Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Ce fil se déplacera s'il recoupe des sujets déjà évoqués dans d'autres fils.
Mais vous vous en faites quoi de vos archives radio ? Vous vous créez une journée d'écoute hedomadaire, mensuelle ? Vous n'écoutez plus que vos archives tous les jours ? Vous en faites profiter votre entourage, vos amis ?

Je m'interroge car cette notion d'archives diffusées par FCulture et par l'INA pose quelques questions en plus de celles ci-dessus :
- pourquoi les archives ont-elles un statut particulier (nuits, été) ?
- grâce aux Nuits on peut compléter sa collec' ou juste auditionner, ce sont des archives brutes sans aucune mise en perspective
- pourquoi ce qu'à fait Ph. Garbit deux étés consécutifs (2heures d'archives le samedi + idem le dimanche) pendant 5 semaines consécutives n'existe pas dans la grille actuelle et… dans la journée ?
- Jean-François Remonté a fait ça plusieurs étés de suite sur Inter,
- pourquoi la mise en perspective type "mythologies de poche de la radio" ne peut-elle avoir une case hebdomadaire (semaine ou fin de semaine) ?
- que sont devenues les radios-oueb (c'est comme ça qu'on disait ?) de FCulture "les chemins de la connaissance" et "?",
- cette attitude de relégation des archives ne montre t-elle pas une façon passéiste de faire vivre "la petite encyclopédie de la radio" ?
- l'INA ne risque t-elle pas de s'emparer d'un phénomène de passion individuelle pour en faire une méga-opération mercantile ?
- n'il y a t-il pas un vrai travail de création à faire au présent autour des archives ? et pourquoi les grands 'YAKA" de la Maison Ronde n'exploitent-ils pas avec plus d'inventité les immenses ressources de l'INA ?

Je viens d'écouter dans ina.fr/radio (qui devrait être ajouté dans "nos" liens) une émission de Robert Arnaut, Inter (L'oreille en Coin) sur les plantes médicinales. Ouf ! Quel talent ! Certains producteurs d'Fc pourraient les rediffuser au lieu de s'essayer… ou tout au moins s'en inspirer !

Ceci pour dire que la (re)mise en avant de la qualité et/ou de l'excellence ou de la modestie risque de montrer que le niveau actuel a beaucoup baissé et/ou obligerait à considérer ces archives comme des étalons et là ça ferait encore plus mal !

J'aimerai bien qu'ici on phosphore là-dessus et peut-être qu'on établisse une petite "supplique pour des archives vivantes". (à suivre)

ajout du 5 février
oublié la très bonne émission d'Antoine Perraud "Jeux d'Archives" qui mettait en perspective(s) et mieux donnait envie d'attraper au vol un témoignage et de dérouler un autre fil qui lui-même… (un vrai travail d'archiviste à faire en amateur)

Avant de répondre, il faut signaler quand même que le mot archives est employé ici dans 2 sens distincts :

- il y a ce qui est stocké dans les cavernes des institutions /&/ ce qui est conservé chez les amateurs ayant leur radiothèque perso
- il y a les matériaux collectés par les professionnels (par exemple les interviews avant montage) /&/ et il y a les émissions elles-mêmes, qui sont des produits finis

D'ailleurs ces derniers deviennent à leur tour matériau pour de nouveaux produits, quand on les recycle comme le font Garbit en été, et le reste de l'année Jeanneney, Perraud, Laurentin et aussi Laure Adler qui offre beaucoup d'extraits d'archives dans Hors-Champs, souvent très intéressantes et bien trouvées, même si elle les balance un peu abruptement et sans vraiment amener le truc ...

Cela dit, j'ai quand même des choses à répondre, mais je le ferai plus tard, après que d'autres se seront manifestés.

Une réponse de droit : on peut toujours spéculer sur la mauvaise volonté des individus, voire des institutions. J'ignore pourquoi les archives sont aussi peu mises en valeur. Certainement sont-elles à l'opposé de la mode du commentaire à peine savant de l'actualité. Sans doute requièrent-elles surtout un travail de professionnel auquel certains producteurs n'ont pas été habitué. Mais en fin de compte, cette quête des causes, sans fin, est vaine. Car...

Réponse de fait : je m’accommode très bien de la situation actuelle. J'ai déjà beaucoup de mal à écouler les archives que je récolte avec ferveur. La faiblesse du flux me permet donc de le maîtriser à peu près, même si je guette avec plus d'attention les rediffusions de certaines séries. Un service dédié aux archives retirait à celles-ci le charme des choses rares et peut-être notre fétichisme à leur égard. La rareté a du bon, on ne lit plus guère le second Sartre.

Enfin, la raison pour laquelle je ne vois pas la récupération de notre niche par l'Ina est la faiblesse de celle-là : c'est bien parce qu'on représente peu en terme d'audience qu'on est de plus en plus négligeable. L'émission de l'an dernier consacrée aux anciennes radios, supprimée de la nouvelle grille, montre qu'il y a des initiatives mais qu'elles ne reçoivent pas l'intérêt mérité. On peut se plaindre de la soupe des Nouveaux chemins, regretter l'ancien. On peut aussi ne pas goûter cette soupe, pourvu que la tolérance dont on fait ainsi preuve est présente dans l'autre camp. Le jour où les Nuits seront supprimés, il faudra passer aux choses sérieuses chers amis.E`v

Bardamu a écrit:L'émission de l'an dernier consacrée aux anciennes radios, supprimée de la nouvelle grille, montre qu'il y a des initiatives mais qu'elles ne reçoivent pas l'intérêt mérité.

Vous pouvez préciser. Merci. Nos archives perso "brutes" ne doivent pas empêcher des archives mises en perspective, non ?

fanch a écrit: que sont devenues les radios-oueb (c’est comme ça qu’on disait ?) de FCulture "les chemins de la connaissance" et "?",

Ces radio-web ont été regroupées en une seule : la collection de "Plateformes" qui a son entrée sous ce titre au milieu de la page principale du site de FC. C’est du consultable à la demande, et il n’y a plus de service en flux. le contenu : cours & conférences de diverses institutions, relayées par le site de FC. C’est donc dans le même esprit que les 2 web-radios mais en ont disparu les larges tranches de 4h d’archives INA.

De toutes façons ces tranches INA étaient devenues instockables et à la limite de l’écoutable car hormis le regroupement thématique souvent intéressant, c’était ni fait ni à faire : une voix stupide introduisait l’ensemble, les documents proposés étaient charcutés et enfilés sans présentation ni indication de date, et dans les derniers temps (pendant plus d’une année) le son était saboté par une compression temporelle mal réglée donc il y avait des mots entiers qui sautaient, en échange on avait des scouitch des schlonk et des wraxt (de 1 à 3 chaque minute) jamais entendu un son aussi dégueu même dans le plus antique realplayer version moins 2. Bref : vraiment pas terrible malgré la qualité du choix, sabotée finalement.

fanch a écrit:Mais vous vous en faites quoi de vos archives radio ?

C’est une petite musique, l’histoire du temps qui passe à l’archivage du temps présent dans l’espoir d’y revenir un jour et de redécouvrir par hasard un trésor oublié.
Retenir les flots continus sans pouvoir tout écouler dans le canal auditif est chose angoissante. D’un autre coté, il y a peut être aussi une vague peur de manquer d’eau fraiche, mais il faut avouer que les stocks d’ANPR ont l’air largement inépuisable.
Et explorer les rivages des « grands classiques » (La matinée des autres, L’autre scène…) dans les archives d’ANPR c’est vraiment une expérience redoutable et fabuleuse. En cette période, j’ai presque perdu le présent de France Culture…

Après une première série de réponses, faisons remonter ce fil pour tenter d’accrocher quelques autres contributions. Je réponds sur le seul point qui me concerne : celui de l’auditeur qui possède des émissions enregistrées. Chose que j’ai commencé à faire en 1977.

- La notion d’archives n’est pas opérante pour moi. L’archive est plutôt un truc de conservateur institutionnel.
- La notion pertinente en ce qui me concerne est plus ordinaire : c’est la bibliothèque. En l’occurrence individuelle.
- Il ne me viendrait pas à l’idée quand je vais à la bibli, de dire "je vais aux archives".

- Dans une bibliothèque qu’on appellera donc une Radiothèque (et donc personnelle, merci de suivre) se trouvent des émissions de radio, rangées et disponibles comme le sont des livres, de la musique, des numéros de revue. C’est fait pour être consulté chez soi ou ailleurs, quand le besoin s’en fait sentir, pour le plaisir car il y a du plaisir dans l’écoute radio comme dans la lecture ; ou bien pour le contenu car les émissions radio ont cette propriété inattendue et colossalement étonnante de contenir un contenu.

- Les émissions enregistrées ça voyage aussi de chez un amateur à l’autre. Et très facilement : beaucoup plus que les livres, puisqu’on ne donne aux autres qu’une copie de ce qu’on a chez soi. Que certains alimentent leurs propres collections en profiteurs sans jamais rien donner de la leur, c’est de peu d’importance : l’important est que les collectionneurs aimant partager puissent le faire avec tous y compris avec ceux qui n’ont rien d’autre à donner que leur reconnaissance, qui est déjà une rétribution considérable. L’existence des profiteurs est un épiphénomène où eux-mêmes ne sont d’ailleurs pas si gagnants que ça.

Notez que je ne parle pas ici de ceux qui n’ont pas la possibilité de faire autrement, car avec ceux-là on est content de partager, alors que de partager avec ceux qui ne partagent pas ce qu’ils ont mais seulement ce que vous avez, oui c’est agaçant mais enfin si vous connnaissez des systèmes collectifs sans profiteurs, merci de me dire lesquels moi je n’en connais pas un seul.