Nessie
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Si ma mémoire ne me trompe pas, c'était un propos échangé lors d'une discussion avec Jean-Luuc : nous avons ici un fil "Radio et littérature" ou bien "Bouquins et radio" je ne sais plus. Pourquoi pas un sujet "La radio au cinéma".
Si elle est moins présente au cinéma que ne l'est la télévision, la radio tient toutefois sa place dans certains films où elle peut servir de cadre épisodique à une scène d'intérêt secondaire (le héros ou l'héroïne travaille à la radio). Dans des histoires policières on l'a vue fournir un alibi ou même être le vecteur du crime. Parfois outrepassant sa position d'accessoire narratif, elle devient le sujet central du film : dans certains cas au service de la nostalgie ('Radio days'), dans d'autres comme révélateur social dans des productions satiriques ciblant directement l'univers des médias. De ce dernier cas nous avons à portée de mémoire le premier film produit et réalisé par Jean Yanne (Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil) dont la diffusion à la télé avait déclenché une immédiate démission de Daniel Hamelin. Il n'est pas interdit de rêver à une nouvelle diffusion de ce film dont le propos n'a pas vieilli, bien au contraire ; y rêver en espérant qu'après s'y être reconnus sinon eux-mêmes du moins les traits principaux de leur corruption morale, les producteurs de France Culture démissionnent en masse.
Quoi qu'il en soit, essayons ici une première liste.
Elle sera amendée au fil des contributions :
- Play 'Misty' for me
- American Graffiti
- Tandem
- Fréquence meurtre
- Radio-corbeau
- The king of Marvin Gardens
- Un homme dans la foule
- Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil
- Radio days
- Good morning Vietnam
- Question de vie ou de mort (suspense néo-réaliste, production du cinéma Nasserien)
- Sur le banc : adaptation de la série radio avec Jeanne Sourza et Raymond Souplex
- Les Duraton (plusieurs nanars concurrents inspirés du pré-soap-opera de Claude Vital, et même plusieurs suites pour exploiter le personnage de Piédalu joué par Ded Rysel)
Et ci-après pour le premier post, accordons les honneurs de l'ouverture à un fameux nanar du cinéma français : "Nous irons à Paris"
Dernière édition par Nessie le Mar 22 Nov 2016, 01:43, édité 9 fois
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Eh oui à quoi ça sert que Jean-Luuc se décarcasse, si on n'en profite pas pour le créer ce fil, en commençant par son message :
Jean-Luuc(https://regardfc.1fr1.net/t8p240-les-ressources-culturelles-sur-internet#27332) a écrit:Claude-Jean Philippe (1933-2016) était interrogé par Carole Desbarats en 2012 pour
À voix nue (rediffusé en septembre 2016). Dans le
quatrième numéro : « Les films, la vie » (25 octobre 2012), il dit à 16'06'' :
Je me rappelle d'une conversation avec Eustache - alors là, c'est un des mystères du cinéma - qui s'est déroulée ici, d'ailleurs, chez moi. Je le voyais assez peu, je n'étais pas particulièrement lié à lui, mais on a eu une conversation sur les auteurs de films précisément. Et il me disait : « Duvivier n'est d'aucune façon est un grand cinéaste, un très grand cinéaste - c'est un très bon cinéaste. » Mais il me disait : « Pépé le Moko [1937]
, c'est magnifique. » Et il disait : « Il y a un film magnifique d'un type qui s'appelle Jean Boyer qui s'appelle Nous irons à Paris [1950]
, c'est un film formidable. » Et c'est vrai. Je l'ai revu - je l'ai enregistré même, alors que vraiment, ce n'est pas des films que j'enregistre spontanément. Youtube nous offre l'occasion de partager ou de nuancer les avis unanimes de Jean Eustache et de Claude-Jean Philippe. Pour ma part, le doute n'est pas permis : des qualités vantées ci-dessus, je ne retiens qu'un film horripilant à mi-chemin entre le théâtre de boulevard et la comédie musicale. Mais - et c'est la raison de ce post -, le scénario mérite quelque attention.
L'histoire a pour cadre le monde radiophonique : des locaux de la chaîne parisienne (son patron désabusé et ses candidats recalés) à la radio pirate (« Ici radio X, poste clandestin »), fondée pour riposter au pouvoir de la Radiodiffusion Française. Mine de rien, les « résistants » tournent en ridicule la publicité, enregistrent à son insu et se moquent de la maréchaussée à leurs trousses, gagnent le respect de la population et par suite l'entraide d'un nombre croissant d'auditeurs suspendus à leur poste, enfin sont salués par celle-là même qui avait organisé leur perte : la chaîne parisienne.
Ce film met en scène l'aveuglement des décideurs face aux talents de jeunes musiciens. Mais l'honneur est sauf, c'est la seule femme du groupe de « Radio X », fille d'un riche industriel, qui réhabilitera toute la troupe, en intégrant la chaîne parisienne comme intervieweuse. Ah tiens.
Mon apostille : sous ce réjouissant nanar qui par sa nanaritude tient honorablement sa place dans toute bonne loufocothèque vidéo, on trouve bien une apologie de la liberté des ondes, apologie doucement fantaisiste pour bibliothèque verte, dans laquelle le numéro aussi bref qu'époustouflant de Virginia Vee et Henri Salvador dans la grange introduit subitement une dose d'énergie qui tranche nettement avec le déluge de bons sentiments saturant ce plaidoyer empreint d'anarchie bourgeoise.
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Jean-Luuc(https://regardfc.1fr1.net/t801-de-la-radio-au-cinema#27910) a écrit:Carole Aurouet nous apprend dans l'émission
Poésie et ainsi de suite (
Poésie et grand écran, 30 décembre 2016), que Robert Desnos s'est vu commander des scénarios pour l'agence Synops, dirigée par Denise et Roland Tual. Parmi ceux-ci,
Bonsoir Mesdames, Bonsoir Messieurs, de Roland Tual (1944), qui
nous amène dans les coulisses de la radio. (53'12'')
Malheureusement, très peu d'informations sont disponibles sur ce film (pas même un extrait sur Internet), mises à part ces deux lignes de la fiche du film sur le site
Ciné-Ressources :
Intrigue un peu confuse qui fait participer le spectateur à la vie d'un poste d'émissions radiophoniques. Un speaker s'éprend d'une danseuse et un jeune ménage sur le point de se séparer retrouve par la radio une raison de s'aimer.
La fiche Wikipédia et surtout l'IMDB nous en disent un peu plus : François Périer joue Dominique Verdelet, star du micro toujorus en danger car sa voix d'or s'enroue quand il tombe amoureux. Jacques Jansen joue Gérard Mercadier autre voix d'or mais qui s'ignore, et qui fera craquer Gaby Sylvia. Le voiceless ténor est joué par Jean Parédès.
(Imdb : "This is the combined story of Dominique Verdelet, the self-assured charming star presenter of Radio Globe, who unexpectedly loses control when he feels true love for someone (just ask young dancer Micheline what she thinks about it !) and of Gérard Mercadier, a young sculptor, who is fed up with being a huge fan of a radio singer called "The Voiceless Tenor" (just ask Odette how she gets on her husbie's nerves !) and who discovers he himself has a golden voice... )."
Sera difficile à voir, sauf en cas de cycle à la cinémathèque "La radio au cinéma", ou bien s'il ressort un jour sous forme de DVD par les bons soins de René Château exploitant le troisième rayon de ses fonds de tiroir. En attendant, toutes les conditions semblent réunies pour un savoureux navet dont la toile de fond pourrait bien être un documentaire aussi convenu que les péripéties du scénario, mais peut-être précieux pour qui s'intéresse à la couche superficielle de la vie des studios. Pour ce qui est des coulisses, voir Jean Yanne.
A part ça, comme l'IMDB signale la présence d'Henri Jeanson (sous le nom de Claude Marcy) pour l'adaptation des dialogues et du scénario, tandis qu'au moment du tournage Jeanson comme Desnos est déjà dans la clandestinité. La première du film a lieu au cinéma Paramount le16 février, à peine une semaine avant l'arrestation du poète par la Gestapo. Quant à Jeanson, le volume de souvenirs "Soixante-dix ans d'adolescence" est d'une rédaction trop peu linéaire pour espérer y trouver en moins de quelques heures -sauf coup de pot- quelque renseignement sur la production du film.
Il sera difficile d'en savoir plus dans l'immédiat. Mais peut-être aurons nous davantage de chance en écoutant le numéro de Surpris par la nuit daté du 4 novembre 2002, consacré à Robert Desnos et la radio, dont je reporte ci-dessous les éléments pris dans la fiche INA-BNF :
Produit et présenté par Thierry Beauchamps
Réalisé par Anna Szmuc
Avec Marie-Claire Dumas, Cécile Meadel, Alain Chevrier, Jean-Louis Jacopin
Les voix d'Alejo Carpentier; Jacques Prévert, Armand Salacrou, Robert Desnos.
Hommage au poète Robert DESNOS, qui fut également un homme de radio, alternant entretiens avec des spécialistes de l'oeuvre du poète et de l'histoire de la radio, documents d'archives et lectures.
Résumé producteur : Entre 1933 et 1939, Robert Desnos fut, grâce à la TSF, et selon sa propre expression, le " poète le plus célèbre de France ". C'est Paul Deharme, l'auteur d'un " art radiophonique " d'une séduisante modernité, qui introduisit l'auteur de " La liberté ou l'amour " au Poste Parisien et à Radio Luxembourg par l'intermédiaire de sa société de production " Informations et publicités ". Ses collègues de travail s'appelaient Armand Salacrou, Antonin Artaud, Kurt Weil, Gilbert Cesbron ou Alejo Carpentier (avec qui il composa une adaptation du Salut au monde de Walt Whitman). Il ne nous reste que quelques fragments sonores de ses émissions aux noms évocateurs : La clé des songes, le quart d'heure de récréation, Ephémérides. Toutefois des scripts, des lettres d'auditeurs et quelques précieux témoignages, comme celui de Jacques Prévert, demeurent. Robert Desnos fut à la radio une sorte d'homme-orchestre, tout à la fois créateur d'émissions, réalisateur, documentaliste, comédien et publicitaire. Il y trouva un espace de jeu à la mesure de sa formidable imagination et participa activement à la naissance d'un art radiophonique original et populaire.
Biblio:
Katharine Conley : " Le Surréalisme médiatisé de Robert Desnos " ;
Marie-Claire Dumas, responsable de l'édition des " oeuvres de Robert Desnos " (Gallimard, 1999) ;
Cécile Méadel : " Histoire de la radio des années 30 " (Anthropos/INA, 1994)
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