Philaunet(https://regardfc.1fr1.net/t9p180-france-musique-tous-themes#39881) a écrit:Dans ce forum, on est infiniment tolérant et patient avec France Musique. Pourquoi ? Parce que la comparaison avec France Culture est largement à l'avantage de la station musicale ? Et pourtant. France Musique n'est plus que l'ombre d'elle-même (au regard de ce qu'elle a fait dans les années 1980-2000/2010), voir
ici une brève présentation des différentes directions. France Musique fait actuellement du sous-France Musique, le tandem Voinchet-Grant n'a pas su, voulu ou pu renouveler ses producteurs en visant à conserver la qualité de la programmation. La station passe des CD, fait de la promotion commerciale plus ou moins déguisée et diffuse des concerts grand public avec force publicité.
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De toute façon qui se soucie du niveau de qualité des radios culturelles ? On trouve "tout" sur Youtube dont on peut convertir en audio seul toutes les vidéos. Et puis l'offre de qualité des radios culturelles étrangères, pour qui en connait les langues, suffit à étancher la curiosité et à satisfaire le besoin d'exigence.
France Musique, comme les autres radios de Radio France, est devenue de la radio au rabais. Mais il faut relativiser, parce qu'il est vrai que cette chaîne diffuse de la musique. C'est bête, mais en attendant, c'est mieux que France Culture, qui a laissé dans les 3/4 de ses programmes tomber la culture pour, rappelons-le une énième fois, la recette promo / actu.
France Musique a en son sein plusieurs producteurs de qualité, mais la consigne de la direction pourrit tout : pas de parlote plus de deux minutes à la file, et surtout passer plein de disques, des disques ultra connus, et surtout des disques qui viennent de sortir (come back de la ritournelle actu promo).
Outre ces contraintes, France Musique n'a pas tenu compte des évolutions technologiques de ces vingt dernières années. N'importe quel auditeur voulant écouter de la musique, voulant découvrir des musiciens, des compositeurs, a à sa disposition des sites qui rendent obsolètes les mixtures de France Musique.
Rien que sur YouTube, vous vous faites votre playlist, téléchargez ce que bon vous semble, et gratuitement.
France Musique a tenté de répondre à ces avancées en créant des web radios, c'est-à-dire en faisant la même chose. Mais une radio a-t-elle pour vocation d'être un robinet à musique en continu ?
Deux pistes restent à exploiter afin de rendre toute sa spécificité à France Musique. L'une d'entre elles l'est déjà en partie : la retransmission de concerts enregistrés par les soins de la chaîne. D'années en années, le nombre de concerts enregistrés s'est réduit. Mais il y en a encore, et finalement c'est pas si mal.
Autre piste : la radio, c'est aussi la parole, et l'avoir réduite sous prétexte qu'elle devait faire place à plus de musique est une erreur.
Tout cela pour du racolage radiophonique. Pensez que le samedi matin, la chaîne a réinventé en version classique le fameux "Stop ou encore" de RTL. Les auditeurs font leur programme - illusion d'interactivité, remplissage de grille à peu de frais. Les enregistrements qu'ils demandent, avec un peu de chance, ils les possèdent déjà. Ils peuvent aussi les avoir à dispose sur YouTube gratos et sans passage de plat d'un producteur.
La parole non formatée, sans élément de langage promo ni formule fracassante ni tonitruante, ne serait-ce pas reposant, moins agressif ? Elle existe déjà sur la chaîne, mais elle est réduite. Un producteur n'a que deux minutes maxi pour donner un maximum d'informations avant le passage express du disque. Combien d'émissions écrites, et bien écrites, mêlant récits, explications techniques, et passage d'extraits musicaux adéquats, existe-t-il sur cette chaîne ?
Le peu qui existe : la musique classique pour les nuls (= pour les débiles). Même méthode que France Cu : racolage racolage et racolage, avec des mix d'infos sur des compositeurs que n'importe qui trouve en un clic sur le net.
Et puis aussi d'autres émissions plus personnelles (je pense aux séries estivales de Muraro par ex.), mais qui sont contraintes par ce foutu temps de parole dont il ne faut pas abuser parce que sinon y'a pus d'musique mamma mia pauvre de nous. Il y aurait une inversion temps de parole / passage de disque, l'émission gagnerait nettement en qualité. Surtout qu'avec le podcast, l'auditeur peut écouter l'émission quand il le souhaite, et à tête reposée.
Bref, Radio France actuellement galère encore, près de trente ans après l'apparition d'internet, pour s'adapter à un monde nouveau qui commence quand même à dater un peu.
Par exemple, donner l'heure durant l'émission alors que l'écoute en podcast ou en ligne se généralise, que tout auditeur en flux a l'heure sous la main, et même sous les yeux, quel intérêt ?
Les nouvelles générations grandissent sans la radio, vont directement sur le net sans passer par la case Radio France. Ils y viendront peut-être plus tard....
La recherche d'un public plus jeune est compréhensible, mais vaine, dans un monde médiatique où la musique classique est totalement marginalisée. Du classique sur France Inter, radio "la plus écoutée de France" et de l'univers intergalactique ? Mais Inter va vous dire que y'a France Musique pour ça, pas de ça ailleurs, misère, que tout cela reste dans le ghetto qui lui est réservé.
Donc la musique dite classique devient une langue morte. Entendue nulle part sauf dans les musiques de film pompeuses qui pompent les compositeurs classiques à tout va, elle n'est supportable qu'avec des images qui bougent par dessous.
Une langue morte par le choix des médias qui ont décidé de ne pas en parler parce que ça vend moins. Et à force, faut dire que ça ne vend plus, car le public est formaté pour l'ignorer, voire la mépriser.
La misère culturelle se mesure à la misère médiatique, car seuls les médias - et ils le savent - peuvent influer sur les habitudes d'écoute du public.