et charmants dont les pièces les plus faciles mais non les moins bonnes étaient lues au micro de la radio scolaire par quelques grandes voix : Michel Vitold, Jean Topart, François Périer. Toutefois Fombeure vaut mieux que ça : animateur de la poésie dans le Paris bouillonnant dès la fin des années 30, auteur de nombreux recueils à la fois élégiaques et ironiques : "A dos d'oiseau", "Pendant que vous dormez" (il s'en passe des choses pendant que vous dormez...) ; on peut encore en trouver quelques uns jadis réédités en Poésie Gallimard et qui s'empoussièrent sur les rayons des bouquinistes de la première couronne. D'autres pourraient servir de titre pour fustiger la bavardise de France-Culture : Les moulins de la parole, La rivière aux oies, Silence sur le toit. On a plus que rarement l'occasion d'entendre la voix de Maurice Fombeure. Elle est ici recueillie en février 1951 par Michel Droit à la Brasserie Lipp où Fombeure s’est construit à la fois une base stratégique et un nouvel univers qui sera le pendant parisien de son Poitou d’origine.

./..

./..

- A distinguer, un entretien avec Jean Duvignaud, authentique esprit indépendant. Duvignaud était un de ces littéraires formés à la philosophie et auto-transformés en sociologues, bref un type plus pressé de réfléchir que de prouver, et plus doué pour imaginer que pour démontrer. Un créatif donc, il y en avait déjà pas mal, en cette époque où la sociologie n’était pas encore trop envahie par la pesante idéologie. Car si par ailleurs Duvignaud fut un militant, contrairement à bien d’autres ça n’aura pas suffit à bousiller sa sociologie. Cet entretien réalisé en 1975 fut rediffusé en 2008. Dans la copie hélas partielle que j’ai réussi à exhumer il manque le début donc je ne peux rien dire de l’argument. Au moins dans ces minutes rescapées, parmi les voix des 2 intervieweurs j’entends distinctement celle de Georges Perec qui, dans ses années de lycée à Lakanal, avait été l’élève du prof de philo Jean Duvignaud. On sait que ce dernier fut alors l’éveilleur de l’écrivain Perec, une vingtaine d’années avant que les deux se retrouvent associés avec quelques autres dans l’équipe de Cause commune. En fait si on a eu Georges Perec, c’est quand même en partie grace à Duvignaud, ne l’oublions jamais.

- Et puis pour finir le week-end, une fiction de 30’ écrite par Manuela Morgaine et réalisée par Marguerite Gateau. De ce « Ciel électrique », voici ce qu’annonçait l’auteur : « J'ai choisi de travailler sur la foudre parce que celle-ci correspond à la plus intense des énergies et qu'elle est, au sens propre, une véritable onde sonore. Le bruitage tient une place importante puisqu'il s'agit d'emmener l'enfant à revivre le récit de ces nuits d'orages dont se souviennent les survivants. La fiction vient investir un champs dramatique d'expériences sensibles. Il s'agit de mettre en situation les personnages, à l'intérieur d'une mémoire sensorielle. Ce sont "le chasseur d'éclairs", "Féelectricité, "Doctor Zunder"", Z", "Le Sourd", "La Femme au coquelicot", "Pantalon", "Les nuages". C'est ainsi que j'ai tenté d'écrire, en échanges continus avec le véritable chasseur d'éclairs. J'entends des déchirures, des fracas, des coups de tonnerre. Ce foudroiement dont il est question ici engendre un bouleversement de la nature et des corps. Cet assourdissement du sourd, cet aveuglement fulgurant des amants, cet écho et éros clignotant de l'électricité, cette puissance de l'éclair, cette quantité d'éblouissements, sont les champs sonores et les ondes magnétiques que souhaite diffuser "Le Ciel électrique" ». Cette fiction de 30’ réalisée par Marguerite Gateau en 2004 offrira un excellent complément au documentaire de Pascale Lismonde sur la foudre, en avril 1995 pour la Matinée des autres. Ca pourrait être aussi une assez agréable façon de finir le week-end avant de reprendre le casque ou pour certains le boulet que sont les programmes de journée qu’on nous truffe d’actu écopopolitique et sociale, comme si d’ajouter inlassablement de nouvelles couches de triste bétise était le seul ou le meilleur moyen de lutter contre l’attristante bétise de l’époque.

./...