Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Je n'ai pas noté le nom du journaliste qui a présenté ce matin le discours de Hollande sur l'immigration. Après une analyse d'une originalité bouleversante (le discours de FH était politique —rendez-vous compte —, il adressé des piques à Sarkozy et à la tribuLe Pen, incroyable!), il termine par ce commentaire :"un discours creux et sans intérêt". Est-ce le rôle d'un journaliste, pas un éditorialiste, de donner son sentiment sous cette forme sur un discours présidentiel à l'occasion de l'inauguration d'un musée national que son prédécesseur avait refusé d'inaugurer, faut-il le rappeler? Ce mélange d'information et de jugements toujours dans le même sens bien sûr, devient insupportable. Plus loin, le pauvre Thomas Cluzel bâtit à grand peine sa revue de presse sur la prise d'otages de Sydney. Axe unique, sillon creusé et recreusé: la police en a trop fait, les médias aussi. Le petit Cluzel, qui ne connait sans doute pas l'Australie, n'a sans doute aucune idée de l'impact sur ce pays de sa première prise d'otage islamique, qui a fait quand même trois morts. On trouve de très nombreux immigrés libanais, syriens, irakiens , kurdes, iraniens en Australie , terre d'immigration, où ils ont été plutôt bien reçus. On imagine la crainte qui a pu saisir l'Australien de réaliser que parmi ces braves immigrés se trouvaient sans doute des islamistes prêts à se venger de l'aide apportée par l'Australie à la lutte contre Daesh. C'est là le sens de l'effervescence médiatique australienne, pas dans les excès encore à prouver (le cinglé avait annoncé disposer de bombes dans le café) de la police australienne.

Ce matin sur France Culture on a encore eu droit à l'inénarrable JP Filliu, "expert" auto-désigné du Moyen Orient, qui continue a nous asséner que s'il y a des djihadistes en Syrie, c'est parce qu'on n'aide pas assez l'opposition syrienne "démocratique". Autrement dit "rien à voir avec l'islam", c'est la faute des Occidentaux. Tout ça bien sûr sans l'ombre d'un contradicteur, fidèle à la ligne de cette radio de propagande financée par nos impôts !

Filliu a ajouté que c'est aussi la faute des médias, qui parlent trop des crimes de Daesch, ce qui lui donne une certaine "aura mortifère" auprès de tout un public. Il a précisé que France Culture était "irréprochable"  de ce côté là, on veut bien le croire ! Le grand "expert" n'est peut-être pas au courant que les gens s'informent de plus en plus sur Internet, et que même si les grands médias s'auto-censuraient, ça ne changerait pas grand chose.

Passionnant exposé sur les prix du pétrole par un "vrai" spécialiste, bien entendu trop souvent interrompu par Voinchet (certains pensent, que, on a dit que, je vais jouer les naïfs, etc) qui ne peut s'empêcher de nous imposer un archive sonore longuette et sans intérêt (si ce n'est la qualité du langage du journaliste de 1998). Ce faisant, il coupe la dynamique du propos du journaliste spécialisé. Pour finir, vieille chanson stupide de Johnny Halliday sur le pétrole présentée par un Voinchet extatique. Il existe un magazine intitulé Schnock qui ressasse ad nauseam les années 70-80, Voinchet devrait y postuler. Sa "culture" date totalement de cette époque. Mais quel âge a-t-il? Vient enfin une très longue présentation du dernier CD de Nick Cave, icône de FC. Si l'on traduisait les paroles en français, je crois que les auditeurs changeraient vite de station. Couronnement final, Poivre d'Arvor fait une apparition avec force congratulations, autocongratulations, rires forcés, compliments lourdingues à l'équipe pour présenter la grille des fêtes ou certains "feront leur boulot", d'autres "travailleront quand même", bref, niaiseries de patronage pour annoncer des rediffusions.

Le preneur de photo, sujet à part entière du cliché : Matins du 19 12 14

Soit dit en passant, MV a l'air usé.

Au fait, ceci en fin d'émission : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2014/12/s51/NET_FC_a3d4633f-5856-4c8b-b3ce-e7a3cca9c21c.mp3" debut="146:40" fin="147:01"]

« Ça faisait culture » ... Une observation, sorte de lapsus, qui en dit long.

4 matinales avec Hervé Gardette. Sur les 3 que j'ai écouté, aucune fausse note à déplorer. Pourtant je connais Gardette, ses penchants un peu pénibles. D'un autre côté, on a déjà remarqué que les remplacements aux Matins, qu'ils soient confiés à Lemerre, Enthoven, ou même Baumgartner, ont toujours été des moments de soulagement. Difficile de savoir si une titularisation rendrait Gardette aussi insupportable que Voinchet ?

Cela dit, comme le titulaire Gardette a piqué quelques uns des tics radio de Jean Lebrun. Ca n'est pas dérangeant, en tous cas beaucoup moins que le style de copinage-joueur que Voinchet a repris à Pivot.

On pourrait même penser qu'avec la matinale, Hevré Gardette trouverait une place à sa mesure. Certains jours on se dit que c'est déjà le cas quand on écoute "Du grain à moudre" où d'ailleurs il a importé son propre style, sans imiter Couturier, qui avait créé l'émission à la rentrée de septembre 2006. Gardette aime jouer de l'ironie et du ton narquois, mais ne perd pas pour autant le respect de ses invités. Sauf bien sûr quand il peut les affubler d'une étiquette "forcément de droite puisque libéral" mais d'un autre côté, quand un libéral s'aventure dans un studio de France Culture il doit normalement savoir quelles crasses on va lui balancer. En tous cas, ce sens de l'ironie est fort bon dans un débat alors qu'au journal, il y a 10 ans, c'était insupportable.

Ensuite, quand Gardette fit son passage à la Grande Table, là il n'était vraiment pas bon parce que l'émission du midi est culturelle et qu'on sent qu'il n'a pas le bagage nécessaire. Pas plus que Caroline Broué qui également en est bien loin. Sur la tranche du midi la culture générale dense est nécessaire, celle d'un Laporte ou d'un Voinchet par exemple.

Si l'on soumettait la matinale à un vote des auditeurs, le mien serait le suivant : j'apprécierais grandement qu'on prolonge le tandem Gardette-Couturier, et même en le rééquilibrant : Gardette en meneur de jeu et de l'équipe, partageant avec Couturier la préparation du sujet et le choix des invités.

Le coach vocal de Marc Voinchet a été identifié dans l'émission Les Nouvelles vagues de ce jour.

Vautier est mort. Il fallait que FC fasse quelque chose, marque l'événement. Thomas Cluzel s'y colle. Que la presse internationale ait salué la mort du cinéaste m'étonne quand même un peu, à part un extrait du Journal de Genève, le choix des titres m'a semblé plus que réduit. Mais c'est le ton qui m'a gêné alors que j'ai toujours été partisan de l'indépendance de l'Algérie, dès mon adolescence. Tout d'abord, Cluzel nous dit que Vautier décide de s'intéresser à la "guerre de libération". Quelque chose me choque, je pense à des fils d'amis de ma famille tués en Algérie, un cousin, les 36 mois de service militaire de mon frère, un copain de classe pied noir rapatrié, sans parents, que j'ai aidé, bref je n'ai pas trop envie d'entendre que tous ces jeunes (ceux de 20 ans dans les Aurès, beau film) étaient des salauds, du mauvais côté. C'est aussi une des premières fois où j'entends sur une chaîne de radio la guerre d'Algérie présentée comme" la guerre de libération". Bien entendu c'est ce qu'elle était pour les Algériens. Ensuite, Cluzel dénonce la censure. Quelle naïveté! 15 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale, peut-on imaginer que le gouvernement et l'armée engagés dans une guerre cruelle acceptent qu'un cinéaste prennent le parti des adversaires et relaie leur parole. C'était inimaginable. La guerre de l'opinion existait déjà. Cluzel n'a évidemment pas compris à quel point les passions étaient déchainées à cette époque. Une fois de plus, on juge une époque avec des critères anachroniques. Bref, on insère de force un hommage à Vautier dans une chronique où il n'a pas grand chose à voir et on le traite du point de vue du petit militant moutonnier assis derrière son micro, et non pas de l' historien.

Je partage votre indignation, Munstead, concernant ce terme inapproprié de "libération".Tout ce que vous dites sonne juste contrairement à cette chronique d'un ton tellement idéologique.Et pourtant, moi aussi, j'ai été mêlée à ce drame(comme beaucoup) et c'est une souffrance que d'en entendre parler si légèrement.Les algériens de souche voulaient que leurs droits soient reconnus, qu'ils soient à égalité avec les colonisateurs, ce qui était, évidemment, bien normal.Mais, à la fin, tout le monde a été perdant....

De ces éprouvantes 48h je retiens deux sommets de la connerie radiophonique. L'une est la facon dont France Info a couvert les événements, si je parviens à en parler sur notre forum ça sera dans une section différente. L'autre c'est la matinale du 8 qui fut immonde au-delà de ce que je redoutais. J'y ai entendu la comédie médiatique dans toute sa veulerie, le bonheur dans l'affliction pourvu qu'elle valorise l'affligé, le numéro des charognards de toute la maison de la radio, et l'obscène récupération de l'événement au service de l'anti-racisme.Comme si c'est le racisme qui était en cause dans cette tuerie. Conjointement, la récupération au service du droit-de-l'hommisme, avec la tribune une fois de plus donnée à Plenel, orfèvre des propos convenus  sans lien réel avec le véritable problème que pose cette affaire. Car contrairement à ce qui a été ressassé à l'envi, le véritable danger ne saurait être celui que court la liberté d'expression. Le problème -quand il y en a un- de la liberté d'expression c'est celui de sa répression par le pouvoir légal, et certainement pas le danger que courent le journal et ses journalistes du fait d'exaltés hors-la-loi, ou de commandos manoeuvrés plus ou moins directement depuis l'extérieur du pays. Le malentendu a donc été général sur l'antenne de France Culture pendant toute la journée de mercredi, avant de culminer pendant les 2heures de cette matinale immonde.