Merci à vous Basil pour ces infos. Et merci aussi d'avoir usé du conditionnel, car si on passe à l'indicatif, la suite de l'histoire rappelle furieusement celle de la feuille de lotus qui recouvre le lac. Par chance il n'y a pas que cela dans ce documentaire de Lydia ben Ytzhak, dont une des qualités est de ne pas se borner à la soupçonnite alarmiste qui intoxique nos médias encore plus sûrement que l'industrie intoxique les abeilles, ou peut-être les affame comme le dit l'apiculteur qui ouvre l'émission. D'ailleurs on peut douter que le public suive avec confiance ce grand racket alarmiste où se conjuguent le sensationnel et le sentimentalisme, au détriment de la rigueur et du factuel. Bref trop souvent, c'est surtout de la passion grimée en raison, et c'est un produit qui rapporte gros. Car le public est là : les lecteurs lisent, les auditeurs écoutent, et mieux que tout, les acheteurs achètent ; si tel n'était le cas, les marchands de frousse seraient depuis longtemps reconvertis dans une autre industrie. Mais les gogos ne sont pas là où on le croit : ces propos alarmistes dont FC se fait depuis 10 ans un actif propagandiste, ils soulèvent plus de questions et de curiosité, que de réponses d'effroi. Il est donc rassurant de voir que le public ne les gobe pas toujours les produits de ce fond de commerce ni les 1001 raisons de se désoler ou de désespérer qu'on nous balance du matin au soir sur cette radio pour capter l'attention de l'auditeur. Et la peur semble plus présente dans les manchettes que dans les têtes sinon dans celle des gens de média eux-mêmes, qui peut-être sont les plus atteints par leur propre racket de la trouille. Sur France Culture certains vont jusqu'à récupérer leur propre industrie de la frousse, par exemple Olivier Duhamel, Michel Alberganti, Philippe Petit qui s'en font ainsi les ardents critiques en même temps que les plus sûrs propagandistes. A l'évidence ils ne sont pas conscients de cette contradiction, qui en dit long sur la façon dont les vices journalistiques sont venus infecter une radio culturelle.
Pour autant, le programme de la
nuit à venir a quelque chose d'idéal pour l'auditeur de FC attiré non seulement par un contenu d'idées, d'infos, et de culture (du moins quand il en reste) mais aussi par les qualités de forme, et précisément par celles du documentaire radio dont la chaîne est ou plutôt était une si bonne pourvoyeuse. Qu'on en juge, avec la prochaine des Nuits de FC :
- Jules Renard en 85 minutes dans une des meilleures séries que nous ait données France Culture : une vie une oeuvre. Produit par Thierry Aveline (signature qui donne confiance)
- nouvelle livraison de 3 épisodes dans une série de documentaires historiques produite pour la grille d'été 2004 : la résistance vue par Aurélie Luneau
- avec cette "fin de la lune de miel", un documentaire certes basé sur l'enquête au présent et même au futur proche, mais en l'additionnant de savoirs, de connaissances, de science et de culture, le tout dans une forme soignée et non sur le mode de la discute entre copains dans le studio. On y entendra donc, en plus du chercheur en biologie, l'anthropologue (Gilles Tétard) l'entomologiste et l'apiculteur (Olivier Darné) qui se met au service de la poésie. En même temps que l'histoire naturelle, on recrute les artisans de la forme radio (c'est une belle réalisation d'Anna Szmuc) ; n'oubliez pas de remarquer l'un ou l'autre enchaînement et même sans trop guetter laissez vous porter par le fonds d'illustration ; écoutez les lectures de Fabre, Von Frisch, Maeterlinck. Pas de doute possible, ce documentaire sort lui aussi d'une des plus riches séries de l'histoire de la chaine : Surpris par la nuit. On est loin au-dessus du reportage d'info un peu racoleur qui en milieu d'après-midi a fait l'O.P.A. sur le créneau du docu à FC.
- et puis un morceau de mémoire radiophonique de 1952 : si la forme est identique à celle du premier volet diffusé hier, c'est un débat d'idées mêlant discussion entre intellectuels, scènes jouées, lectures de grands auteurs. Sans le dire (personne ne le dit jamais, alors soulignons le lourdement) avec cette émission comme avec celle de la nuit précédente, on tient déjà la formule qui fera la réussite de nombre de productions de la chaine, où dans une seule émission se trouvent mêlées idées, culture, création; dans un souci de sérieux et d'esthétique radio. Dans cette Mythologie contemporaine produite en 1952 par Pierre Sipriot avec Pierre Barbier, les Nuits magnétiques sont déjà là, et plus qu'en germe.
J'ai ajouté ce dernier point pour forcer le trait, saisissant l'occasion de signifier à ceux qui ont catalogué ce forum dans la catégorie du passéisme ruminant (ou plutôt ruminateur), que la radio de qualité qu'on y défend n'est pas plus de jadis ou de naguère que de maintenant, mais qu'elle est intemporelle, à la fois d'aujourd'hui d'hier et d'avant-hier. Et que ce forum a été créé moins pour regretter un passé que pour témoigner des qualités du présent. Le projet de RFC demeure le suivant : protester contre la progressive disparition de la culture dans cette radio au prétexte que les urgences de l'actu s'imposeraient au programme.
Quant aux possesseurs d'oreilles de lavabo, qui se sont amusés à incendier partout où ils l'ont pu les rédacteurs de ce forum, je tiens à les rassurer : les nôtres, d'oreilles, continuent à fonctionner malgré le bourdonnement du brouillage organisé. De même que ce fil existe pour renseigner les auditeurs là où le site de France Culture s'en montre incapable. Je m'en tiendrai là pour ce qui est des mauvaises paroles, car j'en ai encore pas mal d'autres en réserve et je préfère les déposer dans d'autres fils du forum. Celui-ci est dédié aux programmes de la nuit, et s'il y a maintenant une urgence, c'est d'y fournir le programme de la semaine à venir. Ca va se faire dans le post suivant, et peut-être, comme pour la "Fin de la lune de miel", quelques commentaires viendront entre le dépôt du programme et la fourniture des émissions de nuit.
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