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La Fiction à France Culture    Page 42 sur 44

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Philaunet 


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« Crime et châtiment » signé René Jentet - Ven 11 Aoû 2023, 11:32

Un chef d’œuvre réalisé en 1965 par René Jentet :
Curly(https://regardfc.1fr1.net/t196-rene-jentet#38903) a écrit: (...) liens vers les téléchargements de tous les numéros de « Crime et châtiment ».
Dix épisodes de 30 minutes pour cette création à l'interprétation prodigieuse. Un sommet de l'art radiophonique. Les 5e et 9e épisodes qui mettent en scène la confrontation entre  Raskolnikov et le juge d’instruction Porphyre Petrovitch sont d'anthologie.

On se demande qui, en 1965, écoutait ce feuilleton quotidien et dans quelles conditions matérielles. Il faut s'imaginer que tous les acteurs (et auditeurs, probablement) étaient nés dans les années 1930 et avaient donc traversé la seconde guerre mondiale. Cela a forcément un effet sur l'incarnation sensible de la tragédie. On assiste aux combats entre volonté et résignation, illusion et réalité prosaïque, matérialisme et foi chrétienne.

Cette transposition radiophonique fait émerger toute la puissance du roman de Dostoïevski. Rejoignons la génération à l'écoute devant le poste en 1965.

La Fiction à France Culture - Page 42 Scree631


******************

Curly(https://regardfc.1fr1.net/t196-rene-jentet#38903) a écrit: (...) Sur René Jentet, nous avons peu d’informations, mais les documents qui témoignent de l'exigence de son travail demeurent dans les archives (archives papiers & radio).
Il travailla à la radio de 1951 à 1980. Après, il disparut définitivement des ondes.
Caractère apparemment bien trempé, physiquement impressionnant, il ne devait pas être toujours très commode. Le réalisateur Jean Couturier estimait « qu’il régnait en despote » (cf article de I. Omélianenko sur « Les Nuits magnétiques »)
France Culture a consacré une émission en hommage au réalisateur en 2013, déjà signalée plus haut dans ce fil et intitulée  « René Jentet, une vie de radio ». Entre 1981 et 2013 nous n'avons aucune information sur la vie de notre homme, à l'exception de son état de santé.
Auparavant, il y eut une diffusion de « La manade » (1970), amputée d'un tiers. René Jentet aurait certainement apprécié...
L'auditeur, lui, ne peut se contenter pour l'instant que de ces miettes.

Sur le site France Archives, le portail National des Archives, quelques extraits de la page consacrée à R. Jentet :
[i]« René Jentet est né à Paris le 1er décembre 1923. Il meurt le 23 juillet 2013 à Neuilly-sur-Seine.
Après des études classiques, il passe le baccalauréat, première et deuxième parties. En 1946, il s'inscrit à la Faculté de droit de Paris et à Sciences politiques. Il suit en parallèle des cours de musique et de chant. Dès la fin de l'année, il enchaîne les emplois saisonniers et effectue des travaux manuels sur l'ensemble du territoire français.
Il passe le concours de réalisateur pour la radiodiffusion et c'est en 1951 qu'il intègre la Radiodiffusion française (RDF) en tant que réalisateur et responsable des émissions dramatiques à la station régionale de Lyon où il restera jusqu'en 1953. Il revient alors à Paris et devient réalisateur hors catégorie gré à gré.
(…)
Entre 1957 et 1968, il est responsable de la réalisation du protocole franco-italien sur le Terzo Programma de la RAÏ. Il est également conseiller et formateur en audiovisuel pour l'Institut national de l'audiovisuel (INA), notamment dans le cadre de stages destinés aux Africains, et pour l'Université de Corse à Corte entre 1977 et 1980.
(…)
Mis à l'écart de l'ORTF à la suite des événements de mai 1968, René Jentet part aux États-Unis et enseigne la littérature française à Antioch College à Yellow Springs dans l'État de l'Ohio en 1968-1969. Il revient à France Culture en 1970 pour le Festival d'Avignon. Jusqu'en juin 1977, entouré du Groupe de production du studio 114, il multiplie les productions et réalisations, dont certaines de grandes envergures. La collaboration de René Jentet avec Radio France prend officiellement fin le 1er décembre 1980.
(…)
René Jentet pour qui « le moindre cm² d'espace sonore est une dramaturgie complexe » consacre son temps et met son énergie au service d'une composition radiophonique extrêmement calligraphiée et millimétrée. Créateur motivé, voire habité, la radio est pour lui « un travail qui part de l'observation du réel, qui le décode selon sa propre histoire et qui en invente une autre à travers les machines très compliquées qui servent à prendre le son ». Il a néanmoins parfaitement conscience que son écriture exigeante demande de la part des auditeurs une disponibilité particulière. Il regrette également que les préoccupations financières de France Culture interviennent dans les raisons invoquées de sa « mise à l'écart », faisant de lui, pour certains, l'un des représentants d'un âge d'or révolu.
Le journaliste et critique André Alter écrira dans « Télérama » en 1978 : « d'émission en émission René Jentet construit une œuvre qui me paraît d'autant plus importante qu'elle donne corps, d'une façon exemplaire, à une idée vivante de la radio. Il constitue, pour France Culture un répertoire, un fonds d'art radiophonique dont il faut espérer qu'il n'est pas destiné à enrichir la seule phonothèque de l'Institut de l'audio-visuel.
(...)

Curly 

Curly

412
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Calme plat chez les Nattes & Tifs - Ven 15 Sep 2023, 19:04

Aaaaah ! Attention ! Une fiction produite par France Cu ! Marchez pas dessus ! La pôvre ! Déjà qu'y en a pas beaucoup !
                                                   
Après le sinistré Tintin fin août suivi de sa farandole de lectures d’extraits (feuilletons = lecture d’extraits, de plus en plus), et un ex-pode & caste natte & tif (le natte & tif c'est comme le double effet Kiss Cool, il sert deux fois, une fois en natte & en tif, et une fois minimum en fluxe et en refluxe), voici une nouveauté, un natte & tif que vous allez m’en dire des nouvelles.
Vous en avez marre des séries de S-F formatées Net & Flix produites à la chaîne qui se ressemblent et s’assemblent ?
Vous en avez marre, et c’est normal, alors rabattez-vous sur France Cu et son natte & tif du tonnerre. Attendez attendez, je jette une oreille et I'm back soon.

                                                                                                                    [Imaginez ici une pause de dix minutes]                                                                                     

I’m back, et je rétropédale tout de suite. Si vous en avez marre de la S-F à la Net & Flix, laissez tomber, les mêmes ficelles vous attendent mais en audio. Foutu.
Racoler avec les ficelles sur le point de casser tellement elles sont usées est le meilleur moyen d’attirer les consommateurs.
Ne jamais rien inventer, éviter l’originalité, reprendre ce qui fonctionne ailleurs, faut surtout pas prendre de risque. Pas de risque que France Cu crée quelque chose de neuf, non, surtout pas, faut pas, les conseillers en marketing sont catégoriques : faut pas.
La natte & la tif nouvelle formule septembre 23 s’appelle « Fureurs ». Elle est comme d'habitude accompagnée de son illustration discount.

                                                                                              La Fiction à France Culture - Page 42 Oper1967

Heureusement que le titre est écrit sur le site, sans cela nous aurions cru à un nouveau point Metro-Godwin-Mayer, le seul point, avec le G, que France Cu aime toujours titiller.
Alors quelles sont les ficelles rongées de « Führer » « Fureurs » ?
Le futur proche, un jeune héros isolé accepte un djob isolé du moooonde, une règle secrète avec une lumière mystérieuse, un complot, un double féminin du héros qui vit pareil, un trou mystérieux plein de mystère dans lequel une route disparaît (cf l'illustration discount à peine explicite) et qui sent à plein nez le passage dans un univers parallèle, et puis la disparition du double féminin...
Et ce n’est que la « première saison », comme chez Net & Flix.
Vous avez déjà l’impression d’avoir déjà lu, ou vu tout ce micmac, et c’est normal. La « légende angloise du XIIème siècle » qui a inspiré l’auteur inspiré est devenue, en passant dans ses mains expertes, une série Net & Flix audio.
Et puis pour au cas où ça racolerait pas assez, la présentation sert des références tuturelles ultra-usées, comme les ficelles : Miyazaki (que France Cu ne manque jamais de servir à toutes les sauces), « Pierre & le loup » de Prokofiev, Lovecraft.
Vous en avez encore marre ? Pas de panique, ce natte & tif sera bientôt resservi en flux pour boucher les trous des programmes dans lesquels ont été engloutis toutes les émissions culturelles de la chaîne, qui cette année a mis le turbo boost pour ressembler encore plus à la beuglante et creuse France Inter : de la promo, de l’actu, et puis une louche de nattes & tifs originaux pas originaux.
Dans « Führer » « Fureurs », vous retrouverez aussi toute la Ligne Générale de Radio France, c’est-à-dire des trucs que si tu les mets pas, tu vas au gnouf. Je vous les sers pour conclure, accompagnés de la foule de clichés essentiels à toute histoire originale pas originale.
Bonne lecture. Si vous arrivez au bout, c’est que vous ne craignez pas l’indigestion :
Face aux défis environnementaux, sociaux et politiques qui s’imposent à nous
le personnage principal serait lui aussi tenté de fuir la réalité.
illustrer la déchirure entre l’appel de la nature (sa beauté, sa tranquillité et ses dangers) et les forces de la ville (ses désordres, ses tensions et son apparente sécurité)
un monde au bord du précipice qui aurait eu à affronter de grandes vagues de protestations
traumatisme
menace grandissante : le compte à rebours d’une société qui s’apprête à sombrer dans le chaos et précipite la fuite de certains
Si morale il y a, c'est le personnage de Thomas qui la porte : l’ordre des choses peut basculer lorsqu’un individu refuse le déni et accepte d’affronter la réalité, pour le meilleur ou pour le pire.
expérience sonore immersive
drame social
met en perspective des questions plus sociétales comme les « bullshit jobs »,  les lanceurs d’alerte,  le complotisme, ou encore des interrogations environnementales.
un point de vue particulier face à l’ordre établi. Jacques (…) est lui aussi méprisé par sa direction. Lucie, motivée par l’appât du gain, se soumet à cette organisation (…) Ahmed est un contestataire.
Thomas est une figure de la dissidence parce qu’il interroge un système qui ne le permet pas. 
M. Lune, qui possède tous les outils de production, est un héritier à la santé fragile, soumis à de riches clients
accents de fin du monde
réflexion sur l’ordre et les rapports de soumission hiérarchique.

Vous êtes encore là ? Ce n’est plus du courage, mais un sacrifice humain !

P.S.
Je n'arrive pas à retrouver le lien qui mène vers cette grande œuvre. Pour rattraper le coup, je vous en sers un autre.

Philaunet 

Philaunet
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413
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Les Voyages de Gulliver - Ven 15 Sep 2023, 22:22

Ceci est d'une niaiserie sans nom Concert Fiction : "Les Voyages de Gulliver" de Jonathan Swift du dimanche 4 juin 2023. L'investissement humain (il faut voir la page pour le croire) est inversement proportionnel à l'intérêt que suscite l'entreprise. Les dix premières minutes débordent d'imbécillité dans les dialogues et l'interprétation.

On comparera avec "L’Étrange aventure de Gulliver à Lilliput" racontée par François Périer et la Maîtrise des enfants de la RTF [08/10/1958] rediffusé en 2019 et 2020 dans la Série « Nuit des îles ».
En 1958 François Périer était le narrateur de cette adaptation de "L’Étrange aventure de Gulliver à Lilliput" d'après Jonathan Swift, une adaptation signée Philippe Soupault.
Avec

François Périer Comédien

François Périer était le narrateur en 1958 de cette adaptation de L’Étrange aventure de Gulliver à Lilliput d'après Jonathan Swift, une adaptation signée Philippe Soupault.

De Jonathan Swift - Adaptation Philippe Soupault
Interprétation François Périer, Maîtrise de la RTF (Maitrise des enfants) et Jacques Jouineau (chef des choeurs)
Réalisation : Bronislaw Horowicz
Soirée de Paris - L'Etrange aventure de Gulliver à Lilliput (1ère diffusion : 08/10/1958 Paris Inter)
Indexation web : Documentation sonore de Radio France
Archive Ina-Radio France

Curly 

Curly

414
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Othello (26 & 28-02-1970) - Lun 18 Sep 2023, 18:19

Othello de William Shakespeare (recensé dans le billet Radio mémoire du 9 mars 23)
En deux parties :
1- Le mariage à Venise (26-02-1970) durée 1h26
2- La machination de Iago (28-02-1970) durée 1h53
réalisation Georges Godebert
traduction de Christine Lalou
musique originale de János Komivec
chef opérateur du son Jean Jusforgue
enregistrement, mixage et montage Pierre Brau
bruitages et ambiances Jean-Jacques Noël
assistants Alain Masse (?) et Jeanine Cholet (?)
avec Bachir Touré (Othello), Willliam Sabatier (Iago), Ludmilla Mikaël (Desdemone), Loleh Bellon (Emilia), Denis Manuel (Cassio), Bernard Valdeneige (Roderigo), Philippe Moreau (Montano), Louis Arbessier (Brabantio), Maurice Chevit, Raymond Jourdan, Raymond Pélissier (les gentilshommes), Julien Bertheau (le doge de Venise)
et dans la seconde partie : Ginette Pigeon (Bianca), Raymond Pélissier (Gratiano), Gilbert Villon (Lodovico)

Rien à voir avec les fictions de France Cu 2023. Aujourd’hui, outre le choix des pièces, souvent très mauvaises (au ciné on appelle ça des navets), le choix des interprètes pose de gros problèmes. Ces acteurs, il serait dur de les accabler. France Cu prend pour ces fictions, de plus en plus, des élèves d’école de théâtre, qui n’ont que peu d’expérience, qui se font les dents à la radio, tandis que les auditeurs (ceux qui tiennent le coup, parce qu’il faut du courage) subissent douloureusement le résultat.
C’est dire l’estime dans lequel la direction tient ses auditeurs. Ils ne méritent pas d’excellents acteurs, ni de bonnes pièces.
Du remplissage, juste pour être dans les clous au niveau du cahier des charges, histoire de dire que la fiction est présente sur cette radio, à moindre coût. Les auditeurs ? Problème secondaire, manifestement.
Dernièrement et prochainement, les fictions ont accueilli & accueilleront dans leur distribution des apprentis comédiens, qui entourent un ou deux acteurs professionnels. Des travaux d’élèves, qui ne méritent pas une telle diffusion, à moins que France Cu profite de la situation (les élèves sont-ils rémunérés pour leur passage à l’antenne ?) pour remplir des cases fiction déjà fort réduites (en semaine, feuilletons devenus lectures d’extraits la plupart du temps, et le samedi et dimanche soir, souvent des lectures aussi). Remplir le cahier des charges à minima, en se foutant de la gueule des auditeurs qui souhaiteraient écouter des fictions, et qui sont persuadés, faute de comparaison, que la fiction radio, c’est forcément cette bouillie, et qu'il faut se pâmer devant, suite aux articles des influenceurs du Monde et de Téléramou.
Tout ça pour en arriver à « Othello », qui est l’exact inverse de ce qui vient d’être décrit.

L'auditeur pourra apprécier la qualité de l’interprétation, la richesse de la réalisation, la beauté de la musique originale, et je passe, parce que c’est évident, de la pièce elle-même.
La réalisation utilise la stéréophonie pas seulement afin de créer une simple spatialisation, une profondeur de champ sonore, de marquer les déplacements des personnages. Exemple, dans la seconde partie, la scène durant laquelle Othello assiste en cachette, et commente pour lui-même, la discussion entre Iago et Cassio au sujet de Bianca (le quiproquo voulu par Iago veut qu’Othello croie que l’on parle de sa femme), la réalisation crée deux plans sonores différents, d’une part Othello qui commente tout près du micro ce qu'il entend, et de l’autre la discussion plus lointaine, parcellaire, de Iago et Cassio. Ce serait l’équivalent sonore du split screen au cinéma.
Passons sur la musique, qui se superpose peu aux dialogues, et forment des commentaires entre les grandes séquences de la pièce. Le compositeur utilise uniquement l’orgue, les vents et les percussions.
L’interprétation est presque sans faille. L’évolution du personnage d’Othello dans la pièce est remarquablement marquée par Bachir Touré, calme et posé dans la première partie, dont la rage va monter progressivement dans la seconde.
Le reste de la distribution est au diapason, particulièrement William Sabatier (Iago). Son débit est extraordinaire. Capable de faire de brusques accélérations dans ses répliques, de parler à une folle vitesse tout en articulant à la perfection.
Plus discutable, le grand final de Loleh Bellon (Emilia) qui déclame de manière très appuyée et en hurlant presque ses dernières répliques.
Terminons par un autre bémol, qui concerne les bruitages et « ambiances » de Jean-Jacques Noël. Autant les scènes d’intérieur (l’essentiel de la pièce) ne posent aucun problème, autant les extérieurs pèchent par un manque de réalisme. Tout le début à Venise, durant lequel, pour marquer la présence de l’eau des canaux, nous entendons ce qui semble être un remue-ménage dans une bassine, ne tient pas la route.
Le duel Cassio / Montano, toujours au début, avec ces bruits d’épées qui s’entrechoquent de manière répétitive, mécanique, ne donnent évidemment pas l’impression d’un combat.
Mais ces imperfections sont loin d’effacer les nombreuses qualités de cette belle pièce, qui est aux fictions de France Cu d’aujourd’hui ce qu’au cinéma une série A serait à une série Z.

Curly 

Curly

415
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Ça va pas être possible - Ven 29 Sep 2023, 16:04

Les fictions d’la s’maine, un ressassement de ce qui est rabâché dans le reste de la grille, mais avec le label « fiction ».
Les trois casounettes à fiction.
Le feuill'ton d’la s’maine,

                        La Fiction à France Culture - Page 42 Oper2016

Une transcription artistique de paroles « de nombreux personnels hospitaliers ébranlés physiquement et psychiquement par la crise du Covid-19. »
Outre la qualité du sujet, un sujet dont on n’a pas assez parlé et qui mérite qu’on en parle encore sans cesse jusqu’à la fin des temps (Dieu merci, ça ne devrait pas tarder, dixit les prod’ de France Cu pressés d’en finir, et on les comprend), nous goûterons la transcription, le montage et l’interprétation par des acteurs de propos qui prendraient plutôt place dans un documentaire. L'idée est excellente.
La preuve, [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11495-25.09.2023-ITEMA_23487619-2023C3480E0048-25.m4a " debut="20:50" fin="21:57"]

Sam'di fiction d'la s'maine

                     La Fiction à France Culture - Page 42 Oper2018

Les aventures de Geneviève Brisac, trois millième épisode.                                         
Petit aperçu désordonné du résumé des épisodes précédents,

                La Fiction à France Culture - Page 42 Oper2017

À combien d’auteurs la chaîne passe-t-elle commande ? Sans doute ces auteurs se comptent-ils sur les doigts d’une main, et encore cette main doit être amputée de quelques doigts.
Pour faire encore plus d’économie (pas d’montage, rien, du brut de brut), c’est en direct, et la distribution, en plus de l’autrisse, compte pas moins de une actrice (« texte lu par... »).

Théââââtre & Scie d'la s'maine
Le clou d’la s’maine, avec des multi-poly-invités sur la piste du vivant, victimes du syndrome de Bruno de La Tourette qui vivotent sur France Cu toute l’année en attendant l'imminente fin du monde.
Les textes merveilleux sont admirablement interprétés par des élèves-comédiens d’une école de théâtre avec laquelle la précédente direction a négocié pour faire encore plus d’économies dans la case « création radio ». J’entends déjà des oreilles qui trinquent pour fêter ces économies.
Nous pourrons ne pas écouter des extraits de « Météorites » d’Aurélien Barrau, dont le résumé qui est en est fait peut lui-même se résumer à : « Ici, nous sommes ailleurs. »
Un extrait ? Pas de problème, en voici un.

« Et logos de s’ébrouer d’insignifiance devant
la majesté sereine de Maât. Concept se guenille.

   Vous ne comprenez pas… Vous aimeriez la
cohérence… Il vous faudrait un « message »,
peut-être même une « vérification » … Vous ne
comprenez structurellement pas. Vous cher-
chez le vouloir dire qui précède le dire. Vous
êtes métaphysiquement pauvres. La ruine
vous érige.

   La débâcle a des saveurs de triomphe.

   Je vous offre ce réservoir de détournements. »


Nous sommes pressés d’en entendre plus. En fait nous sommes tellement pressés que nous n’aurons pas le temps d’en entendre plus. Ah, la vie moderne et ses aléas… quel dommage...

Puis aussi des extraits « Des nouvelles de l’invisible, à partir de Sur la piste animale de Baptiste Morizot »
Synthèse et prothèse du résumé : « nos relations au vivant et à nos animalités intérieures »
Notre animalité intérieure nous dit que ça va pas être possible.

Curly 

Curly

416
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Le juif errant (1976) - Sam 30 Sep 2023, 10:38

Septembre 2023. L’actualité de France Cu.

                                            La Fiction à France Culture - Page 42 Oper2019

C’est un partenariat, ce n’est même pas de la radio, mais nous supposons que l’œuvre et l’homme seront promus dans quelques programmes promo de la chaîne. France Cu promotionne, et la radio, hein, c’est juste, au mieux, un tuyau à pub.

Mais au fait, nous sommes dans le fil à fiction, et de la fiction radiophonique si possible.
Sur l’indispensable site internet archive, un feuilleton de France Culture : « Le juif errant ».
Vingt-cinq épisodes diffusés du 27 avril au 1er mai 1976.
réalisation Bronislaw Horowicz, adaptation de Maurice Sarfati, que l’on a l’habitude d’entendre à la radio en tant qu’acteur, et au cinéma en tant que doubleur.
Les acteurs sont tous cités sur la page, il y en a beaucoup. Parmi eux : François Vibert, Robert Murzeau, Philippe Clay, Maurice Sarfati, Jean Leuvrais, Jean-Jacques Steen, Med Hondo, Michel Bouquet, Jean Mauvais, Francine Bergé, Catherine Laborde, Catherine Arditi, Jean-Marie Fertey, Maurice Nasil, Linette Lemercier, Patrice Galbeau… bref, la troupe au complet des fictions de France Cu de l’époque, qui fonctionnait à plein régime.
Un seul bémol, la forte compression du son. Mais comme il ne faut pas trop compter actuellement sur la chaîne pour nous diffuser ce feuilleton, car les programmes des Nuits crient de plus en plus la misère, il faudra se contenter de cette version.

Les préoccupations actuelles de France Cu, vous l'avez compris, sont tout autre.

                                La Fiction à France Culture - Page 42 Oper2019

Curly 

Curly

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La vera storia - Lun 16 Oct 2023, 19:02

Le feuilleton de France Cu du 2 au 13 octobre était une adaptation, une adaptation dis-je et écris-je, du roman touffu d’Elsa Morante, « La Storia ».
Rien à voir avec une quelconque actualité éditoriale, non, il y a juste une minisérie françouaize qui va sortir prochainement, mais ça n’a rien à voir. Il existe déjà une adaptation de Luigi Comencini pour la tévé italienne datant du mitan des années 80, mais souate, ouaïlle note.
En tout cas, rien à voir avec l’actu, que dalle, puisque le magnifique articulet téléramé nous vantant sans réserve cette admirable série radio nous explique qu’il a fallu pas moins de quatre années de travail pour que sa divine adaptatrice arrive à bout de son exploit.
Quatre ans !
Les paroles de la divine ont été recueillies délicatement par les plumitifs de téléramouche.
Simonetta Greggio, autrisse de cette adaptation radiophonique majeure, n’est pas une inconnue à France Cu. Elle pointe partout où elle peut, elle vise et ramasse la mise : Grandes Traversades gnagnantes (Woolf, Bardot, Mumu alias Mussolini), invitations à gogo (Tankikoure, Affaires cultureuses, mamates, masteurclasses…).
Depuis 2020, elle tourne dans la grille à plein régime. Non seulement elle tourne, mais en plus elle publie, et en plus d’en plus, elle adapte « La storia ». Giga-énorme.

Il va donc falloir prendre nos oreilles à deux mains, nos oreilles assoiffées de tant de richesses sonores, et les poser délicatement sur cette adaptation flamboyante.
Eh bien c’est comme d’hab', c’est-à-dire comme les dernières adaptations sorties du studio France Cu : un narrateur débite la narration découpée en tranches, et les dialogues du roman sont fatalement joués par des acteurs qui jouent les personnages. Mais comme c’est un roman, la narration à la troisième personne prend les trois quarts de l’espace sonore.
Redécoupage, et choix d'extraits qui privilégient forcément tel aspect plutôt que tel autre, bref, de l’adaptation qui se coule merveilleusement dans le langage radiophonique afin d’en exploiter toutes les richesses. Des richesses que même les meilleurs somnifères ne seraient pas capables de vous apporter.

Pour montrer que quatre années n’étaient pas de trop, voici une retranscription du début de l’adaptation de la première partie.

« Un jour de janvier de l'an 1941, un soldat allemand flânait dans le quartier de San Lorenzo, à Rome. Il connaissait en tout quatre mots d’italien, et du monde, il ne savait presque rien. Il se prénommait Gunther. Son nom de famille demeure inconnu.
Il était environ deux heures de l’après-midi, et à cette heure-là, comme d’habitude rares étaient les passants qui déambulaient dans la rue. Pas un seul ne regardait le soldat, car les Allemands avaient beau être compagnons d’armes des Italiens dans la guerre mondiale en cours, ils n’étaient pas populaires dans certaines banlieues prolétaires. »


Maintenant le passage correspondant dans le roman en v.f., et vous allez apprécier le travail titanesque qu’il a fallu fournir pour passer du roman à l’œuvre radiophonique offerte en pâture aux auditeurs d’avance éblouis, se recueillant à genoux devant l’abnégation et les sacrifices qu’il a fallu faire pour en arriver à ce feuilleton grand format, feuilleton qui a plus à voir avec la fresque radio qu’à des extraits du roman vaguement illustrés par des bruits par ci par là, tralala itou tralala ira.

« Un jour de janvier de l'an 1941, un soldat allemand, jouissant d'un après-midi de liberté, se trouvait seul, en train de flâner dans le quartier de San Lorenzo, à Rome. Il savait en tout quatre mots d'italien et du monde ne savait que peu de chose ou rien. Son prénom était Gunther. Son nom de famille demeure inconnu.
Il était environ deux heures de l'après-midi, et à cette heure-là, comme d'habitude, peu de gens circulaient dans les rues. Aucun des passants, d'ailleurs, ne regardait le soldat, car les Allemands, bien que camarades des Italiens dans la présente guerre mondiale, n'étaient pas populaires dans certaines périphéries prolétaires. »


La suite se déroule, longue et monotone comme les feuilles de la saison qui rime avec monotone, suivant le texte de Morante comme un chien suit son maître. Pendant quatre ans.

Gidouille 


418
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Micro fiction: Elles se marièrent et eurent beaucoup d'emmerdes - Mar 17 Oct 2023, 22:01

Une découverte plutôt jouissive sur Internet Archives : Elles se marièrent et eurent beaucoup d'emmerdes, une série courte de fiction en 5 épisodes écrite par Hélène Le Gal et réalisée par Jean-Matthieu Zahnd.

Premières diffusions sur France Culture : les 12, 13 , 14, 15 et 16 décembre 2011.

L'histoire : "Cendrillon a aujourd’hui 41 ans et suite à une histoire d’adultère, vient de quitter son Prince. Elle se tourne alors vers ses amies, elles-mêmes héroïnes de Contes de fées, elles-mêmes en crise. Il y a « Blanche-Neige », femme de député, débordée par ses nains et délaissée par son mari, « Peau d’Ane », jeune divorcée qui peine à finir sa thèse, « Clochette », vieille fée adepte des gigolos, et « La belle au bois dormant », à la vie gâchée par sa narcolepsie…"

En fait, les épisodes sont également écoutables sur le site de France Culture :

Episode 1 : La rupture

Episode 2 : L' enfer des nains

Episode 3 : La trahison

Episode 4 : Liberté Oléron

Episode 5 : On verra bien

La fiche Inathèque :

La Fiction à France Culture - Page 42 Captur10

Philaunet 

Philaunet
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419
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Y a d'la joie, partout y a d'la joie - Mar 24 Oct 2023, 20:45

Le site de notre radio culturelle nous indique que "Ce texte a été repéré par le Bureau de lecture de France Culture". Ah, il y a un " Bureau de lecture" à France Culture ! Mais quel texte ? Un texte poétique ? Un texte d'imagination ? Voyons : "Un garçon retrouve Buster, son chien, mort sur le bas-côté de la route. (...) l'histoire d'une famille enfermée dans la violence des préjugés culturels et sociaux qui ont condamné leur fils aîné à la fuite et à la dissimulation, et le cadet au mépris, à la lâcheté".

Eh bien voilà quelque chose de pas du tout glauque qui suscite une envie irrépressible d'écoute ! "Ici, ce n'est pas un endroit pour mourir" d'Albert Boronat. Le début interprété avec l'art de la diction contemporaine (celle de FrCu), traînante, vaguement dégoûtée, assaisonnée au synthétiseur pour faire ambiance morbide : [son mp3="https://rf.proxycast.org/e6b3caa7-45c4-4983-8e1e-326cf82b5a9d/11498-22.10.2023-ITEMA_23527737-2023C11356E0063-21.mp3" debut="00:45" fin="03:42"]

Philaunet 

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''Le Daguet'' de Nicole Caligaris (2012) - Mer 25 Oct 2023, 17:19

Cette pièce radiophonique s'écoute avec intérêt : "Le Daguet" de Nicole Caligaris - Dimanche 22 octobre 2023.

Mais, à propos de date, que voit-on donc ici ? "Création sur France Culture, Fictions/Drôles de drames, le 15 décembre 2012". Saperlipopette, France Culture a "oublié" d'écrire que c'était une rediffusion !  

Ambiance réussie de huis-clos, art des comédiens, notamment celui d'Hervé Pierre de la Comédie-Française, deux dialogues parallèles, un mystère. Mise en scène et direction d'acteurs de bonne tenue.

Le début : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11498-22.10.2023-ITEMA_23527737-2023C11356E0068-25.m4a" debut="00:00" fin="07:45"]
Ils se retrouvent dans un chalet isolé sous la neige, en pleine forêt, tous les quatre…!

Le couple plus âgé et le jeune couple. Ils n'ont ni faim ni froid, après leur voyage, ne savent pas trop ce qui s'est passé sur la route et encore moins ce que veut, de l'autre côté de la fenêtre, l'apparition qui semble s'approcher du chalet sans bouger (...).
Nicole Caligaris semble remplir les critères de respectabilité exigés à France Culture en matière d'intérêts : sexualité, guerre, migration, monde du travail dit toxique. Rien de tout cela ne transparaît dans cette pièce.

Née en 1959, Nicole Caligaris est autrice, formatrice et enseignante dans le Master de Création littéraire, à l’université du Havre.  
En 20 ans, Nicole Caligaris a composé une œuvre importante dans laquelle elle ne cesse d’explorer les formes et les genres : romans, fictions théâtrales, romans jeunesse, essais, pièces radiophoniques, récits improvisés sur scène dès 1993.
Son premier livre, Trèfle à quatre, est publié aux éditions Cheyne. Suivent ensuite, au Mercure de France, La Scie patriotique (1997), Les Samothraces (2000) et Tacomba (2000), dans lesquels elle interroge le rapport de l’homme à la guerre, à la migration. Elle rejoint ensuite les éditions Verticales, en 2002, et publie Barnum des ombres et Les Chaussures, le drapeau, les putains (2003), une réflexion sur le travail et le monde du management.
Durant ses années d’études de Lettres à Paris au début des années 1980, elle côtoie Issei Sagawa l’année où il tue une étudiante néerlandaise, puis commet sur sa victime un acte de cannibalisme. Elle entretient une correspondance avec lui et tire de cette expérience Le Paradis entre les jambes, paru en janvier 2013 (Verticales). Son dernier roman, Carnivale (Verticales, avril 2020), dont la narration est composée de multiples récits qui se tressent, se superposent, évoque un monde actuel presque surréaliste.

Curly 

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« Pauvre Bitos ou le Dîner de têtes » (Jean Anouilh, Michel Bouquet, Bronislav Horowicz, 1979) - Ven 03 Nov 2023, 08:43

Pauvre Bitos ou le Dîner de têtes (France Culture, 01-03-1979)
réalisation Bronislaw Horowicz
bruitages Louis Matabon
chef opérateur du son Guy Senaux
avec Michel Bouquet (Bitos / Robespierre), Paul Bissiglia (Franz / Delanoüe), Jo Charrier (Joseph), François Chaumette (Julien / Danton), Roger Mollien (Maxime / Saint-Just), Jean-Pierre Leroux (Deschamps / Camille Desmoulins), Henri Poirier (Brassac / Tallien), Monique Gérard (Lila / Marie-Antoinette), Colette Ripert  ( Amanda / Mme Tallien), Annie Sinigalia (Victoire / Lucile Desmoulins), Jacques Lalande (Philippe / le père jésuite), Philippe Derrez (Vulture / Mirabeau), Pascal Mazzotti (Charles)

Déjà référencée dans un billet « Radio mémoire ».

« Pauvre Bitos » fait partie des « Pièces grinçantes » d’Anouilh.
Elle remplit bien son rôle lors de sa création en 1956, puisqu’elle fit scandale. La pièce invite franchement à faire le parallèle entre l’épisode de la Terreur et celui de l’Épuration au moment de la Libération.

Extraits de l’important article de Catherine Douzou, paru dans l'ouvrage collectif « Mémoires occupées », Presse Sorbonne Nouvelle, 2013.
« Montée au théâtre Montparnasse-Gaston Baty avec une distribution de très grande qualité, Michel Bouquet, Bruno Cremer, Pierre Mondy…, dans une mise en scène de Jean Anouilh lui-même et de Roland Pietri, la pièce a connu un grand succès : on décompte trois cent huit représentations. Mais aussi, elle a suscité une large polémique, qu’avait anticipée Anouilh. Celui-ci avait prévenu Michel Bouquet, alors au tout début de sa grande carrière, qu’il allait au « casse-pipe ». De fait, les témoignages racontent que, dès la « première », la salle, silencieuse, ne réagit à la fin que par de faibles applaudissements. Mais, à la sortie, des spectateurs se battent ; puis la réaction de la presse est virulente, accusant notamment l’auteur d’avoir « donné une claque à la Résistance »
(…)
Anouilh déstabilise les jugements du spectateur en recourant à une dramaturgie qui rend difficile de tenir une position ferme tant en ce qui concerne les personnages de la pièce que les enjeux politiques qu’ils incarnent.
(…)
les personnages extrémistes sont les plus antipathiques, tandis que deux autres, plus modérés, l’aristocrate Vulturne et l’instituteur Deschamps, ancien résistant, attirent davantage la sympathie. On constate alors que celle d’Anouilh pour ces personnages ne vise pas à favoriser un parti politique ou une classe sociale mais qu’elle repose sur la dimension humaine de ces personnages, qui sont tous deux écœurés par le traitement infligé à Bitos. Nul doute que ce trouble généralisé n’ait favorisé la difficile réception de cette pièce.
(…)
Pour être prompte à créer la confusion chez le spectateur, la pièce n’en propose pas moins un tableau partiellement biaisé sur le plan historique. Sa volonté de faire de Pauvre Bitos une violente satire contre l’Épuration conduit l’auteur à des distorsions historiques. Certains traits de la peinture sont réducteurs, comme celui qui associe origine sociale populaire et Résistance. Surtout, l’assimilation de l’Épuration à la Terreur est quelque peu abusive
(…)
 En fin de compte, cette France d’après Vichy émane d’un auteur qui veut avant tout condamner l’Épuration et défendre le créateur et le poète contre le pouvoir politique. On sait qu’Anouilh a donné quelques textes à Je suis partout, à La Gerbe, sous l’Occupation
(...) Il use pour cela d’arguments utilisés par les collaborateurs et leurs avocats, comme celui qui consiste à établir la légende noire de l’Épuration dont les massacres seraient comparables à ceux de la Terreur. Mais au-delà des déformations partisanes relevant de la subjectivité d’un auteur dont les idées sont proches de celles de l’extrême-droite ou qui fait preuve pour le moins d’une approche réactionnaire de l’Histoire récente, son théâtre saisit avec justesse certaines reconfigurations de l’après-Vichy et les transformations sociales de l’après-guerre, qui sont peut-être, cette pièce en atteste, aussi douloureuses à accepter pour certains que le passé récent du pays. »

La pièce fut à nouveau montée en 1967, toujours avec Bouquet, sans manifestement créer de scandale cette fois-ci, en témoigne l’article, paru à cette occasion dans Le Monde, signé Bertrand Poirot-Delpech.
En 1979, Michel Bouquet reprend son rôle de Bitos pour cette version radiophonique.
L’ensemble de la distribution est plus que parfaite, mais c’est le numéro de Michel Bouquet qui suscite le plus d’intérêt (d’admiration pourrait-on préciser).
Durant la première moitié de la pièce, nous assistons à l’arrivée progressive des invités ainsi qu'à un dîner organisé par un certain Maxime, qui invite ses anciens camarades de classe pour jouer un tour à l’un d’eux, Bitos. Alors que tous appartiennent à l’aristocratie, Bitos, ancien résistant, est fils de blanchisseuse (blanc / pureté / épuration), et à vouloir toujours mieux faire que les autres, il en est venu à se faire détester, surtout en devenant un magistrat intraitable. C’est la partie consacrée à l'Épuration...
Maxime, dans ce repas de têtes (seule la tête est « costumée »), Bitos doit être le dindon de la farce. Le ton monte, un coup de feu à blanc est tiré, Bitos tombe dans les vapes. Il y vit des moments de la vie de Robespierre.
Dernière partie : réveil de Bitos, retour au repas. Les protagonistes font la paix, autour de nombreuses bouteilles d’alcool. Cette paix n’en est en fait pas une, Maxime et ses amis, après avoir saoulé Bitos, décident de l’humilier une bonne fois pour toutes en l’emmenant dans une boîte « olé olé ».
Finalement, la femme à qui il avait fait sa demande en mariage et qui l’avait éconduit a pitié de lui (« Pauvre Bitos »), et lui révèle le pot aux roses. Bitos s’échappe in extremis par la porte de la cuisine, en promettant d’être toujours plus intraitable par la suite, surtout avec la femme qui vient de le sauver.
Le personnage de Bitos passe par suffisamment d’états différents durant la pièce pour fournir à un acteur de quoi faire preuve de virtuosité. C’est la cas dans cette version radiophonique.

Plusieurs décennies après sa création, la pièce reste grinçante, et même très noire.
Au début, le public, qui aime toujours s’identifier aux personnages qu’il suit, est avec Maxime et ses amis. Puis, cela se brouille, et à la fin, Bitos, même s’il reste ce qu’il était au début, se charge d’humanité, alors que les autres convives, qui l’attendent dans la voiture pour l’emmener dans du « olé olé », deviennent définitivement détestables.

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