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Discussions du vendredi soir (Régis Debray)    Page 2 sur 2

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Nessie 


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Critique radiophonique en commençant par la forme : torture auditive, ou masochisme ? - Ven 02 Déc 2016, 15:10

Henry Faÿ(https://regardfc.1fr1.net/t784-discussions-du-vendredi-soir-regis-debray#27663) a écrit:[...]non, je ne suis pas lassé d'entendre parler de la guerre, quand c'est Régis Debray qui en parle et qui donne la parole à  des auteurs aussi intéressants que Gérard Chaliand, par exemple ou Bertrand Badie.   Quand Bertrand Badie dit que la puissance n'est plus la puissance, que la puissance devient le contraire de la puissance, je suis plus qu'intéressé par ce paradoxe. La guerre et la géopolitique, c'est pour ainsi dire le même sujet. Et quand on s'intéresse à l'histoire, on s'intéresse à la guerre.  On pourra dire tout ce que l'on voudra de Régis Debray, mais ce n'est pas le dernier des imbéciles.  

Mes impressions après 3 numéros + un bonus (voir infra) : émission très difficile à écouter. Elle mettra à rude épreuve la patience de plus d'un auditeur. Le ton compassé et la comédie du penseur en plein exercice sont depuis longtemps la façon de faire naturelle de Régis Debray, mais enfin même au micro de France Culture notamment comme invité de la matinale, on avait l'habitude de l'entendre moins poseur. Est-ce d'endosser finalement le rôle de producteur qui le pousse ainsi à se caricaturer lui-même ? Ca pourrait s'atténuer avec le temps, du moins il faut l'espérer. Déjà en 1962 dans "Chronique d'un été" il faisait se gondoler des salles entières dans le rôle auto-biographique du gosse de bourge passé sac au dos de Jeanson-de-Sailly à la rue d'Ulm, et parlant comme sa grand-mère à l'heure du thé, l'anse de la tasse serrée entre le pouce et l'index, petit doigt levé, biscuit Hédiard délicatement tenu dans l'autre main. Puis vinrent les ââânnées mânifes. Puis après un stage dans la jungle et un séjour de quelques années au cachot, on le retrouvait un peu dégrossi avec 20 ans de plus et quelques cicatrices, chargé de missions internationales par/auprès du Président Mitterrand. Ensuite de quoi, en devenant invité récurrent sur France Culture depuis environ 25 ans, il montre que loin de s'être atténué, son style oral emphatique empire jusqu'à l'auto-caricature. On lui attribuerait volontiers la médaille d'or de la pose si ladite médaille n'avait été décernée une fois pour toutes à Julie Clarini dans dans dans euh euh le role euh le rôle de la pro'productrice qui ni, ni n'y n'y connait rien en sciences ni en, en, en littérature mais dégoise sans complexe son ignorance sur tous ces sujets tout en faisant semblant de bafouiller non pour cacher qu'elle n'a rien à dire mais pour le bonheur d'imiter son maître spirituel Bourdieu.

Concernant la forme radiophonique elle-même je vois peu de choses à dire de cette émission du vendredi, étant donné la grande économie du dispositif. Bien que Debray ait l'habitude des studios, on le sent encore quelque peu novice dans le rôle du producteur, ce qui laisse un espoir : s'il réécoute ses émissions avec une oreille critique, il pourrait alléger un peu son style, désépaissir la couche de frime qui enrobe l'expression des idées. Et aussi peut-être renoncer à cette manie absurde d'introduire lourdement la pause musicale (probablement imposée par un chef de service ou un directeur de programme) en interrompant son partenaire avec presque autant d'impolitesse qu'un serveur de brasserie débutant retire l'assiette de fromage de dessous le nez du dîneur pour fourrer à la place celle du dessert parce que bon on n'a pas que ça à faire, j'ai des consignes vous savez.

A part ça, comme le dit Henry, Debray est loin d'être un imbécile. Et de fait ça s'entend aussi : son émission est loin d'être creuse, c'est même une des plus intenses que j'aurai eu à écouter récemment. Le contenu est riche, indubitablement. Riche en idées plus qu'en faits, mais ça dépend de l'invité ; riche en engagement aussi : clairement assujetti au paradigme idéologique de France Culture : anticolonialisme, égalitarisme, anti-atlantisme, romantisme révolutionnaire, valorisation des damnés de la terre, tout cela ressassé de façon intense. Presque aussi intense est la comédie permanente du producteur non sans risque pour ce dernier d'accueillir un invité aussi boursouflé de l'ego qu'il l'est lui-même alors là le mélange vire à l'explosif, avec ce résultat que l'agacement de l'auditeur atteint à son tour des sommets d'intensité.
J'écris tout ceci sans méchanceté aucune, car en fin de compte on peut aussi penser que Régis Debray se trompe de média : si l'époque était encore à la lecture, il serait probablement plus performant comme directeur de revue (chez Gallimard je veux dire hein, pas celle de l'Alcazar). Et justement, sans qu'on puisse m'accuser de privilégier systématiquement l'écrit loin de là, c'est avec grand intérêt et une notable économie de temps -économie nerveuse aussi- que j'en lirais des transcriptions par exemple dans France-Culture-papiers si cette publication existait encore et à condition tout de même que le dialogue s'y trouve dégraissé des ronds-de-jambes qu'il échange avec certains invités. Eh oui, parce qu'il y a ça aussi pour horripiler l'auditeur. J'y reviendrai en parlant du dialogue avec Bertrand Badie, où le risque d'explosion atteint la cote d'alerte.

Enfin on peut se demander dans quelle mesure une troisième émission de géopolitique vient faire double/triple emploi avec Cultures mondes et Affaires étrangères. Je n'y vois pas raison de refuser l'arrivée de celle-ci, mais on aurait pu supprimer l'une des deux autres, qui ne sont nullement culturelles. Si comme le dit Henry l'Histoire fait partie de la culture et si la guerre fait partie de l'histoire, alors il serait dommage de ne pas donner sa chance au vendredi de Régis Debray qui vise nettement plus haut.

Je n'ai encore presque rien dit du contenu. J'y reviendrai ultérieurement, pour rendre compte des 2 autres émissions que j'ai moulinées (non sans mal) après le numéro d'ouverture : celle du 7 octobre avec Gérard Chaliand, et celle du 11 novembre avec Bertrand Badie. Très différentes l'une de l'autre, autant que diffèrent le style personnel de l'un et de l'autre invité. Pour Badie, j'ai renforcé mes hypothèses et ma critique en écoutant aussi les 20 minutes passées dans le studio de la matinale le 30 août face à Guillaume Erner. Henry trouvera dans les deux l'exposé du paradoxe de la puissance. "J'y reviendrai", mais peut-être qu'Henry reviendra avant moi.

(à suivre)

Nessie 

Nessie

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Guerre et cinéma - Emission du 2 décembre - Dim 04 Déc 2016, 01:38

Hier soir, le thème : Guerre et cinéma. L'invité : Michel Ciment. Quoi qu'on pense de cet ex-producteur à France Culture et même quand on ne regrette pas la disparition de son 'Projection privée', c'est sans trop rechigner qu'on recevra sa prestation, riche de connaissance et de réflexions sur le sujet proposé par Régis Debray. Mais c'est un entretien à bâtons rompus, ce qui pour le thème aurait donné un meilleur résultat après une préparation. Mieux encore eut été reçu un numéro thématique de 90 minutes, par exemple dans une série comme 'Les mardis du cinéma', où l'on aurait probablement traité du sujet avec davantage de profondeur et surtout davantage  de rigueur.

J'ai écrit dans le fil 'L'ânerie du jour' que cette émission est à la fois ratée et intéressante. Je m'explique : elle est assez dense en savoir, et elle stimule la réflexion aussi par ses approximations et ses imperfections ; je ne parle pas des bourdes mais des nombreux points qui prêtent à discussion, comme de façon ordinaire. Ainsi de la grande division proposée d'entrée de jeu par Ciment : il y aurait deux catégories, dit-il : les films de stratégie et les films de combattants. S'il s'agit de montrer la guerre en action au cinéma, déjà comme typologie c'est un peu court. Mais s'il s'agit du sujet "Guerre et cinéma", alors c'est tout à fait insuffisant. Dans un 'Mardi du cinéma', ce préalable théorique n'aurait probablement pas survécu, non pas seulement au montage, mais pas même non plus lors du plan initial. Car que faire alors des films de résistants ('Le jour et l'heure'), des comédies et drames sociaux en temps de guerre ('La traversée de Paris' ou 'La vie de château'), de la collaboration ('Lacombe Lucien'), de l'hagiographie rétrospective ('Le jour le plus long' - 'La bataille d'Alger'),  des films de camp (de 'La grande illusion' à 'Furyo') et que dire des films d'espionnage sur fond de guerre froide ? Par contre, ils n'omettront pas le film à thèse : 'Les sentiers de la gloire', 'Pour l'exemple', 'Les hommes contre' ; voila trois œuvres naturellement réunies, sur lesquelles les deux hommes vont s'attarder et on voit mal comment ils auraient pu faire autrement. Tout juste si l'on réalise en passant qu'elles échappent à la classification proposée en début d'émission, mais une fois parvenus à ce point de la discussion tout cela est maintenant bien loin n'est-ce pas.

Il faudrait encore s'interroger sur la production, je veux dire la production de films : qu'est ce que produire du cinéma pendant une guerre ? Et cela, qu'on soit une puissance agressive (l'Allemagne - renvoyons ici au livre de Veit Harlan 'Le cinéma allemand selon Goebbels'),  ou un pays occupé (la France produit énormément entre 40 et 45) ou encore un pays en guerre extérieure (dans ces mêmes années : les USA, l'Angleterre). On voit que très vite, rien qu'en s'efforçant de suivre les pistes qu'offre le titre "Guerre et cinéma", le traitement du sujet déborderait le cadre et surtout les moyens d'une émission unique. De là, dans un rêve rétrospectif un peu fou pour ne pas dire utopique (uchronique) on pouvait imaginer plusieurs volets de 'Mardis du cinéma', ce qui a été fait partiellement d'ailleurs puisque Michel Cazenave signait le 7 juin 94 dans cette série un numéro consacré à la Résistance.

Mais tout cela peut-il faire partie du sujet de Régis Debray ? On peut aussi en douter car ne l'oublions pas, l'angle choisi pour l'émission du vendredi, c'est les rapports de force internationaux. Ce numéro a donc été mal cadré, depuis le début ce qui veut dire avant même le clap d'ouverture. Debray a commandé à Michel Ciment une discussion sur le thème "Guerre et cinéma", et voila tout. Situer l'échange dans un cadre respectant le principe de la discussion du vendredi aurait donné un tout autre résultat. Ne pas le faire, c'était laisser s'amorcer autant de départs dans autant de directions différentes. Et c'est bien à ça qu'on assiste. En fin de compte comme le dialogue a de quoi intéresser l'auditeur, ce dernier n'est pas perdant ; seul le producteur pourrait regretter un aussi vague traitement de son sujet. Mais comme l'autocritique ne fait pas partie des habitudes de la maison, on peut parier que Debray n'en aura pas vu son sommeil bouleversé par une quelconque mauvaise conscience.

Alors au fur et à mesure que l'échange progresse l'auditeur réalise qu'il est embarqué pour nulle part : le producteur n'a aucunement l'intention de baliser un champ ni de proposer une thèse, mais tout au plus d'offrir le spectacle d'une discussion à bâtons rompus, dont nous ne sommes pas censés tirer une connaissance autre qu'anecdotique : alors certes il y a quelque chose à apprendre sur Kubrick (hélas pas assez parce que Debray interrompt son invité sans le laisser parler stratégie, ce qui est un comble), tout en regrettant de voir traité par-dessous la jambe le sujet de la guerre d'Algérie dans le cinéma français, puis viennent de grosses bétises sur Godard et, mieux encore, sur l'intellectuel français qui serait enclin à se montrer compréhensif envers le terrorisme parce qu'il a lui-même été résistant donc terroriste : c'est au tournant de la 34e minute qu'on trouve ce chef d'œuvre qui contient au moins 3 âneries justiciables d'une sévère correction. Toujours au rayon idéologie, on verra confirmé l'idéal anti-patriotique et anti-atlantiste de bon aloi pour chacun des deux interlocuteurs (faut bien se faire plaisir ma brave dame). Heureusement, tout n'est pas de cette eau. Michel Ciment homme de grand savoir brosse en quelques mots un panorama des cinéma nationaux et met en relief les traits saillants des uns et des autres. Plus loin ou bien avant je ne sais plus, il exhume de sa mémoire quelques films méconnus quoique signés de grands noms : des réalisations atypiques comme 'They were expendable' ou 'Let there be light'. En évoquant ces oeuvres signées John Huston ou même John Ford, voila que Michel Ciment fait de nouveau appel à ce vieux thème qu'on pourra longtemps lui reprocher d'avoir régulièrement effleuré pour ne jamais le traiter sérieusement : le pouvoir documentaire du cinéma ordinaire, l'arrière-plan documentaire des productions courantes, scénarisées, imaginées, mais jamais exempte d'un témoignage sur leur époque. Dans la foulée on peut encore regretter que ce soir il aborde si peu les genres marginaux du cinéma : d'abord le documentaire lui-même ('Le chagrin et la pitié' ici tout juste mentionné), la propagande guerrière ('Why we fight') ou tiers-mondo-pacifiste ('Loin du Vietnam') ou même le film underground ('The brig'). Tout cela Michel Ciment connaît assurément, et il aurait pu saisir l'occasion d'un regard oblique. Bon an mal an, la discussion se poursuit, superficielle donc : on parle du cinéma aux armées, et hop voila encore un sujet qui méritait en soi un numéro complet. Et rebelote quand on parle de la production ou plutôt de la fréquentation des salles pendant la guerre : ils ne disent pas ce qu'on sait pour l'avoir entendu de la voix des témoins de l'époque dans l'un ou l'autre numéro de 'Mémoires du siècle', à savoir que les salles de cinéma étaient pleines : on y était tranquille, au chaud, on se divertissait pour pas cher, et la discrétion naturelle du lieu permettait des rendez-vous secrets.

La pause musicale est toujours là, introduite cette fois avec un certain à-propos et peut-être aussi un coup de bol. Mais on peut en regretter le choix : c'est un extrait de la bande sonore de 'Full metal jacket' : le drill de la troupe, au petit trot. Il ne s'agit pas d'une scène de guerre mais d'une scène d'entraînement. N'importe quel extrait d' 'Apocalypse now' eut mieux fait l'affaire, à défaut une scène d'action prise chez Fuller ou Walsh. L'art radiophonique de Régis Debray en est encore à ses balbutiements. Il reste professoral et peu soucieux d'exploiter au mieux les ressources du media-radio. C'est pas mal tout de même, pour un théoricien-fondateur d'une discipline comme la médiologie.

Anyway, malgré ces carences, répétons-le la discussion s'écoute sans déplaisir. Au rayon des regrets, il est de plus en plus patent  que Régis Debray est le boulet de sa propre émission. Lui et Michel Ciment illustrent deux types de débatteurs très différents : autant ce dernier s'exprime de façon naturelle et fluide, autant le producteur poursuit sa comédie du penseur de Rodin et à plusieurs reprises rend l'émission pesante. Au moment de se poser la question de l'archivage on pourra souhaiter alléger quelque peu la chose, en ressortant du placard le Direct-Cut qui avait déjà pas mal servi les années précédentes pour Hors-Champs. Il faudra bien ça pour retirer ou au moins raccourcir ses interventions sur un ton compassé, ses appels récurrents à l'idéologie lourdingue de France Culture ou au tics intellectuels de la maison (l'imaginaire, l'émotion, c'est à croire que Laure Adler lui passe des fiches en douce), l'autosatisfaction qui exsude du personnage et pour finir en beauté la dernière question qui accomplit le triple exploit d'être à la fois outrageusement flagorneuse et sans le moindre rapport avec le sujet de la soirée en plus de mériter l'oscar de la banalité : [son mp3="http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/16274-02.12.2016-ITEMA_21153795-0.mp3" debut="39:17" fin="39:35"]
Heureusement qu'il a en face de lui un Michel Ciment aussi passionné que disert, qui peut renvoyer la balle sur n'importe quelle remarque incidente même à la limite du hors-sujet, et qui trouvera toujours quelque chose à dire sur le thème 'Guerre et cinéma' quelle que soit la direction dans laquelle il est envoyé par le producteur.



Dernière édition par Nessie le Ven 09 Déc 2016, 11:39, édité 6 fois


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Carlotta Melzi 

Carlotta Melzi

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L'émission, selon ses concepteurs - Dim 04 Déc 2016, 14:50

Juste un mot, et une remarque, Nessie. J'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre longue analyse, comme d'habitude.
     Il me semble cependant me souvenir que lors de la première de ces "discussions du soir" (fin août), Frédéric Worms insistait justement auprès de son invité sur ce point : il s'agirait, dans ces émissions, de discussions libres, "entre amis" ("parler comme on parle entre amis", entre citoyennes et citoyens, rajoutait-il), au cours desquelles chacun donnerait son opinion très librement. Lors d'une de ces discussions, portant précisément sur l'art de la conversation, cette formule était exposée à nouveau.
     Il me semble – mais peut-être fais-je erreur – que le propos de l'émission est donc justement l'inverse de celui que l'on attendrait d'une émission réfléchie et construite (ce que l'on peut évidemment regretter). Les 5 producteurs tournants cherchent manifestement à recréer quelque chose de la conversation éclairée, entre gens de bonne compagnie, qui s'autorisent de leur seul savoir (leur nom est une caution suffisante) et n'ont, par conséquent, nul besoin de préparer leur émission. Le cahier des charges de l'émission est donc on ne peut plus flou.
    Je suis pour ma part persuadée qu'ils arrivent en studio les mains dans les poches, après avoir dîné ensemble (si l'émission a lieu en direct) et défini entre la poire et le fromage de quoi ils allaient bien parler, à bâtons rompus, en effet, pendant cette heure... Ce qui expliquerait peut-être – ce n'est qu'une hypothèse – cette conversation à sauts et à gambades, comme dirait M. de Montaigne.
    Ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est ce que cette apparente et très factice fraîcheur de l'entretien apporte à l'auditeur. S'agit-il de leur donner l'image d'une "vraie " et riche conversation, loin de leurs bavardages futiles et quotidiens ? S'agit-il de redonner vie à ce vieux modèle de conversation à la française ? La formule de l'émission me semble une fois encore relever de ces faux concepts et fausses idées auxquels nous a habitués France Culture. Comme naguère, celle de cet entretien unique avec un invité ("une fois pour toutes") dont vous aviez, si ma mémoire ne me trahit pas, souligné à quel point c'était une formule creuse et sans grand intérêt.
Salutations amicales à tous. Toujours ravie de vous lire.

Nessie 

Nessie

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Mai 68, bientôt 40 ans d'âge - Jeu 08 Déc 2016, 23:58

Merci pour la précision, Carlotta. J'avais pourtant écouté 2 des 5 émissions de la première semaine de rentrée (Worms & Debray) mais ce principe organisateur m'avait complètement échappé. Si je comprends bien, on retrouve ici la spontanéité ou plutôt le spontanéisme ; le premier était chez Veinstein un principe créatif et le second chez sa bourgeoise un blanc-seing pour le couple infernal Paresse + Négligence. Dans le cas présent, la balance penche nettement du second côté, ce qui est un bel exemple de gaspillage de ressources quand d'un autre côté on s'assure la collaboration de producteurs aussi éminents que les responsables des 5 soirées.

Et que dire des invités ? Je me souviens d'une allocution de Michel Cazenave dans une sorte de congrès radiophonique, expliquant qu'aux temps reculés où il était producteur à France Culture, il avait coutume de rémunérer les personnes qu'il invitait dans ses émissions. Rémunération assez faible disait-il (quelques centaines de francs) mais qui les incitait à préparer quelque chose. Donc ici on fait tout le contraire. Faut-il y voir un effet de la réduction généralisée des moyens, dans cette époque où hélas la qualité de la production leur semble de plus en plus directement liée ? J'évoque l'hypothèse par pur réflexe spéculatif, mais non vraiment je ne le crois pas . C'est bien de doctrine radiophonique qu'il s'agit.

Quant à ce que cette spontanéité est censée apporter à l'émission et donc à l'auditeur, c'est une fois de plus surtout, surtout ne pas le molester ; au contraire le rassurer en lui servant une bouillie qui ne l'obligerait pas à réfléchir. Et c'est probablement le résultat inverse qui est atteint : l'auditeur curieux, désireux de tirer quelque chose de ce bavardage volontairement privé de structure et de rigueur, se doit d'y remettre de l'ordre en redoublant d'attention. Ses regrets seront comparables à ceux de l'étudiant qui trouvait son bénéfice au cours magistral et qui n'apprend plus rien dans un cours sans plan. A France Culture le syndrôme de mai 68 est à l'œuvre ; le désir y est tellement fort de décoincer cette maison qu'après 17 ans révolus de cette révolution intellectuelle, à force d'en desserrer les boulons, la mécanique part dans tous les sens.


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Philaunet En ligne

Philaunet
Admin

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Ouf ! - Ven 13 Jan 2017, 17:15

Vu sur la page d'expression des auditeurs de Radio France :
 
France Culture 2017: Qu’est devenu le soldat Debray?
Paul QUINIOU 10/01/2017 9:35 France Culture

Je constate avec regret la disparition de Régis Debray comme animateur de la discussion du soir le vendredi sur France Culture. Pourrais-je savoir pourquoi?

Voici la réponse de Vincent Lemerre, délégué aux programmes:

« Régis Debray avait accepté à la rentrée de produire la Discussion du soir du vendredi pour une période donnée, jusqu’à fin décembre, étant engagé  pour d’autres activités au-delà. Nous espérons comme vous le retrouver prochainement sur l’antenne de France Culture.

Bien cordialement »


Moi je ne l'espère pas.
Merci pour votre réponse, elle compte. Vous êtes un délégué formidable. Oui vraiment. Très cordialement.

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Re: Discussions du vendredi soir (Régis Debray) -

Discussions du vendredi soir (Régis Debray)     Page 2 sur 2

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