Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Pour mémoire (courte), les nouveaux chemins de la connaissance sont une série d'émissions présentées, animées, lues, chantées, sautillées, jouées et surjouées par le philosophe-rock'n'roll-professeur-cantatrice-star Raphaël Enthoven (avec François Caunac à la réalisation) depuis leur création, en septembre 2007.

Cette émission quotidienne, à ne pas confondre avec une série paronyme, les "Chemins de la connaissance", disparue concomitamment à l'apparition de celle-ci, s'intéresse par tranche hebdomadaire à divers domaines de la connaissance, des arts et du monde, exclusivement examinés depuis le télescope de l'observatoire du philosophe parisien. Celui-ci, aiguillonné par un invité spécialiste censé le mettre en valeur, compose avec plus ou moins de bonheur, au long des semaines, un tableau de lui-même découvrant le monde sous nos yeux, ou plutôt nos oreilles.

L'animal ayant tout de même du fond, du goût, et, quoique noyé par un sens protubérant de la dramaturgie et de l'ornement vocal, certaines qualités d'expression et de la langue plutôt radiogéniques, il est des semaines où ces nouveaux chemins vaudront un détour fort agréable, qu'on essaiera, au mieux, de signaler ici.

L'on n'hésitera pas non plus à récolter les perles et les moments de grand ridicule dont Raphaël, en narcisse désireux d'épater l'auditeur et de s'en faire admirer autant qu'il s'admire lui-même, nous gratifie avec une régularité dont ce fil lui saura gré !

Je vais me permettre de reproduire ci-dessous des messages originalement issus du fil "L'éloge du savoir", en rapport avec les chemins anciens et nouveaux de la connaissance, et ont rendu nécessaire la création du présent fil.

Henry Faÿ

L’éloge du savoir, c’est bien mais

[...]

Je ne demande pas la diffusion de l’éloge du savoir à une autre heure mais le retour des chemins de la connaissance, pas les nouveaux, les vrais, à 8h30. Il faut donner aux auditeurs une pensée encyclopédique forte et vive sous une forme radiophonique, par les meilleurs spécialistes qui ne sont pas tous professeurs au Collège de France, par des producteurs indépendants et tournants qui s’y attelleront comme à une œuvre d’art, qui prendront le temps qu’il faut et y mettront le meilleur d’eux-mêmes.



Cette réintroduction des chemins de la connaissance rétablirait France Culture dans sa gloire d’antan.



Henry



ad horas octo et triginta itinera scientae reponenda sunt

Frédéric

[...]

L'objet de L'éloge du savoir est essentiellement différent de celui des anciens Chemins, à mon avis : il s'agit d'entrer en profondeur dans certaines thématiques, et non de balayer un spectre large de connaissances.

Les deux ont toute leur place sur France Culture, un seul a, pour l'instant, survécu.

Dans mon cas, j'écoute tout de même souvent les nouveaux chemins (on s'habitue à tout), mono-producteurs, et malheureusement presque uni-disciplinaires, qui en tout cas, abordent toutes les thématiques par ma même entrée.

Ne trouvez-vous pas Enthoven en légère amélioration ? Cette année il me semble vocaliser un peu moins bruyamment, et, j'ai l'impression, laisse un peu plus de place à ses invités.

antibiok




Salut Fred. D'accord avec toi concernant Enthoven. Il s'écoute moins parler, il se bonnifie. Sa série d'émissions sur l'Angoisse, notamment, valait le détour. J'ai bien aimé son approche du sujet par les spectres Hitchcock et Maupassant. De la vulgarisation plutôt réussie.

Camenbert



Itou pour mézigue.
Enthoven: J'avais trouvé déjà passionnantes les séries sur Bergson, Pascal et Descartes l'année dernière. Ca m'avait donné envie de les lire ; mission accomplie, pour moi, pour cette émission de très haute tenue et confirme que la relève est bel et bien là, si on veut bien voir plus loin que le bout de son nez.

[...]

Bonjour,

je continue à écouter les nouveaux chemins avec des bonheurs divers. J'ai beaucoup appris (et un peu éprouvé) la semaine dernière dans l'émission sur le toucher chez Merleau-Ponty. Est-ce une émission de stock? En tout cas je la garde et la réécouterai dans quelques semaines, je verrai si mon impression se confirme.
Grosse déception sur l'émission d'hier (les écrits de jeunesse de Marx), j'avais vraiment l'impression que le fait qu' Enthoven interrompe sans cesse son invité empêchait l'émission de progresser, et ce fut au final un peu laborieux.

Cancoillotte a écrit: [...] j'avais vraiment l'impression que le fait qu' Enthoven interrompe sans cesse son invité empêchait l'émission de progresser, et ce fut au final un peu laborieux.

Oui c'était encore le cas ce matin. Raphael veut absolument placer son grain de sel à tout bout ce champ, et il veut fermer ensuite sa parenthèse et si par malheur on l'interrompt à ce moment là alors il reprend lui-même la parole pour la fermer lui-même sa parenthèse ah mais pas question. Bref au lieu d'un court parasitage il a produit 30'' de bouillie. Un peu comme quand il tient absolument à renchérir sur le "bonjour" de réponse que lui envoie son invité, ce qui fait 3 bonjours enchainés et bien sûr avec une tonne de crême dans la voix. Du coup je coupe systématiquement cette partie quand j’archive l’émission, car commencer un repas par une cuillerée de crème au beurre non merci.

Je me doute que certains n'apprécieront pas cette micro-critique de ce qui leur apparait comme un micro-détail. Mais je crois que les détails sont révélateurs, en l'occurrence, du fait que Raphael est plus préoccupé de son plaisir que de la clarté de l'émission, comme le montrent ses incessants effets oratoires (emphase & jugements superflus, parfois dégoulinants d’orgasme esthétique ou intellectuel).

Mais il ne s'agit là que de forme et je n'aurais pas écrit un post pour si peu. Pour ce qui est du contenu, cette première émission sur le hasard aura probablement déçu quiconque a déjà réfléchi au sujet ou quiconque en a parlé quelques minutes avec un de ses profs ou avec un adulte un peu cultivé. Le « chaos » annoncé dans le titre était absent de la conversation si ce n’est dans le mouvement brownien de la parole de Jean-Pierre Dupuy qui n’est guère allé au-delà de ses tours habituels comme sa 234587965ème référence à Girard et au Bouc émissaire qui en l’occurrence n’avait rien à voir avec le sujet.

Bilan : ceux qui ont lu « Ordres et désordres » (Seuil – 1982) n’ont rien appris et se sont emmerdés. Ceux qui ne l’ont pas lu ont été orientés vers d’autres livres de Dupuy où il ne va guère plus loin, où il se perd dans des paralogismes et de toutes petites anecdotes sur les paradoxes du destin, les mêmes qu’il a effleurées pendant ce dialogue creux.

Mais enfin l’essentiel est que Raphaël soit content...

Ah si, tiens, encore une critique sur la forme : les illustrations musicales sont comme tout le goût de Raphaël : au ras des pâquerettes. La chanson "Le Tourbillon" qui n’a rien de chaotique sauf le titre, c’est l’exemple même de la fausse bonne idée. Et puis le premier prélude du Clavier bien tempéré, pardon mais c’est la scie des scies depuis 20 ans on en a ras les sandales. Qui choisit les musiques ? Un vrai professionnel de l’illustration sonore, ou encore sa majesté Raphy ??

Je n'ai pas encore écouté la série de cette semaine, mais sachant qu'il a été question des vues sur le hasard de Laplace et Poincaré dans la première émission, je tiens à joindre en complément, un lien vers une petite conférence à l'ENS de Pierre Cartier, éminent mathématicien et professeur de l'Ecole, membre du groupe Bourbaki, sur le même sujet également. On peut trouver la vidéo (ou juste l'audio) ici : http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1606. Sa connaissance précise de ces deux "monstres" français de la physique mathématique, amendée d'ailleurs par les questions qui suivent, permet une exposition éclairée de leurs points de vue respectifs.

Pierre Cartier

Je ne sais pas si Raphaël fait passer son plaisir de se voir si beau dans le miroir de l'invité, avant la justesse des propos, je crois que ça oscille réellement. Par moment, on le sens creuser sincèrement le point de vue de son invité (ou questionner celui de l'auteur discuté), mais c'est vrai, il s'oublie parfois totalement, quand il commence à mouliner, à trémoler ou à se draper dans le chaleur un peu trop voluptueuse de sa voix excessivement sucrée (l'ingurgitation de son pot de miel quotidien avant l'émission va laisser des traces à force)

Concernant la musique, je suis quasi-certain qu'il les choisit effectivement lui-même : il n'arrête d'ailleurs pas de s'en féliciter, on l'entend fréquemment annoncer fièrement "les NDLC, la seule émission qui mixe Xénophon et Public Enemy", ou "Kierkegaard et Doc Gynéco", enfin plus l'association lui semble incongrüe, plus c'est bon ...

Oui, c'est très cool dans le FC actuel d'associer sujet intello + soupe à la mode. C'est la caution nécessaire pour "rester pertinent par rapport à l'actualité 'fectivement".
Côté roucoulades, le cher Raphie fait des émules : écoutez attentivement sa collègue qui présente "Le journâââl des nouveaux ch'miiins" : pendant les premières phrases, toute absorbée par le ton velouté de son boss, elle reprend exactement les mêmes intonations avant de revenir à son propre style.