Je parcours le menu des émissions, et je tombe sur une émission de Joseph Confavreux dans le Champ de possibles sur la démographie.
Voici le chapeau de l'émission:
Cette année, en 2011, la planète devrait atteindre les 7 milliards d’habitants, pour sans doute dépasser les 9 milliards en 2050, d’après les chiffres issus de la révision 2008 des estimations et projections démographiques officielles des Nations Unies. Cette croissance exponentielle effraye depuis déjà longtemps, mais la prise de conscience accrue des limites de notre monde fini redonne corps et vie à une doctrine que l’on qualifie, parfois et de manière approximative, de « néo-malthusianisme », parce qu’il s’agirait de limiter les naissances de peur de dépasser les ressources disponibles pour nourrir les humains. La crise écologique a relancé l’idée d’une maîtrise de la démographie, mais dès qu’on touche au ventre des femmes, on semble attenter à la liberté humaine et le malthusianisme a, le plus souvent, mauvaise presse. D’abord Malthus s’est trompé en ne voyant pas que les sauts technologiques en matière agricole ont pu nourrir une population en forte augmentation et que les courbes de la démographie et de la production alimentaire ne sont pas linéaires. Ensuite Malthus s’inquiétait avant tout de la croissance démographique des pauvres et ceux qui militent aujourd’hui pour un contrôle de la population sont vite suspects de néo-colonialisme, puisque la croissance démographique mondiale a d’abord lieu au Sud et en Asie. Enfin, Malthus se souciait peu de la répartition des richesses qui est l’argument principal opposé aux inquiets de la démographie : si la planète ne pourra sans doute supporter longtemps notre mode de développement, il est possible de penser un autre développement avant de réfléchir à stabiliser ou réduire la population. Mais la réduction d’une empreinte écologique sans doute de plus en plus insoutenable n’intègre-t-elle pas une variable démographique ? Peut-on croître indéfiniment dans un monde fini ? Que représentent alors ces mouvements qui, au nom de l’écologie, s’inquiètent de l’explosion de la population ? Et alors que le malthusianisme était une pensée conservatrice, que les néo-malthusiens du début du 20ème siècle étaient progressistes, de quel bord sont les néo-néo-malthusiens de notre époque ?
Paul Ariès, aux éditions Les Empêcheurs de penser en rond / La Découverte : La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance.
chez l’Harmattan : Pour sauver la terre, l’espèce humaine doit-elle disparaître ? : De l’humanisme à l’humanicide : les délires terroristes des néo-malthusiens
Francis Ronsin, La grève des ventres, propagande néo-matlhusienne et baisse de la natalité en France, 19è-20ème siècle (Aubin)
Didier Barthès, de l’association Démographie Responsable.Avec Paul Ariès, auteur de "Pour sauver la terre, l'espèce humaine doit-elle disparaître ?", paru chez l'Harmattan et Francis Ronsin, auteur de "La Grève des ventres - Propagande néomalthusienne et baisse de la natalité en France 19e-20e siècles", Paris, Aubier, 1980. et Didier Barthès, de l'association Démographie responsable.
Invité(s) :
Ronsin, Francis
Paul Ariès
Didier Barthès, membre de l'association Démographie responsable.
Et voici mon commentaire:
Il était bon de revenir sur ce sujet, jadis un marronnier et moins traité ces derniers temps. Beaucoup de dimensions de la question démographique n'ont pas été abordées dans cette émissions trop axée sur les doctrines (les néo-malthusiens contre les néo-néo-malthusiens) et pas assez sur les faits. Les sociétés sont prises entre deux peurs, celle de la surpopulation et celle du vieillissement des populations avec les conséquences économiques qu'elle entraîne et la perte de vitalité qu'elle est supposée représenter (voyez que des pays en déclin démographique comme l'Allemagne se portent toujours très bien).
Il est juste de citer la question de la préservation des espèces animales mais il y a aussi la préservation des paysages, également celle de modes de vie traditionnels nomades ou semi-nomades qui exigent beaucoup d'espace.
Quelle idée extravagante et angélique que de croire qu'une population abondante conduira au partage! L'homme n'est pas partageux, il ne l'a jamais été, il ne le sera jamais, c'est le wishfull thinking le plus total. Une seule chose pourrait conduire au partage, c'est la révolution, mais pour qu'une révolution des pauvres contre les riches survienne, vous pouvez toujours courir.
La préoccupation démographique est moindre à l'heure actuelle que du temps où René Dumont faisait sa campagne et où effectivement la situation était paniquante. C'était l'explosion démographique, on allait à la catastrophe. La solution est arrivée toute seule. Dans bien des régions du monde, et là où on s'y attendait le moins, la fécondité a baissé, très fortement, très rapidement, spontanément, sans instructions politiques, sans programmes de réduction des naissances et parfois en dépit de propagandes natalistes insistantes. C'était le cas au Moyen-Orient, dans les pays arabes, dans certains pays d'Asie, en Amérique Latine etc.
Dire que les solutions de contrôle de naissance autoritaires ne sont pas efficaces, c'est faire l'impasse sur la Chine qui n'est pas une petite masse démographique et qui pratique toujours une politique de l'enfant unique très contraignante et qui change la donne au niveau mondial.
La France a une fécondité assez bonne (si on n'est pas malthusien) car elle a été traumatisée par son déclassement économique entre les deux guerres mondiales et par la défaite de 1940. Les thèses affirmant que le déclin démographique conduisait au déclin tout cours ont durablement marqué les esprits.
Dernière édition par Philaunet le Ven 11 Nov 2016, 20:24, édité 4 fois (Raison : corrections)