Bel exemple de pensée unique de la part de Claude Hagège. L'homme est une sommité, bête de scène et de plateau, idole obligée, icône, et en fait c'est surtout un redoutable enfumeur qui nous explique que l'anglais est une langue néolibérale : langue pauvre parce que riche tandis que le français est riche parce que pauvre. Inutile de chercher un raisonnement car il n'y en aura pas davantage que ce raccourci qui mélange le profit, les crises, la langue mais sans rapport clair puisque juste après, le dieu vivant de la langue nous apprend que l'anglais c'est aussi une langue libertaire. Quelle bouillie pour persuader l'auditeur de voter dans le camp du bien, et ensuite circulez, braves gens !
Eh bien non. Soyons un peu sceptique s'il vous plait : alors qu'il est de bon ton de dégoiser sur les 'experts', ces temps-ci, quand va-t-on ouvrir les yeux (les oreilles) sur l'enfumage idéologique de ces intellectuels qui balancent de la consigne politique sans complexe, du haut d'une chaire et d'un savoir qui n'ont rien à voir avec la choucroute qu'ils viennent nous vendre : en l'occurrence les anecdotes de philologie pour confirmer un message idéologique éculé. L'étayage n'est même pas squelettique :il est absent. C'était donc un beau numéro d'influence : l'agrégé de lettres, l'as des as en connaissance de la langue, en quoi est-il mieux qualifié pour parler société ou politique, que Cantona pour parler d'économie ?
La morale de cette première partie des Matins, c'est que sous couvert de lutter contre la pensée unique, Hagège fait passer en force une autre forme de pensée unique, mais pas plus crédible que celle qu'il cherche à dégommer. Cette pensée, c'est de la sociologie de café assise sur 3 observations du quotidien et sur ses allergies d'intellectuel pas spécialement qualifié sur la question. Pas besoin d'être dans aucun camp, juste celui des sceptiques, et de se soucier un peu de la **pertinence** , pour reconnaitre ce qu'a fait Claude Hagège ce matin : agiter des mouchoirs dans tous les sens, étaler un brio, disperser l'attention, et faire passer comme message un spectacle même pas amusant : sortir d'un chapeau linguistique une condamnation idéologique. Mais l'auditeur qui n'est pas là pour assister à un numéro d'illusionniste, l'auditeur qui cherche des idées fondées et étayées, il a reçu quoi ? Réponse : un numéro d'enfumage. A France Culture on prétend 'décrypter' le réel (passons sur le cliché), en fait on brouille le jeu...
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Dernière édition par Nessie le Jeu 26 Jan 2012, 13:09, édité 1 fois