Forum des auditeurs passionnés et critiques de France Culture

Frappant : l'éditorial de Frédéric Métaizeau reprend exactement l'argumentation de P. Riché dans le Nouvel Obs, paru hier soir. Autre élément politique amusant : Voinchet et al. se demandent si l'unité nationale de Charlie va durer face au vote de la loi Macron (avec des amendements déposés par les frondeurs essentiellement sur le travail le dimanche…). On voit quand même mal le rapport.
Autre amusement : Noëlle Burgi (?) appuyée par Clémentine Autain, bien sûr, pense qu'il faut accorder à la Grèce une remise de dette comme on l'a fait pour l'Allemagne en 1953. Fine analyse politique : comparer un pays exsangue, ruiné, détruit par la Seconde guerre mondiale et un pays qui s'est vautré dans l'irresponsabilité financière pendant 50 ans (au moins, l'histoire de la dette grecque depuis le milieu du XIXe siècle est éclairante).
Par ailleurs, festival d'Autain ce matin ; lyrisme, approximations "(les Russes attaqués par une force occidentale"!!!), aveuglements, idéologie délirante, même Voinchet essayait de la ramener à la réalité, c'est dire.

ADADA
IMAMI
ANONA

A l'instant pour conclure la matinale, Marc Voinchet envoie des bisous à la stagiaire, puis en imitation de Francis Blanche, à toute l'honorable assistance publique, à son souffre-douleur Emmanuel Laurentin, à la France entière et même à la planète car il ne faut pas discriminer les pingouins et la matinale s'achève dans ce déluge de guimauve.

Quant à la pauvre stagiaire, surtout surtout pas de larmes car "ce n'est qu'un au-revoir". On a encore en mémoire les adieux provisoires de cette nunuche d'Avril Ventura si heureuse d'avoir trouvé là "une famille", alors parions que Maïwenn Guiziou (ça rime avec bisous - rime pauvre mais réelle) une fois obtenu son agrègue, agrègue de quoi on s'en fout et qu'est-ce que ça peut faire, parions, dis-je qu'elle reviendra comme assistante-titulaire. Même pas besoin de prendre sa carte au P.S., bravo et "à très vite", comme on dit entre cop's dans la société branchy.

Cela dit, en concluant cette matinale par "des bisous", Marc Voinchet n'a que 30 ans de retard. Il est encore dans l'ambiance que Libé -en ce temps-là en tête des ventes de quotidiens nationaux- a imposée à la génération branchée. Voinchet avait alors un grosse vingtaine d'années ; il était en train d'apprêter le short grâce auquel il se sentirait si bien sur les genoux de Jean Lebrun dans la matinale. Et sans savoir que 30 ans plus tard il occuperait à son tour la place du maître non sans avoir pris soin de lui demander ses conseils et de lui piquer ses tics, Voinchet ne savait pas non plus qu'il horripilerait l'auditeur même moyennement exigeant qui de là, n'aurait plus envie que de lui tailler un short.

[nolettrine]./...

Toutefois l'événement radiophonique de ce vendredi matin n'était pas le final déluge de bisous, mais plutôt , que l'invité politique de la semaine (formule servant à masquer le fait que 95% des sujets de la matinale sont des sujets politiques) a été transféré du mercredi au vendredi. Probablement par désir d'une meilleure adéquation avec la présence de la journaliste dessinateuse satirique, en fin de compte c'est une bonne chose, ces deux calamités pouvant s'annihiler mutuellement, sauf bien sûr si elles s'additionnent et ce matin c'est plutôt le cas.

Et sinon, qu'avons-nous appris ? Eh bien en premier lieu nous avons pu constater l'ambition politique de Stéphane Le Foll qui aura réussi un quasi sans-faute : un numéro de politicien archi brieffé pour briller dans les médias : se montrer sympathique, répondre sur tout avec une douce autorité intellectuelle, ne pas faire de faux pas, et ensuite se précipiter sur l'évaluation encore chaude de son passage radio par le pannel rassemblé à cet effet.

Quasi sans faute, seulement, parce qu'il lui arrive d'hésiter un peu longuement quand il faut commenter l'action d'un collègue ministre, en l'occurrence Ségolène Royal. Le Foll hésite : faut-il la flinguer, faut-il la cirer, ou bien ayant ménagé la chèvre Royal il ne s'agit plus que de flatter le chou de Voinchet ? Hum hum, le numéro n'est pas encore tout à fait au point, mais gageons qu'il va encore progresser : un bon passage au ministère de l'agriculture est une étape vers les hautes marches du podium politique. Stéphane le Foll est en train de rêver à une brillante suite de carrière. Par le ton et par la musiquette de sa parole, ça s'entend dans chacune de ses phrases.

Malaise ce matin lorsque Voinchet invite une avocate camerounaise exilée anti-Bia et deux chercheurs participants/organisateurs d'un colloque "Genre et je ne sais quoi en Afrique" et les interroge sur Boko Haram. Et là, l'avocate qui se préoccupe davantage de Bia que des habitants du Niger ou de son pays assassinés, déportés, vendus par milliers ou les villages incendiés, les villes bombardées, répond qu'il faudrait savoir d'abord qui est Boko Haram. Et si on organisait un autre colloque à Paris ou à Genève pour savoir? Hein? Les deux experts insistent sur la situation sociale dans le nord du Nigeria et que la solution est là. Certes, BH triomphe dans une région abandonnée d'un pouvoir central veule et corrompu. Et alors? Faut-il attendre que BH prenne le pouvoir, impose un régime salafiste, la charia, continue à vendre les jeunes filles, massacrer les hommes? Cet aveuglement certifié CNRS est écœurant. Voinchet lui-même est interloqué par des vues aussi étriquées, aussi refermées sur elles-mêmes. Que BH continue à massacrer allègrement, l'important c'est d'analyser le contexte social et les problèmes de genre, n'est-ce pas?

Boko Haram, c'est la faute au capitalisme, au colonialisme c'est évident, nous explique doctement un des intervenants africains de ce matin, citant Anna Harendt, la citée à tout faire. Il n'a visiblement pas tout compris, mais c'est un professeur à Libreville. Jean-François Bayard, du CNRS, considère que "certes, on aimerait pas passer ses vacances avec BH" ce qui résume assez bien sa position: le responsable c'est l'état nigérian, oublions, la secte, l'Islam, le satanisme. L'avocate camerounaise repart sur la situation électorale camerounaise (BH est d'abord du Nigeria, mais ce n'est pas important pour elle), cite le cas de ses clients et l'on repart sur l'homosexualité qui à ses yeux sert de bouc émissaire à Bia (c'est tout ce qu'il a trouvé?). Le professeur de Libreville nous dit que l'homosexualité pose le problème de l'absence de reproduction, que c'est un problème mondial, l'avocate précise que l'on croit que Bia avait été "la femme" du docteur Ovula (là on se frotte les oreilles, une avocate des DH utilise ce genre de vocabulaire! alors qu'elle vient de dire que Bia utilisait l'homosexualité dans ses sombres desseins?). On a envie de décrocher…

munstead a écrit:Boko Haram, c'est la faute au capitalisme, au colonialisme c'est évident, nous explique doctement un des intervenants africains de ce matin, citant Anna Harendt, la citée à tout faire. Il n'a visiblement pas tout compris, mais c'est un professeur à Libreville. Jean-François Bayard, du CNRS, considère que "certes, on aimerait pas passer ses vacances avec BH" ce qui résume assez bien sa position: le responsable c'est l'état nigérian, oublions, la secte, l'Islam, le satanisme.

Pas toujours des plus clairs était hier matin Jean-François Bayart, qu'on a entendu mieux inspiré aux temps où il était le récurrent invité de Culture Matin. Certes égal à lui-même en pourfendeur de ce qu'il appelle encore parfois le "néolibéralisme", il doit être un des 4 ou 5 derniers chercheurs sérieux à encore employer cette expression. Et puis voila que dans les 5 dernières minutes de la discussion, il enchaîne derrière l'autre invité le cinéaste, pour mettre l'Europe en position d'accusée : selon le premier la prostitution et le maquereautage qui asservit les femmes du Cameroun ou du Nigeria est le fait de maquerelles qui sont chez nous en France. Et pour le second la France est responsable doublement, car c'est sa politique prohibitionniste qui rend possible un tel trafic.

Ici on aurait aimé quelques précisions : qui donc est à l'origine de cette horreur : l'exploiteur qui exploite directement les victimes (on omettra soigneusement de préciser la nationalité de ladite maquerelle) ou bien le régime qui à 5 000 km de là tente de résoudre ses propres problèmes, et d'ailleurs réprime le proxénétisme, réprime le client, réprime tout ce qu'il peut mais pas la prostituée ?

Cela dit, concernant l'immigration à fins de prostitution et concernant surtout le consentement extorqué des femmes exportées, il faut rappeler que de telles pratiques sont de tous temps et font partie des rapports universels entre les pays riches et les pays pauvres. La chose ne date pas d'hier : il y a exactement 100 ans le japon envoyait en masse et en Malaisie des dizaines de milliers de femmes qui ne savaient pas ce qui, en tant que travailleuses émigrées, les attendait : une chambre dans le quartier réservé avec pour commencer la dette du voyage à payer.  Sacrée surprise pour celles qui débarquaient en Eldorado ! Shohei Imamura en a fait le sujet d'un saisissant documentaire bâti sur un témoignage très complet. Ca n'excuse rien ni personne surtout 100 ans après, mais ça remet en place la langue de bois des invités de cette matinale, langue de bois comique directement sortie des intellectuels parisiens : la comédie pseudo-situ de l'un, l'obsession LGBT de l'autre, et comme les deux enfourchées telles des canassons par Voinchet qui connait très bien le second sujet et pas du tout le premier, pour le coup c'est complet. Quant à Bayart, il expliquera certainement que la faute en revient au capitalisme .

Et justement, Voinchet est décidément très bien qualifié pour rater le train de son propre entretien. S'il écoutait un peu plus attentivement son invité, il aurait pu poser une question-clé à Jean-François Bayart : "quel lien faites-vous entre le prohibitionnisme de la prostitution en France et la traite des africaines à destination des bordels de l'Europe ?". Et puis d'abord quelle prohibition : la limitation de l'immigration ? La prohibition du proxénétisme ? La répression du client qui risque de pousser un peu plus l'activité vers la clandestinité ? Eh bien on n'en saura rien parce que là où Lebrun eut demandé à Bayart de préciser sa pensée, Voinchet lui a le nez sur son écran twitter et il attend que ça se passe. Résultat l'auditeur qui aurait pu comprendre quelque chose si Bayart avait été plus précis, l'auditeur ne saura pas exactement ce qu'il voulait dire mais tout ça n'empêchera pas Voinchet de continuer à placer au moins 3 fois par semaine "qu'on a le temps de s'expliquer hein, on est sur France Culture".

Que vaut un tel entretien, qui vous laisse avec toutes les questions-clé sur les bras ? Là est le véritable problème de ce qu'est devenu la matinale

./...

oui
./...
Là est le véritable problème de ce qu'est devenu la matinale  : c'est qu'un tel loupé n'a rien d'exceptionnel.

Il y a deux semaines recevant Pierre Nora, Voinchet tartine tant et plus sur l'article de 1972 "L'événement monstre" que Nora avait donné au numéro 18 de la revue Communications. Article qu'évidemment Voinchet n'a pas lu mais comme il y a le mot "monstre" dans le titre ça lui permet de gonfler un peu son baratin comme on gonflerait un soufflé au fromage avec une pompe à vélo. Et quand Pierre Nora revenant après tant d'autres sur ce rêve insensé de conserver les images les voix et par là d'une certaine façon les êtres, le rêve de Rabelais rêve de Montaigne, maintenant nous l'avons à portée de main eh bien qu'en faisons nous ? Nous avons raté de peu Racine et Châteaubriand, mais si nous les avions eu hein, hein ? Quel rêve non ? Eh bien les Racine et les Châteaubriand d'aujourd'hui, on les a et pour de bon et pour toujours, c'est génial non ? Euh en fait non, dit-il en substance notre historien.
Ecoutez-le donc si vous ne me croyez pas : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/01/s04/NET_FC_451b2c6b-fd78-4d56-99fc-874b4bffdf6d.mp3" debut="83:47" fin="84:22"]
Oui écoutez et remarquez comment cette remarque  ... tombe à l'eau parce que Voinchet avait une autre question toute prête, comme par hasard il préfère commenter la politique. Même Lebrun n'eut pas laissé passer une telle perche. Voinchet ayant d'autres perches en vue ne pense qu'à enchainer. On ne saura donc pas ce que voulait dire Nora.

(yawn)

Un dernier exemple car cette fois il se fait tard : le lendemain, jeudi 22 janvier la matinale accueille Nicolas Bouzou venu présenter l'économie française vue de l'étranger, mission dont il va s'acquitter "avec un incorrigible optimisme" dit à-peu-près Voinchet comme à chaque fois qu'il accueille un économiste qui ne se conduit pas en profiteur de la crise venu pour vendre une salade d'alarmisme. Bouzou explique pourquoi l'économie de notre pays a tout ce qu'il faut pour être florissante, si seulement, si seulement.... si seulement on voulait. Car selon lui la solution est tellement évidente que (ici l'auditeur baille car 789654123 invités l'ont déjà donnée sur l'antenne) va-t-il le dire oui il le dit : vlan c'est la faute au Code du travail, sauf que sauf que : à exactement 8h29 Bouzou place que les gouvernants savent très bien comment faire, et s'ils ne le font pas c'est qu'ils ne le veulent pas. Et tac !
Ecoutez-donc ça : [son mp3="http://franceculture.fr/sites/default/files/sons/2015/01/s04/NET_FC_6cec9328-25dd-45ba-b5fb-557fd0e9ddf3.mp3" debut="119:10" fin="119:40"]
La moindre des choses eut été de lui demander de s'expliquer, que diable ! Alors les dirigeants du pays depuis environ 30 ans invoquent le chômage comme source de nos mots, et pourtant ils ne veulent pas en venir à bout ? Mais expliquez nous ça mon vieux... Mais Voinchet ne fera pas cet effort. C'est que Marc Voinchet une fois de plus n'en a cure. La seule chose qui l'intéresse est de savoir s'il va oser ou non se faire prendre en photo devant de la machine à café avec Amélie Perrier afin d'avoir quelque chose à envoyer en province à sa famille qui lui demande désespérément quand il va enfin se marier. Nicolas Bouzou, brave garçon un peu comme un Philippe Manière en encore plus jeune, repartira avec son thème non traité mais c'est pas grave il reviendra l'an prochain avec un autre livre et ce jour-là Voinchet laissera passer une autre question-clé.

Ainsi va la matinale de France Culture, ou plutôt ainsi elle ne va plus mais alors plus du tout...

Voinchet invitant Pierre Rosanvallon, il fallait s'attendre à la matinale à la fois la plus lénifiante et la plus soporifique depuis longtemps. Le pari est gagné. 2 jours après Hollande qui réinvente la poudre voici Rosanvallon qui réinvente l'eau tiède. Et Marc Voinchet en rajoute avec ses questions à rallonge, et tandis que son invité décolle lourdement, monsieur décryptage l'interrompt pour se reformuler interminablement à grand renforts de offon, de sandoute et de quissait, d'ailleurs contradictoires quand il conclut par "c'est ce que font bien des parents avec des raisons sans doute mauvaises qui sait ?". Preuve supplémentaire que ce type ne comprend même pas ses propres tours.

Alors qu'on s'enlise dans les arguties retentit un bruit de clochette en provenance de la garderie : aaaaay'eeeeeeest Louison a tout juste fini de faire caca. Ce studio réussit le miracle de réunir des séniles et des immatures encadrés par un adulescent de 50 piges c'est trop. Je coupe.

Saperlipopette si seulement France Culture pouvait pratiquer la chaise vide du côté des producteurs et pas seulement du côté des invités : regardez bien les premières minutes de la vidéo : pendant qu'Etienne Klein répond aux questions de l'ignorant qui anime ce matin la matinale, la caméra nous montre imperturbablement le fauteuil de l'homme invisible. L'auditeur, lui, rêve d'un producteur muet ou bien du plaisir de devenir sourd pendant les brefs moments du commentaire de Nicolas Martin.

http://www.franceculture.fr/emission-les-matins-comment-parler-des-sciences-aujourd'hui-2015-02-10

Ensuite si vous voulez rigoler, passez à la 6e minute de la vidéo : de 5'10 à 6'25 environ, la caméra se lance dans un mouvement qu'on dirait filmé sur la lune et il faut quelque chose comme 75 secondes pour que Klein se retrouve dans le cadre.

Les bouffons de la radio apprennent lentement l'usage de la caméra. C'est pas demain la veille que lAUrENT gOUmARRE pourra dire triomphalement que "mainnenant la radio c'é de la tévé"

Métaizeau dans ses œuvres ce matin: La France-Allemagne revit. Enfin. Merkel et Hollande sont à Minsk pour essayer de trouver une solution à la crise ukrainienne. Bon, le citoyen lambda trouve cette démarche intéressante. Que les chefs des deux plus puissants pays d'Europe se déplacent plusieurs fois en deux semaines pour tenter de retrouver la paix semble louable. Pas pour un Métaizeau. Il ne se laisse pas prendre à ces jeux sournois, lui. Et d'abord, pourquoi ce n'est pas l'Europe qui va à Minsk, Hein!, qu'en pensent les Baltes (ils sont ravis), les Italiens (ils soutiennent), les Pays-Bas (ils s'en fichent un peu), la Grande -Bretagne (a sa diplomatie à part depuis la Magna Carta)? Ensuite, ce rabibochage entre Merkel et Hollande qui manifestent "bras-dessus bras-dessous" lors du grand défilé Charlie, cette Merkel qui appuye sa tête sur l'épaule de Holland (on aimerait d'ailleurs avoir le contexte te les détails sur cet instantané), tout cela est de la mise en scène. Ensuite, comme dit on ne sait trop qui, "Sarkozy avait su bien mieux réglé le problème de l'Ossétie (là on se pince violemment , l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie sont passées sous la coupe russe et l'on a froidement laissé tombé la Géorgie, et, de plus, on ne connait pas encore les clauses de l'accord éventuel de Minsk). Enfin, "Hollande risque de fâcher Mélanchon". Oui vous avez bien lu et entendu. Métaizeau remporte l'ânerie d'or à trois barrettes de diamant. La politique étrangère de la France devrait éviter de "fâcher Mélanchon". C'était Métaizeau, qui n'était pas du voyage de Téhéran. Grave erreur de Voinchet de se priver des interventions d'un tel phare de la pensée.