Toute une vie
Oh la vache, on dirait du Lelouch*.
Présentation sensationnelle : « ...aujourd’hui nous ouvrons de nouvelles perspectives, et élargissons notre voyage biographique et documentaire à de grandes figures de la société civile. Entre découvertes, connaissances et émotions nous nous engageons sur la piste de toutes celles et ceux qui nous ont laissé une trace durable et inspirante.»
Aujourd’hui, Marcel Gotlib.
Disons tout de suite afin de cramer le suspense qu’il existe un bon plaisir de 1997 durable et inspirant. Et que l’entretien charcuté -il n’en reste presque rien- au début vient d’un Tribunal des Flagrants Délires de bonne facture, si l’on excepte la prestation de la remplaçante de l’avocat le plus bas d’Inter que je ne nommerai pas.
Maintenant, comment présenter le dessinateur en alignant les clichés dignes d’un magazine féminin ?
Tiens, une digression avant d’avoir la réponse. Pourquoi personne ne s’insurge contre les magazines féminins qui cantonnent les intérêts des femmes à la mode, la couture, la cuisine, les recettes minceur et les petits potins ? Les quelques rares réactions demeurent bien timides. A quand un « Balance ta cochonne » contre Elle et le Figaro Madame ?
« Elle », on va y revenir dans quelques lignes.
Présentation de Gotlib, l’anacoluthe (on va dire que c’en est une pour être gentil) est offerte par la maison : « Aujourd’hui à l’heure du festival de la bande dessinée d’Angoulême, adepte de l’absurde et de l’humour noir il a créé des personnages très singuliers, du Gai Luron au professeur Burp en passant par Super Dupont. Marcel Gotlib, 1934-2016, c’est toute une vie d’auto-dérision et de déconnade » dit une voix nappée de synthé vaguement anxiogène, persuadée qu'elle présente « Enquête exclusive » sur M6, ce qui rend la fin de la phrase encore plus poilante.
Il existe une flopée d’intervenants possibles pour cette émission, qui ont bien connu Gotlib, qui ont travaillé avec lui (Léandri, Frémion, Brétecher, Mandryka etc.) pourtant, je vous livre la liste des participants, vous allez rire :
Alors à part Patrice Leconte, qui a dessiné à Pilote et réalisé son premier long métrage avec Gotlib, nous avons
« Olivier Bocquet, scénariste de bande dessinée ; Jul, dessinateur ; Pascal Ory, historien, spécialiste notamment de René Goscinny »
et, je vous la garde pour la bonne bouche, « Catherine Robin, journaliste à Elle ».
Autant dire que les susmentionnés vont avant tout parler de Gotlib.
Non, c’est une blague, ils vont parler « de leur rapport à Gotlib », ce dont nous n'avons strictement rien à secouer.
Quoi ? Je suis de mauvaise foi ?
C’est vrai, je l’avoue, alors pour le prouver je vous laisse avec Madame Robin de « Elle » , de la pure déconnade :
«… à quel âge avez-vous lu et aimé Gotlib ?
- Bin en fait euh Gotlib j’l’ai pas découvereuh enfant euh parce que j’ai grandi dans uneuh famille qui était plutôt euh étiquetée à droite donc euh j’n’avais pas Pif Gadget à la maison on ne lisait pas l’Humanité et euh c’était plutôt Le Figaro et Les Triplés, voilà chacun (?) a l’enfance qu’il peut… et donc j’ai découvaireuh Gotlibeuh plus tardivement, j’dirais à la fin de l’adolescence vers 17/18 ans quanteuh j’ai fait connaissance avèkeuh quelqu’un qui est devenu une très bonne amie et qui elle lisait était une grande lectrice de l’Écho des Savaneuhs et donkeuh elle avait chez elle une collection, elle, elle était fan d’Edika et moi bin j’ai commencé à regarder avec elleuh enfin chez elle quand j’me retrouvais chez elleuh léééés planches de de Gotlibeuh et ensuiteuh bin j’ai j’ai découvert Les Dingodossiers et la Rubrique à Brac euuuh qui là sont devenus très viteuh des bibles installées sur euh mes bibliothèques successiveuhs et que je lis désormais euh euh religieusement à mes enfants qui eux-mêmes les lisent seuls, c’qui signifie quand même quelque choseuh euh, et c’qui est assez drôle finalement c’est que Marcel Gotlib il est d’venu une sorte de madeleine pour moi, alors même que je n’l’ai pas lu enfant, mais il y a quelque chose en lui et je pense que c’est parce que lui a su euh conserver une une grande part d’enfance en lui euh qui résonneuh en moi très très fort et et et et très régulièrement euh j’ai envie de me mettre sous une couvertureuh avec un thé des biscuits, les Dingodossiers et euh et être dans uneuh dans une espèce d’élan régressif comme ça alors même que je n’l'ai pas lu enfant. »
Je sens que vous n’êtes pas convaincu, alors je vous en remets une petite couche.
Remarque au préalable, Edika n’a jamais dessiné dans l’Écho des Savanes, mais c’est pas grave, nous pardonnons tout à la spécialiste BD de « Elle ».
« … vous pouvez Catherine Robin qualifier l’humour de Gotlib ?
- Gotlib c’est pas un un un en tout cas c’est pas à mes yeux pour c’que j’connais d’lui, parce que j’crois pas connaîtreuh tout, j’ai encore plein d’choses à découvrir, c’est pas un adepte du du gros gagueuh à la fin d’la pageuh euh tagada tsoin tsoin la la chuteuh va va tout dévoiler et va vous faire exploser d’rire. Non. Quand on prend une planche de Gotlibeuh, y a à l’intérieur même de cet’ planche des tas de petits détails menus, détails parfois écrits dans uneuh calligraphie typo... enfin une taille de de caractère de de lettrage toute petite et qui s’ra le nœud euh comique de la planche, c’qui rend la chose euh euh très intéressante du point de vue formel peut-être on r’viendra à la fin mais voilà c’est c’est ça aussi qui est puissant dans l’humour de de Gotlib c’est qu’ça il se donne pas facilement et après euh euh sur euh le type d’humoureuh de Gotlib bin euh tout ça beaucoup d’gens l’ont dit avant moi mais enfin bin ses références à l’humour anglo-saxon aux Mon aux Monty Pythooon euh à l’humour juif aussi donc euh emprunt toujours d’une certaine euh forme de de de à sse soubassement quelque chose de la tragédie aussi euh euh d’ailleurs euh en réfléchissant je me disais ah bin il il a quand même comme héros récurent cet Isaac Newton qui est quand même le père de la loi sur la gravité qui peut être entendu euh sous diverseuh enfin de diverses manières. Il a créé Isaac Newton enfin il le dit euh et il va en faire un personnage récurent qui se prend toujours euh (rire) qui est toujours euh toujours plus ou moins loin d’un pommier et qui va se prendreuh systématiquement une pomme sur la tête. Pas « Fiat lux » mais « Eurêka ». Et donc il reviendra euh très régulièrement dans la Rubrique à Braqueuh comme beaucoup d’autres de ses personnages euh comme la coccinelle euh et d’autres. »
Là c’est bon, vous avez compris que la qualité des intervenants n’est plus à prouver, que c’est du costaud, du blindé sur le plan de la forme comme du fond.
Quant à ceux qui avaient peut-être des choses trop intéressantes à raconter nous pouvons supposer que :
- ils ont pointé aux abonnés absents.
- la production ne connaît même pas leur existence.
En tout cas, Dieu merci ils n’étaient pas invités, ç'aurait été trop pointu pour nous, nous n'aurions rien compris.
Donc,
Le Bon plaisir - Marcel Gotlib (13/12/1997 et non 2009 comme annoncé à plusieurs reprises dans "Toute une vie") par Ruth Stégassy - Avec entre autres Claire Bretécher, Jean Solé, Patrice Leconte, Richard Gotainer, Daniel Goossens et Gotlib - Réalisation Josette Colin
et
Le Tribunal des Flagrants Délires de Claude Villers du 21/04/1981
* Oh la vache, c’est vraiment du Lelouch.
Oh la vache, on dirait du Lelouch*.
Présentation sensationnelle : « ...aujourd’hui nous ouvrons de nouvelles perspectives, et élargissons notre voyage biographique et documentaire à de grandes figures de la société civile. Entre découvertes, connaissances et émotions nous nous engageons sur la piste de toutes celles et ceux qui nous ont laissé une trace durable et inspirante.»
Aujourd’hui, Marcel Gotlib.
Disons tout de suite afin de cramer le suspense qu’il existe un bon plaisir de 1997 durable et inspirant. Et que l’entretien charcuté -il n’en reste presque rien- au début vient d’un Tribunal des Flagrants Délires de bonne facture, si l’on excepte la prestation de la remplaçante de l’avocat le plus bas d’Inter que je ne nommerai pas.
Maintenant, comment présenter le dessinateur en alignant les clichés dignes d’un magazine féminin ?
Tiens, une digression avant d’avoir la réponse. Pourquoi personne ne s’insurge contre les magazines féminins qui cantonnent les intérêts des femmes à la mode, la couture, la cuisine, les recettes minceur et les petits potins ? Les quelques rares réactions demeurent bien timides. A quand un « Balance ta cochonne » contre Elle et le Figaro Madame ?
« Elle », on va y revenir dans quelques lignes.
Présentation de Gotlib, l’anacoluthe (on va dire que c’en est une pour être gentil) est offerte par la maison : « Aujourd’hui à l’heure du festival de la bande dessinée d’Angoulême, adepte de l’absurde et de l’humour noir il a créé des personnages très singuliers, du Gai Luron au professeur Burp en passant par Super Dupont. Marcel Gotlib, 1934-2016, c’est toute une vie d’auto-dérision et de déconnade » dit une voix nappée de synthé vaguement anxiogène, persuadée qu'elle présente « Enquête exclusive » sur M6, ce qui rend la fin de la phrase encore plus poilante.
Il existe une flopée d’intervenants possibles pour cette émission, qui ont bien connu Gotlib, qui ont travaillé avec lui (Léandri, Frémion, Brétecher, Mandryka etc.) pourtant, je vous livre la liste des participants, vous allez rire :
Alors à part Patrice Leconte, qui a dessiné à Pilote et réalisé son premier long métrage avec Gotlib, nous avons
« Olivier Bocquet, scénariste de bande dessinée ; Jul, dessinateur ; Pascal Ory, historien, spécialiste notamment de René Goscinny »
et, je vous la garde pour la bonne bouche, « Catherine Robin, journaliste à Elle ».
Autant dire que les susmentionnés vont avant tout parler de Gotlib.
Non, c’est une blague, ils vont parler « de leur rapport à Gotlib », ce dont nous n'avons strictement rien à secouer.
Quoi ? Je suis de mauvaise foi ?
C’est vrai, je l’avoue, alors pour le prouver je vous laisse avec Madame Robin de « Elle » , de la pure déconnade :
«… à quel âge avez-vous lu et aimé Gotlib ?
- Bin en fait euh Gotlib j’l’ai pas découvereuh enfant euh parce que j’ai grandi dans uneuh famille qui était plutôt euh étiquetée à droite donc euh j’n’avais pas Pif Gadget à la maison on ne lisait pas l’Humanité et euh c’était plutôt Le Figaro et Les Triplés, voilà chacun (?) a l’enfance qu’il peut… et donc j’ai découvaireuh Gotlibeuh plus tardivement, j’dirais à la fin de l’adolescence vers 17/18 ans quanteuh j’ai fait connaissance avèkeuh quelqu’un qui est devenu une très bonne amie et qui elle lisait était une grande lectrice de l’Écho des Savaneuhs et donkeuh elle avait chez elle une collection, elle, elle était fan d’Edika et moi bin j’ai commencé à regarder avec elleuh enfin chez elle quand j’me retrouvais chez elleuh léééés planches de de Gotlibeuh et ensuiteuh bin j’ai j’ai découvert Les Dingodossiers et la Rubrique à Brac euuuh qui là sont devenus très viteuh des bibles installées sur euh mes bibliothèques successiveuhs et que je lis désormais euh euh religieusement à mes enfants qui eux-mêmes les lisent seuls, c’qui signifie quand même quelque choseuh euh, et c’qui est assez drôle finalement c’est que Marcel Gotlib il est d’venu une sorte de madeleine pour moi, alors même que je n’l’ai pas lu enfant, mais il y a quelque chose en lui et je pense que c’est parce que lui a su euh conserver une une grande part d’enfance en lui euh qui résonneuh en moi très très fort et et et et très régulièrement euh j’ai envie de me mettre sous une couvertureuh avec un thé des biscuits, les Dingodossiers et euh et être dans uneuh dans une espèce d’élan régressif comme ça alors même que je n’l'ai pas lu enfant. »
Je sens que vous n’êtes pas convaincu, alors je vous en remets une petite couche.
Remarque au préalable, Edika n’a jamais dessiné dans l’Écho des Savanes, mais c’est pas grave, nous pardonnons tout à la spécialiste BD de « Elle ».
« … vous pouvez Catherine Robin qualifier l’humour de Gotlib ?
- Gotlib c’est pas un un un en tout cas c’est pas à mes yeux pour c’que j’connais d’lui, parce que j’crois pas connaîtreuh tout, j’ai encore plein d’choses à découvrir, c’est pas un adepte du du gros gagueuh à la fin d’la pageuh euh tagada tsoin tsoin la la chuteuh va va tout dévoiler et va vous faire exploser d’rire. Non. Quand on prend une planche de Gotlibeuh, y a à l’intérieur même de cet’ planche des tas de petits détails menus, détails parfois écrits dans uneuh calligraphie typo... enfin une taille de de caractère de de lettrage toute petite et qui s’ra le nœud euh comique de la planche, c’qui rend la chose euh euh très intéressante du point de vue formel peut-être on r’viendra à la fin mais voilà c’est c’est ça aussi qui est puissant dans l’humour de de Gotlib c’est qu’ça il se donne pas facilement et après euh euh sur euh le type d’humoureuh de Gotlib bin euh tout ça beaucoup d’gens l’ont dit avant moi mais enfin bin ses références à l’humour anglo-saxon aux Mon aux Monty Pythooon euh à l’humour juif aussi donc euh emprunt toujours d’une certaine euh forme de de de à sse soubassement quelque chose de la tragédie aussi euh euh d’ailleurs euh en réfléchissant je me disais ah bin il il a quand même comme héros récurent cet Isaac Newton qui est quand même le père de la loi sur la gravité qui peut être entendu euh sous diverseuh enfin de diverses manières. Il a créé Isaac Newton enfin il le dit euh et il va en faire un personnage récurent qui se prend toujours euh (rire) qui est toujours euh toujours plus ou moins loin d’un pommier et qui va se prendreuh systématiquement une pomme sur la tête. Pas « Fiat lux » mais « Eurêka ». Et donc il reviendra euh très régulièrement dans la Rubrique à Braqueuh comme beaucoup d’autres de ses personnages euh comme la coccinelle euh et d’autres. »
Là c’est bon, vous avez compris que la qualité des intervenants n’est plus à prouver, que c’est du costaud, du blindé sur le plan de la forme comme du fond.
Quant à ceux qui avaient peut-être des choses trop intéressantes à raconter nous pouvons supposer que :
- ils ont pointé aux abonnés absents.
- la production ne connaît même pas leur existence.
En tout cas, Dieu merci ils n’étaient pas invités, ç'aurait été trop pointu pour nous, nous n'aurions rien compris.
Donc,
Le Bon plaisir - Marcel Gotlib (13/12/1997 et non 2009 comme annoncé à plusieurs reprises dans "Toute une vie") par Ruth Stégassy - Avec entre autres Claire Bretécher, Jean Solé, Patrice Leconte, Richard Gotainer, Daniel Goossens et Gotlib - Réalisation Josette Colin
et
Le Tribunal des Flagrants Délires de Claude Villers du 21/04/1981
* Oh la vache, c’est vraiment du Lelouch.