Pour être franc, je n'attendais absolument rien de cette matinale. Je n'ai d'ailleurs pas été déçu, encore que l'épisode révèle une fois encore, mais j'y reviendrai, la mutation (au sens tératologique du terme) des Matins.
Le FN, que ce soit du temps du Cyclope ou de Madame Fille, a toujours été un objet médiatique particulièrement difficile à saisir. Car de deux choses l'une : soit (et c'est le cas de la grande majorité des meneurs de jeu d'entretien ou des journalistes), l'émission est menée sur le monde de la confrontation, et, bien évidemment, c'est un échec, puisque la légitimité anti-élitaire du FN s'en retrouve renforcée. Soit le FN (mais je l'ai rarement lu, vu, ou entendu) est considéré comme un objet politique "objectivé", son discours et ses propositions effectivement déconstruites dans le cadre d'un travail réflexif profond, mais cette fois, c'est le rythme de l'émission qui empêche le débat de se poser, d'autant que les deux générations des Le Pen ont toujours parfaitement su jouer de l'accélération du débat (notamment par la provocation ou la posture agressive) pour éluder une position pédagogique qui serait à dire vrai fort aventureuse pour eux et peu rentable électoralement. Dernier cercle médiatique du FN en voie de constitution, la presse "amie" ou du moins bienveillante, qui n'est plus, et de loin, la presse militante traditionnelle de cette famille politique.
De là, tout s'enchaîne : première position sensible chez Huertas et les autres membres du tour de table = échec. Deuxième position assumée avec un peu plus de courage par Couturier, mais avec une mauvaise préparation d'arguments dépassant son discours libéral classique (dans tous les sens du terme) = échec (dans le cas de Couturier, ce qui est amusant, c'est que c'est souvent lui qui, à l'antenne, adopte un ton qui se voudrait incisif mais qui dérape souvent vers l'agression ou le réquisitoire).
La vraie question que je me suis posée, c'est "Mais pourquoi diable la fille le Pen sur FC ?". Aucun intérêt réel pour chacun des protagonistes, sauf, pour Marine Le Pen, envoyer un signal de "dédiabolisation" supplémentaire, et poursuivre, en ce qui concerne FC, l'oeuvre de normalisation de l'antenne par Poivre Vert vers une radio généraliste vaguement culturelle (j'emploie ici le terme de "normalisation" dans l'acception brejnevienne du mot).
Car c'est bien d'une normalisation, menée tambour battant, qu'il s'agit. Pourquoi toujours plus de politiques (et pas toujours les plus intéressants, en plus), à l'antenne ? Pourquoi la science, les arts -lorsqu'ils n'ont pas une "actualité" à défendre, les humanités sont-ils réduits à une portion congrue de l'émission ? Huertas ajoute-il quelque chose qui fasse sens au bruit de la volière des éditorialistes matinaux ? Couturier peut-il prétendre au cinquième de la capacité à susciter la réflexion de Slama ? (et c'est dire que je ne suis plus guère exigeant en me satisfaisant de Slama...). Sur FC aussi, Le Pen est un symptôme...
Le FN, que ce soit du temps du Cyclope ou de Madame Fille, a toujours été un objet médiatique particulièrement difficile à saisir. Car de deux choses l'une : soit (et c'est le cas de la grande majorité des meneurs de jeu d'entretien ou des journalistes), l'émission est menée sur le monde de la confrontation, et, bien évidemment, c'est un échec, puisque la légitimité anti-élitaire du FN s'en retrouve renforcée. Soit le FN (mais je l'ai rarement lu, vu, ou entendu) est considéré comme un objet politique "objectivé", son discours et ses propositions effectivement déconstruites dans le cadre d'un travail réflexif profond, mais cette fois, c'est le rythme de l'émission qui empêche le débat de se poser, d'autant que les deux générations des Le Pen ont toujours parfaitement su jouer de l'accélération du débat (notamment par la provocation ou la posture agressive) pour éluder une position pédagogique qui serait à dire vrai fort aventureuse pour eux et peu rentable électoralement. Dernier cercle médiatique du FN en voie de constitution, la presse "amie" ou du moins bienveillante, qui n'est plus, et de loin, la presse militante traditionnelle de cette famille politique.
De là, tout s'enchaîne : première position sensible chez Huertas et les autres membres du tour de table = échec. Deuxième position assumée avec un peu plus de courage par Couturier, mais avec une mauvaise préparation d'arguments dépassant son discours libéral classique (dans tous les sens du terme) = échec (dans le cas de Couturier, ce qui est amusant, c'est que c'est souvent lui qui, à l'antenne, adopte un ton qui se voudrait incisif mais qui dérape souvent vers l'agression ou le réquisitoire).
La vraie question que je me suis posée, c'est "Mais pourquoi diable la fille le Pen sur FC ?". Aucun intérêt réel pour chacun des protagonistes, sauf, pour Marine Le Pen, envoyer un signal de "dédiabolisation" supplémentaire, et poursuivre, en ce qui concerne FC, l'oeuvre de normalisation de l'antenne par Poivre Vert vers une radio généraliste vaguement culturelle (j'emploie ici le terme de "normalisation" dans l'acception brejnevienne du mot).
Car c'est bien d'une normalisation, menée tambour battant, qu'il s'agit. Pourquoi toujours plus de politiques (et pas toujours les plus intéressants, en plus), à l'antenne ? Pourquoi la science, les arts -lorsqu'ils n'ont pas une "actualité" à défendre, les humanités sont-ils réduits à une portion congrue de l'émission ? Huertas ajoute-il quelque chose qui fasse sens au bruit de la volière des éditorialistes matinaux ? Couturier peut-il prétendre au cinquième de la capacité à susciter la réflexion de Slama ? (et c'est dire que je ne suis plus guère exigeant en me satisfaisant de Slama...). Sur FC aussi, Le Pen est un symptôme...