Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

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Qui pourrait m'aider à retrouver le matin précis et le nom des intervenants ? Je travaille sur "La geste du corps..." Merci! Brigit

Ce matin un peu avant 7h, les auditeurs de la nuit ont donc pu entendre un bref extrait de Salle de rédaction. Tentative ambitieuse qui vécut deux années mais qui, malgré la brillante équipe alors rassemblée, ne figure pas dans la mémoire des auditeurs.

C'était une table ronde critique hebdomadaire, dont l'ambiance préfigure ce que deviendra celle du Panorama. Salle de rédaction était née de l'éclatement du Masque et la plume, où la mésentente régulière entre Michel Polac et certains des discutants (notamment Charensol) avait fini par culminer dans une rupture d'avec François-Régis Bastide. Une dizaine d'années après la création du Masque, l'entente entre les deux producteurs avait vécu. Il y eut notamment l'éclat de Charensol quittant le studio en direct lors de l'émission du 5 avril 1970 : "Je fous le camp !". Charensol mouché par Polac en début démission, profite de son écoeurement devant l'attitude de Polac en train d'éreinter la position idéologique d'un film sans même l'avoir vu : Hoa-Binh. En fait,l'accrochage fatal couvait depuis un bail. Le mélange d'acharnement militant et de déni d'objectivité avait eu raison à la fois de la résistance de Charensol, et de la patience de François-Régis Bastide qui après-coup reproche à Polac : "On ne peut pas se priver de Charensol à cause de toi".  Résultat : ils achèvent la saison et ils se séparent. Depuis quelque temps déjà, Polac voulait une émission plus engagée, plus agressive. Bastide quant à lui voulait maintenir une relative rigueur des débats, loin de l'éreintement ou du délire d'interprétation. En bon révolutionnaire, Polac voulait aussi mélanger à la fois les genres, les tons, et les spécialités : que les critiques littéraires interviennent sur les films, et que les critiques cinéma parlent des livres. Bastide reprendra cette idée dans 'Salle de rédaction'.

Après ce divorce, 'Le Masque & la Plume' subsiste, en alternance avec une nouvelle formule critique, créée par Michel Polac : 'Le pour et le contre' qui ne durera qu'une saison et connaîtra son dernier numéro en mai 71. Dans le même temps Polac crée à la télévision un débat de plateau, qu'il veut spontané et animé : ce sera 'Post-Scriptum', interrompu par une cabale ayant pris la forme de la censure d'Etat. Polac, victime de la gestion de l'audiovisuel public, quitte l'ORTF pour 10 ans. Il devra attendre l'arrivée de la gauche au pouvoir pour recréer sa formule sous forme de magazine de société : ce sera "Droit de réponse"

Pendant que Michel Polac expérimente, François-Régis Bastide lance Salle de rédaction.

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Pendant que Michel Polac expérimente, François-Régis Bastide qui a perdu la moitié de son magazine, fait mieux que récupérer son temps d'antenne et lance Salle de rédaction, sur France Culture. Ouverture le lundi 5 octobre 1970 à 20h30, dans une ambiance d'impréparation peut-être un peu simulée pour se la jouer (modérément) spontané. Mais avec une équipe annoncée comme un générique Hollywoodien : André Bourin pour la littérature et l'histoire, Guy Dumur pour le théâtre, Roger Régent et Philippe Esnault pour le cinéma, Jean Dalvèze et Dgeorges Charensol pour les arts en général (et pour le cinéma ! ne peut-il s'empêcher de beugler).

L'ambiance était volontairement détendue, malgré une effrayante musique d'introduction prise chez Marius Constant : un extrait de 'L'éloge de la folie', d'où le mouvement "Les excitants" avait été choisi comme un sous-titre musical que les débats étaient censés justifier. Débats que Bastide introduisait en simulant parfois l'improvisation complète, parfois un relatif désordre dû à la pléthore d'invités et de sujets, plus qu'on n'en pouvait accueillir et traiter pendant les 80 minutes prévues. D'autant plus que dès l'ouverture de chaque numéro, les critiques ne se privaient pas de réclamer une modification du programme du jour. L'un réclamait qu'on parle du roman dont il avait tout juste achevé la lecture, tâche auto-attribuée sous le coup de l'inspiration. Un autre tenait absolument à commenter une exposition qu'il avait visitée, de son propre chef dans un moment d'hubris culturel. Avec cette ambiance de liberté peut-être quelque peu surjouée, en fin de compte c'est la ligne voulue par Michel Polac qui triomphait : 2 années après mai 68 alors que la télé était plus bouclée que jamais, la radio publique faisait quelques efforts pour se décamisoler.

Tout ce cirque sympathique dura deux saisons complètes et même un peu plus : renouvelée à la rentrée de septembre 1971 pour une année , puis à celle de 1972 pour un trimestre seulement, Salle de rédaction s'arrêtait le 31 décembre après quelques vicissitudes : un temps réduit à 60 minutes puis rapidement re-prolongée à 70 ou 75. Entre temps, Polac ayant été éjecté de l'ORTF, la rentrée de l'automne 1971 voit pendant quelque temps 'Salle de rédaction' diffusé dans sur les deux chaînes, alors promu "Nouveau magazine artistique et littéraire de France Inter et France Culture". Après quelques semaines, le Masque et la plume étant rétabli en seul occupant de son créneau d'origine, 'Salle de rédaction' retrouvait son titre et sa diffusion exclusive sur la fréquence de France Culture.

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Il y eut des moments émouvants, par exemple les disparitions fraîches, intervenues parfois le jour même ou la veille : celle de Giono, celle de Montherlant aussi, qu'André Bourin avait rencontré quelques semaines plus tôt. Ce soir-là dans le studio, après la rediffusion d'un extrait de l'entretien très récemment recueilli la présence de Jean Dutourd venu pour parler de toute autre chose avait permis une évocation émouvante du disparu, et un portrait délicat et affiné par ceux qui avaient connu de près l'écrivain dans ses dernières années. Un soir de 1971 il y eut aussi à l'instigation de Philippe Esnault une heure consacrée à l'avenir de la vidéo domestique : 10 années avant que le prix d'achat d'un magnétoscope familial passe sous la barre du SMIC, en présence de Roger Caillois, avec Alain de Sédouy et Roger Boussinot, eut lieu une discussion étonnante de prescience sur les usages futur de ce qu'on appelait alors tantôt "les cassettes", tantôt "le cinéma à domicile".

Enfin il faut signaler à la réalisation pendant ces deux années l'infatigable Georges Godebert, toujours fidèle à François-Régis Bastide. Anciennement speaker puis directeur artistique sur Radio-Guadeloupe, depuis son retour en métropole Godebert avait signé en 10 années comme réalisateur de très nombreuses fictions, dramatiques, magazines. Par ailleurs formateur de cadres radio pour la Sorafom, secrétaire général du syndicat des réalisateurs, ultérieurement récipiendaire d'un prix Italia (1978), l'homme était déjà en cette époque une légende vivante. Occasionnellement sollicité pendant le cours de l'émission, c'est depuis la cabine de sonorisation et par un haut-parleur qui lui donnait une voix d'outre-espace que Godebert intervenait directement pour répondre aux questions du boss, donnant çà ou là une date une référence, précisant un détail par exemple l'origine du bobineau d'archive qu'on était sur le point d'envoyer à l'antenne. Toujours à la demande de Bastide, Godebert donnait son avis, apportait son grain de sel. Il savait tout ce que Bastide ignorait ou avait oublié. A la fois boussole et capitaine de l'émission, il pouvait dire à tout instant que le cinéaste ou l'écrivain invité, attendu et en retard, était en train de se perdre dans les couloirs de l'étage inférieur on s'attendait même à savoir dans quel couloir et devant quelle porte le malheureux était sur le point de frapper pour trouver quelqu'un à qui demander son chemin. Georges Godebert n'était pas seulement le responsable de la "mise en page sonore", comme aimait à dire François-Régis Bastide : il était à la fois sa mémoire auxiliaire, le chef-cuistot et le dieu de la réalisation planant sur la Salle de rédaction.

Antoine Arnoux a écrit:
Analyse spectrale de l'Occident - Le réalisme et les peintres de la vie moderne (2 janvier 1965 ) par Serge Jouhet. Avec Marie-Thérèse Forges, Julien Cain, Michel Drucker, Salvador Dali et Edouard Pignon

Michel Drucker ? En tant que lecteur (anagnoste) ? En tant que spécialiste de Baudelaire ?
Cette question (sans doute naïve) m'offre l'occasion de vous remercier, Nessie, de nous informer aussi précisément (des derniers programmes culturels).

Aneffet c'est surprenant. J'ai donc été éplucher la précédente diffusion de cette Analyse spectrale, qui nous avait été proposée dans la nuit du 18 octobre dernier. Un Michel Drucker est bien annoncé dans les premières minutes, comme connaisseur de Millet (Jean-François, pas Catho) ou plutôt de son pays. Une fois arrivé à la 45e minute de l'enregistrement en entendant une voix presque chevrotante on comprend qu'il s'agit d'un homonyme : d'ailleurs en introduction de la séquence le Drucker en question est qualifié d'affranchi sur la chose depuis plus de 50 ans. Or on sait que le journaliste sportif était en 1964 militaire dans une caserne parisienne, et qu'il commença sa carrière par un bienheureux hasard : pendant les Jeux Olympiques de Tokyo alors qu'il trainait dans les studios rue Cognacq-Jay à l'heure du dernier journal, on eut besoin d'une bonne volonté pour commenter quelques photos de la compétition, ce dont il s'acquitta sans oser croire probablement que ce ne serait que les premiers pas d'une carrière aussi brillante que terne. C'est donc un homonyme qui nous présentera le pays de Millet dans un peu plus de 24heures.

Brigit Lecadet a écrit:Qui pourrait m'aider à retrouver le matin précis et le nom des intervenants ? Je travaille sur "La geste du corps..."        Merci!   Brigit

Bonjour.
je ne vois rien dans le programme qui ressemble à ce que vous dites, du moins dans les heures indiquées en titre de votre message :
<< Emission perdue entre 6h30 -7h matin soit ,le 7,8,9 Juillet sur ''Corps-Totalité-Peau-Culture'' >>

Pouvez vous vérifier et préciser dates et heures (même approximativement), et décrire même vaguement ce que vous avez entendu ?

Comment se procurer une ré-émission entendue la nuit ?

exemple récent : le forum Le Mans Le Monde de 2013, et plus "pointu" : Le réveil musculaire - 1952 - par Robert Raynaud et Michèle Faucher

Merci pour vos pistes ....

De façon générale, il y a 2 sortes de rediffusions pendant les nuits de FC :

1./ des multidiffusions d'émissions très récentes (1 ou 2 jours d'ancienneté). Elles occupent la majeure partie de la nuit dans la grille d'été. Elles sont disponibles à la réécoute comme à la livraison podcast. On les trouve donc dans le tableau courant du site de France Culture, incluant les Grandes conférences, le Forum du Monde, la grande traversée du jour. En clickant sur ce lien vous arrivez sur la page générale des émissions, au niveau du Forum Le Monde, précisément.  


2./ des émissions anciennes, par exemple le Réveil musculaire, ou ce matin à 6h40, un Gérard de Nerval dans Poésie sur parole (en 2003). Celles-la ne seront pas, sauf exception, disponibles sur le site de France Culture. Il faudra trouver un auditeur l'ayant enregistré en format numérique et qui met son enregistrement à disposition. Or de tels auditeurs on en trouve en fréquentant les réseaux d'échanges. De ces réseaux, on recommande ici la liste ANPR (suivez ce fil). C'est là que vous trouverez le réveil musculaire de 1963.

J'ai bien dit "sauf exception". Car dans quelques cas, l'émission ancienne a été déjà diffusée dans le cadre d'une nuit spéciale ou d'une nuit rêvée. C'est le cas ce matin :
- On trouvera Nerval dans la nuit rêvée de Thierry Jousse, C'était le 15 décembre dernier et en cherchant bien c'est disponible en réécoute séparée, en clickant sur ce lien.


Toutefois, si vous voulez vous faire une idée du réveil musculaire de Robert Raynaud, vous en trouverez un autre numéro de 1952, précédé d'un petit dialogue de présentation entre Philippe Garbit et son invitée : c'était dans la Nuit rêvée de Claude Pujade-Renaud, le 26 février 2012. Avec de la patience et un soupçon d'habileté vous trouverez la séquence à environ 148 minutes du grand MP3 mis en réécoute sur cette page du site de France Culture

Merci pour votre disponibilité et votre réponse précise et exhaustive.
Que ne vous ai-je connu plus tôt !
C'est tellement frustrant de ne pouvoir retrouver une émmission dans son intégralité lorsqu'on en surprend qu'une bribe  passionnante, au hasard de la nuit ....

             

d-l a écrit:Que ne vous ai-je connus plus tôt !

Ah oui vraiment ? C'est bizarre moi j'ai l'impression qu'on se connait depuis un bail, exactement (5 ans). Cela dit, des demandes comme la vôtre nous donnent l'occasion d'apporter un appoint d'info et de tuyaux à ceux de nos lecteurs qui s'interrogent sans se manifester en forum.

Donc, merci à vous