Il s'agit d'un documentaire-portrait vieux de 3 ans sur l'architecte Rudy Ricciotti vieux de 50 ans mais qui porte beau. Auteur du film : Laetitia Masson.
Ces deux noms, c'est tout un programme. Laetitia Masson fait partie de ces cinéastes assez régulièrement invités par France Culture mais plutôt chez Arnaud Laporte ou Michel Ciment que dans les séries de Sur les dock "Passeurs de réel" qui préfère servir le plat à son presque homonyme Yann le Masson ou à des Vincent Dieutre. Avec son narcissisme niais et son style neu-neu, avec ses commentaires de post-ado auto-centrée et semi-hystérique, elle vous fera regretter la sobriété de Vincent Dieutre avec qui finalement elle ne partage que l'engagement idéologique à la mode dans les classes cultivées et encore plus dans la classe artistique. De Vincent Dieutre nous parlerons un autre jour dans ce fil (j'ai toujours à mon programme son film sur la maison de la radio - commentaires ici-même bientôt).
Narcissisme : se mettre en scène soi-même, en permanence. Ce prétendu portrait de Ricciotti est en fait le tableau de leur relation dont on ne sait pas très bien ce qu'elle est. Tout au plus on devine ou bien on comprend assez vite, au ton auto-centré, que la cinéaste a flashé grave sur le personnage. Résultat o en apprend surtout sur elle, sur son sentiment, sur son état pré-extatique, sur l'impression qu'elle va donner, ou qu'elle croit donner, ou qu'elle a peur de donner de cette passion naissante, je n'invente rien c'est vraiment de ce tonneau.
Narcissime (bis) : de Ricciotti les auditeurs de Métropolitains et aussi de Hors-Champs savent déjà que derrière ses airs à la Delon c'est un créateur original, un ingénieur imaginatif, un bâtisseur capable de clouer le bec à la bureaucratie , une grande gueule et un séducteur, et par dessus tout ça un mélange de prolétarophilie respectueuse et de gauchisme attardé dont l'idole est le sous-commandant Marcos. Vous voyez le tableau : c'est riche, comme on dit, oh le beau sujet. Mais ça ne suffit pas, alors le documentaire passera une bonne partie de temps et d'image à mettre en scène les états d'âme de la filmeuse ainsi que ses fantasmes sur le corps du bellâtre, dont les architectures je veux dire les constructions pas l'académie auraient mérité une série de 3 x 45 minutes mais si possible pas confiée à une hystérique.
Maintenant que vous n'avez plus envie de voir cette merde, à moi de vous convaincre que ça vaut tout de même la peine :
- Ricciotti parle et soit c'est très con mais on s'en rend compte tout de suite, soit c'est très intéressant et on se dit que oui ça valait la peine de s'enfiler les conneries qui ont précédé.
- Ricciotti au travail : au téléphone, ou in situ (non non Fontaine j'ai pas dit devant le monument Guy Debord), ou dans son agence autour des maquettes. Ici il y a de vrais morceaux de documentaire le problème c'est qu'on peut pas couper le son pour ne plus entendre Laetitia, sinon o n'entend plus non plus le mec, flûte alors.
- Je ne sais plus si on voit son cul. Je veux dire : à Rudy. Et malgré les embrassades finales on ne sait toujours pas s'il se la tape ou si elle a tout rêvé. Clap de fin.
Ma première conclusion : France Culture n'est pas le seul endroit où les documentaristes se touchent.
Ma (deuxième) conclusion : la merde radiophonique que nous sert France Culture n'est pas spécifiquement radiophonique. Elle est en harmonique cohérence avec le courant artistique et intellectuel de notre temps. Pour cette raison le CSA n'y voit que du feu. Par la formule "pour cette raison" je ne veux pas dire que France in-Culture ne se détache pas sur le fond de médiocrité, mais que le CSA participe du même mouvement : la glaciation culturelle qu'annonçait déjà il y a 30 ans un Jean-Paul Aron.
Pour voir ce document, il reste encore quelques rediffs sur TV5monde, ce mercredi à 5h et une autre à 10h05. Atassion ils ne respectent pas trop bien les heures annoncées. Un conseil : programmez large (eh oui, c'est le service public, quoi....).
Finalement il vaut peut-être mieux se contenter de ce
Hors-Champs du 14 mars 2013 avec Rudy Riciotti, disponible en ligne alors que la barrière des 1000 jours est pulvérisée, ce qui signifie que France (in)Culture tient tout de même quelques unes de ses promesses, ouf.