Souvent je me dis que nous harcelons ce pauvre Voinchet par pure paranoïa canine : un os à ronger avec lequel nous jouons, que nous enterrons un ou deux jours, allons déterrer et croquons avec encore plus d'allant. Mais ce matin, j'ai eu le plaisir d'entendre une invitée se rebeller, elle aussi, contre les procédés du joyeux sire. Irène Théry, coupée dans une explication importante et claire a envoyé à Voinchet un "Mais laissez moi donc terminer ma phrase!" et a poursuivi. Après la forme, le fond. Un peu plus tard, Voinchet mal inspiré, a parlé d'un travail "militant" au sujet du rapport officiel sur la famille. Cette remarque était un concentré de bêtise et dd'ignorance. Dire à une grande universitaire, qui a présidé une commission officielle diversifiée, composée de spécialistes dont on peut consulter la liste, qu'elle a fait un travail de militant est insulter la raison même de son travail, de son œuvre. Ou bien, faire des propositions qui ne vont pas dans le sens des excités de la Manif pour tous serait du militantisme? Par rapport à quoi? Par rapport au catholicisme traditionaliste de réactionnaires et anti-gueuse qui d'un coup deviendraient les défenseurs de la famille telle qu'elle devrait être? Théry a vertement et longuement répondu. Puis le pauvre homme s'est enferré dans des remarques sur les beaux-parents, complètement hors sujet de la filiation. On était si bien quand iil était à Kingali!
Pour bien faire remarquer à Théry qu'elle avait été longue, Voinchet s'est ensuite excusé auprès de Marine de la Moissonnière "de cette minute de retard". Eventuellement, il pouvait s'en excuser auprès des auditeurs, mais de MdM qui piaffait de ne pouvoir débouler son texte au quatrième top? Puis on nous a refait le coup de l'entretien "exclusif" avec un ancien capitaine qui sait tout sur le Rwanda, l'heureux homme. Enfin un. Il s'est tu longtemps, mais là, au bout de vingt ans, il n'en peut plus. Et on nous sort une théorie alambiquée sur la préparation des troupes d'intervention à bombarder Kingali, qu'un député PS, qui lui, a entendu en commission parlementaire tous les militaires, dément. Le capitaine aurait vu un ordre dans ce sens, puis en aurait reçu un autre, différent. Et alors! Dans une situation de ce genre, une force d'intervention doit se préparer à tout. Elle est jugée sur ce qu'elle fait et non sur ce qu'elle avait envisagé un jour théoriquement de faire mais qu'elle n'a pas fait, sachant que le capitaine sous-entend ici que l'on était prêt à bombarder des civils, cerise sur le gâteau de notre participation au génocide. Vivement une commission internationale pour éclairer cette horrible histoire, mais je vois mal ce que FC cherche en ce moment en lançant ce capitaine "en exclusivité" sans que sa parole ne soit analysée, voire confrontée. Le journalisme consiste-t-il à sortir des "témoins", sans vérification, sans commentaire, sans mise en perspective?