Michel Onfray par exemple, sans volonté de médire, marche surtout à ça (sauf que lui dispose pourtant d’un peu plus de place qu’ici). Pourquoi nous aussi, ne profiterions-nous pas de la contrainte du lieu pour jouer nos Onfray, et partager ici ces petits morceaux denses qui valent souvent mieux que les développements et les exégèses qu’ils suscitent ?
Pour lancer la chose, j’ai en tête – et je dois dire que c’est ce qui m’a motivé à ouvrir ce fil – un fragment de Démocrite, le n°125, qui m’a rien moins que scié à sa lecture, car je lui trouve bien 2100 ans d’avance.
Il s’agit d’un court dialogue entre la raison et les sens :
Démocrite a écrit:
La raison : « Convention que la couleur, convention que le doux, convention que l’amer ; en réalité : les atomes et le vide ».
Les sens : « Misérable raison : c’est de nous que tu tires les éléments de ta croyance et tu prétends nous réfuter. Ta victoire est ton échec. ».
Tant de richesse, un tournant philosophique qui ne reverra pas le jour avant la fin du XVII° siècle et la nouvelle voie des sens, ramassés en si peu de mots plus de 400 ans avant notre ère, voilà qui m’impressionne.
Si vous avez en stock de tels passages, et pas nécessairement philosophiques, faites-en part ici.
PS : J'ajoute que j'ai trouvé cette traduction sous la plume de Bernard D'espagnat, dans un livre où celui-ci se voyait opposer les objections d'une dizaines d'interlocuteurs, tous de très hauts universitaires - de J.M. Lévy-Leblond à J. Bouveresse -, ayant voulu rendre hommage à son sens du débat philosophique : Physique et philosophie, paru en 1999.
J'y ai ajouté la tournure dernière, "Ta victoire est ton échec" qu'on trouve en conclusion d'une autre traduction, celle de Jean Voilquin