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Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014    Page 35 sur 86

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Nessie 


341
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Les aventures de l'objectivité - 3 - Mer 07 Déc 2011, 15:04

./...
J'en arrive à ce qui aurait pu ne pas même faire débat et nous éviter cette grande boucle de 2 ou 3 pages : l'excès du relativisme qui ne va pas sans risque d'auto-enfumage initial suivi de l'enfumage d'autrui, même involontaire. Car vous concluez ainsi :

Basil a écrit:[...] Conclusion : Le réel humain n’est pas objectivable, sauf à vouloir objectiver des relations dont on veut se débarrasser, peut être pour mieux développer les siennes et, pourquoi pas, asseoir une domination. [...]

(Je renvoie la discussion sur la domination à un échange ultérieur)

Voici donc l'alpha et l'oméga du relativisme, qui permettrait de réfuter l'objection faite à Jorion. Si vous tentez de me dire qu'on ne peut pas parler du vivant ni des relations humaines et pas non plus de la vie sociale sans les dénaturer, j'en suis bien d'accord. Mais ça ne donne guère plus de poids aux propos d'un Jorion qu'à ceux de ses adversaires.

Nous sommes en ce moment en train de parler de la réalité économique, ou plutôt de l'image que nous nous en faisons, et de la justesse de cette image. Dans la sphère des intellectuels et même en descendant jusqu'à notre lower-intelligentsia, personne n'est assez fou pour confondre le réel avec l'image qu'il se fait du réel. Toutefois, celui qui en s'appuyant sur cette image, parvient à produire du sens recevable et une action valide, peut accorder **un certain crédit** à cette image. En face, nier que la réalité existe est un jeu intellectuel amusant et même propre à faire mûrir l'esprit, mais c'est une position intenable pour quiconque est en quête d'un savoir structuré. Arguer que l'image parfaite étant impossible, toutes les images se valent, ou pire : dénigrer une image au motif qu'elle est imparfaite pour en proposer une qui soit -elle- dénuée de justifications objectives, là il me semble qu'on franchit une ligne, et si ce n'est celle de l'honnêteté rhétorique, alors c'est la limite de l'erreur ou de la folie .

Pour autant, il est permis de douter de l'image communément acceptée. C'est même ce qui fait le génie des découvreurs. Mais quand on veut offrir de la réalité une image juste, plus juste que l'image acceptée par la communauté, il faut au moins produire cette nouvelle image en respectant un code d'objectivité, faute de quoi on se condamne à demeurer dans une obscurité qui, volontaire et prosélyte, revient à de l'obscurantisme. Il me semble que dans ses interventions radio, Jorion est dangereusement proche de cette dernière attitude, et que son propos se résume à une vision historique simplifiée, additionnée d'une condamnation morale ; or ni l'une ni l'autre ni la somme des deux ne pourront se faire passer pour du savoir. Le malheur est que lui-même, habile pour contester la réalité d'autrui ne semble guère accepter qu'on remette en question la sienne. Et dans un deuxième temps sur ce forum notre débat s'égare dans la terminologie. Alors revenons à ce qui distingue un intellectuel d'avec un idéologue :

Dans le relativisme mis au service de l'idéologie, on décèle un tour rhétorique usuel, courant chez des gens comme Bourdieu, et chez ceux qui s'efforcent de faire douter des autres tout en restant eux-mêmes imperméables au doute. Le trick serait le suivant : en premier ressort, sous couvert de sagesse et d'humilité scientifique, ils nous disent que :
- la neutralité n'existant pas, en y prétendant nous sommes dans l'erreur
- la réalité empirique étant inatteignable, l'image que nous en proposons n'est pas recevable
- l'objectivité parfaite étant impossible, nous ne pouvons y prétendre

Dans un second temps et guère soucieux de justification dans l'autre sens, celui qui conteste notre réalité nous en présente une autre, étayée un coup par le mensonge statistique (Bourdieu), un coup par le charabia incompréhensible (Maffesoli) , un coup par l'entourloupe au réel (Jorion).

Le trajet serait donc le suivant : "la vérité n'existant pas, vous ne pouvez y prétendre, et vous devez donc accepter ce que moi j'en propose comme image". Ainsi font certains intellectuels, hélas. Mais les militants et les journalistes engagés ne font guère autrement . Je suis désolé de dire que je ne vois là qu'entourloupe. Et je dirai aussi mon grand étonnement qu'une telle manipe fonctionne, si je ne savais que l'idéologie fournit à l'enfumeur une bonne quantité de l'énergie et du culot nécessaires à la manipulation.



Dernière édition par Nessie le Jeu 22 Déc 2011, 09:46, édité 2 fois

Nessie 

Nessie

342
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Il y avait un sujet.... - Mer 07 Déc 2011, 15:20

./...
Je crois que nous devrions revenir au débat, en le dégraissant de ce qui nous a détourné du sujet :
- les mésententes pour raison de sémantique ou de terminologie
- l'injection relativiste qui mine le débat quand elle est mal maitrisée ou mal conçue
- les dérivations psychologiques et autres procès d'intention sur la nécessité pour X ou pour Y de croire de comprendre ou d'accepter ou de refuser telle ou telle thèse, attendu que sa position personnelle est que ... etc etc.
- j'en dirai autant des interprétations par la domination : elles rejoignent peu ou prou le procès d'intention, sont elles-mêmes l'exercice d'une autre forme de domination, et comme les précédentes, elles propulsent la discussion en dehors du sujet.

Certes, avec la domination nous aurions un sujet en soi, mais il serait préférable de ne pas engorger ce fil des Matins avec un nouveau débat hors du sujet radio, et qui demanderait probablement autant d'efforts de clarification que les pages que nous venons de fournir avec notre désaccord sur la notion d'objectivité. De façon générale, et quoique le sujet soit réel, je pense qu'on lui accorde beaucoup trop de crédit et de place, mais sans aller au fond de sa réalité. Et que ce faisant, on n'en fait qu'un tour rhétorique stérile. Un exemple en a été donné par Jorion lui-même : celui qui le contredit se trouve assimilé à un valet du système, suivant son intérêt de préserver ledit système. C'est quand même très pauvre, ça, comme argument. Mais si on veut absolument parler de la domination, alors ça fera un très bon fil dans la section "Conversatoire".

Emmanuel Todd disait que le débat politique est empoisonné depuis 20 ans par le Front National. Pour ma part je pense que le débat sur l'économie politique est empoisonné par la tendance des militants et des idéologues à le faire dévier systématiquement hors du sujet, et non pas sur le mode de la réflexion analytique comme vous le faites Basil, mais presque toujours sur un mode accusatoire.

De même, d'ailleurs, que le débat critique est si souvent détourné par ceux qui, visés (de Bourdieu à Lebrun en passant par les Jorionistes et Matthieu Garrigou-Lagrange) ne savent pour répondre, que renvoyer à l'auteur du propos critique un procès en légitimité. Je ne parle pas de vous Basil, mais des réponses que nous recevons ailleurs, sur les sites où se poursuit une sorte de débat , comme celui de FC et sur FaceBook. Là nous voyons à l'oeuvre exactement le même mécanisme ; mais comme c'est un autre sujet, je n'en dis pas plus. Je me suis juste payé le plaisir de réunir ces dérives dans le même tiroir rhétorique. Remisons un temps les tours rhétoriques s'il vous plait, et revenons au(x) sujet(s)...

Bien à vous



Dernière édition par Nessie le Mer 11 Jan 2012, 11:26, édité 2 fois

Persil 


Invité

343
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Re: Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Jeu 08 Déc 2011, 20:19

Clap, clap, clap....

murgier 


344
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rigueur journalistique - Lun 12 Déc 2011, 13:22

ce matin 8h brice couturier interview un invité:"l'esperance de vie des allemands a baissé de 4 ans ds les dix dernieres annees!!!"
un peu etonné ,je consulte les donnees de la banque modiale section santé qui bien sur montre une augmentation reguliere et continue jusqu'en 2010 (derniers chiffres connus).
un peu de logique et de bon sens ne nuit pasau journalisme avant d'affirmer un non sens à une heure de grande ecoute;assez decevant pour une chaine culturelle
PS :savez vous que meme la population de la somalie a tres fortement augmentee ds les dix dernieres annees?

Nessie 

Nessie

345
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Re: Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Mar 13 Déc 2011, 02:36

murgier a écrit:ce matin 8h brice couturier interview un invité:"l'esperance de vie des allemands a baissé de 4 ans ds les dix dernieres annees!!!"
un peu etonné ,je consulte les donnees de la banque modiale section santé qui bien sur montre une augmentation reguliere et continue jusqu'en 2010 (derniers chiffres connus).
un peu de logique et de bon sens ne nuit pasau journalisme avant d'affirmer un non sens à une heure de grande ecoute;assez decevant pour une chaine culturelle
PS :savez vous que meme la population de la somalie a tres fortement augmentee ds les dix dernieres annees?

Aneffet : logique et bon sens dites-vous, je dirais plutôt culture journalistique. Mais c'était Marc Voinchet et non Brice Couturier, qui a recueilli ce chiffre de Jacqueline Hénard vers 7h45. Marc Voinchet connait mieux l'actualité des loisirs et des divertissements, peut-être même des arts, qui sait ? Pour l'économie politique et la sociologie, il lui manque plus que des bases. Je ne sais pas si un Vincent Lemerre ou un Confavreux aurait donné dans le panneau.

Recevoir avec pertinence la parole de l'invitée de ce matin supposait de connaitre l'inertie des réalités démographiques : la masse, le nombre, les moyennes glissantes, rendent peu crédible un tel recul en si peu de temps. Pour l'auditeur, il est permis de s'interroger : à défaut d'un événement à la fois massif et brutal, l'explication pourrait être cherchée dans une modification du mode de calcul, ou dans la réintégration d'une partie de la population qui en était jusque là écartée des comptes (et dans ce sens l'étude longitudinale devait être redressée).

Si on renonce à une matinale culturelle, alors il faudrait veiller à ce que les journalistes disposent d'une connaissance suffisante de certaines disciplines dont la démographie. Par "suffisante" j'entends qu'elle devrait dépasser la lecture des tableaux et des indicateurs-clés qui servent à consolider des bilans ou des diagnostics. Faute de quoi, on loupe le sens. Quel serait le sens de la modification annoncée ce matin ? S'il y a effectivement erreur, quel est le sens de cette erreur ?

Nessie 

Nessie

346
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La fable du perroquet et des experts - Jeu 22 Déc 2011, 09:31

Ce matin aux Matins, Marc Voinchet fait pitié, plus que jamais intoxiqué par les idées reçues de l'éconophobie ambiante, la même qui imprègne le paradigme idéologique de la chaine. On ne se demande plus quand ils vont virer leur cuti les moutards qui jouent aux journalistes à FC, on se demande s'ils vont la virer un jour. Résultat cette Nième matinale centrée sur l'actu dans une radio qui ne sait lire l'actu que par le petit bout de la lorgnette à la mode, celle des ados attardés jamais sortis du romantisme révolutionnaire. La même lorgnette d'ailleurs, qu'on tient à 4 mains dans les 2 partis populistes qui abaissent le niveau du débat politique en France. Et comme celui qui était situé à l'extrême gauche s'est ramassé comme une merde, l'éconophobie de France Culture ne sert que plus le parti de l'extrême-droite qui rafle des électeurs à la gauche autant qu'à la droite. Mais il ne faut pas demander à la linotte Voinchet de réfléchir aussi loin : il est trop occupé à s'en alarmer pour comprendre que lui-même se plaint de la température alors qu'il ne cesse d'envoyer des buches dans la chaudière.

En bon journaliste spongiforme -entendez par là que son esprit peu structuré absorbe et restitue les idées reçues de l'air du temps- tout au long de l'année Voinchet surfe avec une joie mauvaise sur chaque nouvelle avancée de la crise économique, non sans tirer de la poche-cul de son maillot de surfer un mouchoir en silicone pour verser une larme sur la consommation des ménages, tout en tapant vigoureusement de sa dernière main libre sur la "sauciété de consommation". Voila les contradictions qu'on entend toute l'année dans la matinale. Voila les niaiseries qu'on entend toute l'année dans les Matins.

Un bel exemple aujourd'hui : parce que l'invité Lionel Zinssou se démarque explicitement du catastrophisme ambiant, Voinchet ne cesse de lui renvoyer "vous êtes un incorrigible optimiste". Mais que répondre à un "incorrigible optimiste". Facile : il suffit de lui sortir le verdict de l'expert absolu, icône de l'éconophobie, l'inénarrable Paul Jorion : "le système financier est foutu il ne marche plus". Jorion qui n'est sorti indemne d'aucun débat avec un économiste sérieux, Jorion qui maintenant les évite soigneusement tout en prétendant que c'est lui qu'on évite. Je regretterai longtemps qu'il n'ait pas eu lieu, le débat prévu en juin dernier entre Jorion et Peyrelevade. Et pourquoi ce matin c'est pas Jorion qui est face à Zinssou ? Réponse : Jorion a préféré déléguer sa parole à un émérite intellectuel qui en sait autant que lui sur l'économie : Marc Voinchet ! Zinssou a beau argumenter, faire preuve de pédagogie, expliquer le fonctionnement de base de la mécanique financière, Voinchet ne sort pas de là : "oui, mais s'il est foutu, il est foutu...". Et il répètera à plusieurs reprises son refrain "vous êtes un optimisme incorrigible". Mais l'autre, qui domine la situation, ne lui renverra pas que lui Voinchet est soit un cynique faisant ses choux gras du pessimisme médiatique, soit carrément un moulinet à idées reçues, entendez : un perroquet amusant.

Cet exemple de joie mauvaise c'est ce qu'on nous sert toute l'année dans la Matinale, orchestrée avec une ignorance satisfaite d'elle-même. L'abattage radiophonique de Julie Clarini a été remplacé par le ton débonnaire de Voinchet, mis au service des mêmes âneries. C'est un martelage, mais c'est un martelage mou parce que Voinchet n'est pas un idéologue dur mais un mollasson. Un mouton qui suit l'immense troupeau anti-capitaliste rebaptisé anti-libéralisme, le même troupeau où l'on ne cesse de cracher sur le fric tout en en demandant toujours plus pour soi. Le même troupeau gavé de la soupe que lui sert France Culture, où l'on ne cesse de ricaner contre l'activité économique et contre la sauciété de consommation, tout en hurlant au crime contre l'humanité si on leur dit que pour cause d'endettement (on n'ose pas dire "de 30 ans de surconsommation irresponsable") il serait nécessaire de réduire un peu le train de vie.

Pour autant, tout ne va pas si mal dans ce rafiot qui suit sa route quand bien même à la barre les navigateurs sont incompétents : malgré le brouillage du Voinche les deux invités ont pu exposer leur point de vue. On ne sait pas bien ce que l'auditeur retiendra de cette pilule anti-crise arrosée de l'insipide sauce voinchesque. Probablement un bilan simple, non-catastrophiste donc résolument à contre-courant de ce qui fait des choux gras de la rédaction. De là un regret en fin d'émission quand on apprend que la semaine prochaine sera animée par Brice Couturier. Tudieu la bonne idée ! Un regret oui : que les invités de ce matin n'ayent pas été prévus pour la semaine suivante. Et un espoir aussi : tant qu'à faire une matinale exclusivement centrée sur l'actu, pourquoi ne pas la confier à quelqu'un de compétent ?



Dernière édition par Nessie le Mer 11 Jan 2012, 11:12, édité 1 fois

Gomez 

Gomez

347
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Re: Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Jeu 22 Déc 2011, 10:20

Nessie, vous êtes sévère mais juste envers Voinchet - qui a aussi montré hier son incompétence totale en matière de justice, confondant allègrement parquet et siège - , mais un peu indulgent avec les deux économistes invités, qui m'ont paru annôner les idées reçues libérales (gouvernance, gouvernance..., croissance, croissance...) aussi bien que Voinchet son indignation niaise. Ainsi j'aurais été curieux de connaître la différence que font nos deux spécialistes entre "dépenses de fonctionnement" (à réduire avec plus de "gouvernance") et "dépenses d'investissement" : supprimer des postes d'infirmiers ou de profs par exemple, cela relève de quel domaine?
De même, quand Couturier est là, j'aimerais savoir quelle est sa vision à long terme: une fois la France rendue plus compétitive grâce à une baisse des salaires, une précarisation accrue, une réduction du périmètre de l'Etat providence, qu'arrivera-t-il? Gangnerons-nous des marchés? Aux dépens de qui? L'Allemagne? La Chine? Que feront ces pays? Nouvelle réduction des salaires, etc.? Bien sûr, avec Voinchet, on ne rentre pas dans ce genre de détail.
En fait le problème, c'est que dans les années 90 beaucoup de gens taxés à l'époque d'antimondialistes et regardés de haut par les économistes dits "sérieux" prévoyaient que la libéralisation des marchés et la compétition mondiale allaient un jour mettre en péril les fondements de l'Etat providence, que ceux-ci seraient un jour dénoncés comme un luxe au n om de cette fameuse compétition mondiale. Qu'on dirait un jour: "vous vivez au-dessus de vos moyens avec vos retraites, votre système de santé, etc.". Les économistes "sérieux" répondaient que non, pas du tout, la mondialisation est une chance, tout le monde en sortira gagnant. Les entendre maintenant, et Brice Couturier avec eux, dire: "vous vivez au-dessus de vos moyens, il va falloir réduire les dépenses, il va falloir faire preuve d'une meilleur gouvernance", avouez que cela n'incite pas à les prendre très au sérieux.

Nessie 

Nessie

348
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Re: Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Jeu 22 Déc 2011, 14:18

Bonjour à vous et merci de cette réponse

Je ne me souviens guère des débats des années 90, car à l'époque ce que j'entendais sur France Culture n'était pas encore focalisé sur les questions dont vous parlez. L'évolution du système économique mondial ne faisait pas encore le fond de 75% du programme comme aujourd'hui où il infecte jusqu'aux documentaires et aux fictions (avez-vous entendu la délicieuse micro-fiction cette semaine ?) pour faire de la fréquence de FC un rouleau-compresseur de propagande éconophobe. En ces temps-là, il était possible, en bon lecteur-de-Marx-non-marxiste-donc-fidèle-au-vieux-Karl, de chercher l'épanouissement individuel en dehors des contraintes du cadre économique. Ce temps est terminé : les marchands d'idéaux ont envahi la station comme de nouveaux prêtres investissant une enclave ; le sentiment du malheur et le fantasme du désastre se vendent maintenant à la place du bonheur des idées et du plaisir d'apprendre. Adieu France Culture, et bonjour France-Manipe.

En ce qui concerne l'exposé économique de ce matin, j'ai l'impression qu'il peut tenir en 4 ou 5 items, du niveau d'une classe d'initiation. Le dommage est bien que l'excellent Marc Voinchet soit au-dessous de ce niveau, et moins soucieux de son niveau de connaissance que de son intégration sociale dans la Rédaction et dans le cercle des Jorionistes où il parait que les réveillons sont de qualité. Mais il y a pire : le fait que deux invités comme Zinsou et Lenglet, placés à tel niveau de sommité et de responsabilité ne s'aventurent pas à en dire plus, cela est le signe que cette matinale est privée de substance : si elle ne peut nous servir que les délires d'un Jorion et le B-A-BA de l'économie, alors à quoi bon faire autant flèche de cette crise, sinon pour vendre du vent ? En clair : FC devient un média comme les autres : marchand de frousse, marchand de signes, marchand d'air...

A part ça, pour le plaisir de contredire sur un point très secondaire quelqu'un d'aussi civil que vous semblez l'être, eh bien je ne crois pas qu'il y ait en France des idées reçues libérales. Je veux bien croire qu'il y a des chapelles libérales (universitaires et autres, think tanks etc) et même dotées d'un pouvoir très réel sur la doctrine officielle et donc le fonctionnement économique. Là-dessus je n'aurais guère de peine à souscrire à votre critique de l''expertise officielle même sans être capable de l'alimenter. Il me semble évident que ces chapelles cultivent et diffusent un contenu où l'on trouvera (outre, je le crois, des idées justes) des idées fausses, des théories erronées et contredites par la réalité économique. Mais d'idées reçues point.

Les idées reçues sont cette bouillie qu'on entend dans la bouche des ignorants qui, plutôt que de chercher à comprendre ce qu'ils disent, se montrent surtout pressés de répéter un catéchisme pour sa valeur de signe, pour le bénéfice d'intégration sociale qu'il représente, et pour d'autres motifs qui ne sont pas beaucoup plus reluisants que ce qu'eux-même reprochent à d'autres I mean l'appât du gain ou le désir de manipuler les pigeons. Leurs mobiles sont à chercher dans les bénéfices qu'apportent le racket moral, la culpabilisation, la domination par la peur, la consigne de vote, et pour les gens de média le pouvoir d'attraction qu'ils en tirent sur leur auditoire soucieux de ne pas se laisser bousculer. Or l'anti-libéralisme, tout comme l'anti-racisme, est un des conforts intellectuels de l'époque. Si je ne remets pas en question la justesse de ces deux attitudes tant qu'on trouve à la base un solide fondement intellectuel ou moral, par contre je crois sujettes à caution la sincérité profonde et la pertinence de ceux qui colportent ces quelques "anti" bien commodes, et d'autant plus quand il s'agit d'un petit business perso bien rentable comme chez la plupart des microteurs de cette station.

De même je ne crois pas qu'il y ait d' "idées libérales à la mode" (je tire cette expression non de votre post mais de je ne sais plus quel autre). Vraies ou fausses, justes ou erronées, les idées libérales sont actuellement diabolisées et pourchassées par presque tout ce qui se vante de faire usage de son cerveau, et pas seulement à l'antenne de FC. Qu'on trouve sur France Culture incrustés dans les studios 3 ou 4 loustics ouvertement positionnés dans le pro-libéralisme (Slama, Bourlange, Casanova, peut-être Pastré) et aussi quelques invités récurrents (Reynaud, Cohen) capables de ne pas déverser une barrique d'acide chaque fois qu'ils se trouvent face à un idéologue du libéralisme, cela ne suffit pas à créer une mode d'idées libérales. Mais ce qu'on entend saturer le programme de France Culture est précisément la mode inverse : l'anti-libéralisme superficiel, réflexe (écoutez Voinchet), chic et bien porté aussi bien par le Voinche Clémentine Hubert, mais aussi Adler Bourmeau Noudelman (bon j'arrête ici mon inventaire car le pavé de saisie n'est pas en cinérama), que par nos préférés comme Veinstein et Jeanneney, et par d'autres dont je préfère ne rien dire de plus, disons Madame le Pen, pour une fois à la mode.

Le problème est que France Culture qui a longtemps diffusé de la culture -entendez : de quoi enrichir notre esprit- se mêle maintenant d'intervenir dans le débat des idées politiques, mais ne semble pas capable d'y mettre le prix. Résultat : on recrute surtout des bavards capables d'anonner des idées molles, celles qui font chaud au coeur parce que quand on est bien serré dans un troupeau d'animaux laineux on a forcément chaud. Mais jusqu'à l'irruption récente d'un Brice Couturier il n'y a pas de débat, parce qu'il n'y a pas de volonté de débat. L'enjeu est ailleurs et il est résolument a-culturel : l'objectif est d'agiter les marottes en phase avec la mission idéologique et donc le paradigme idéologique de la station : anti-libéralisme, écologisme, misérabilisme, ethnophilie primaire, culpabilisation de tout dominant quel que soit le degré de sa domination et le secteur où elle s'exerce. Cette dérive infecte même les intellectuels de valeur : Jean-François Bayart invité à la matinale de Jean Lebrun en 1997, y contestait la vision courante du phénomène identitaire, et l'auditeur en tirait un surcroit de compréhension du monde. Le même Bayart invité par Voinchet en décembre 2011 pour croiser le fer avec une semeuse de frousse (celle-là en phase avec un autre paradigme de la chaine : la quête d'audience par l'alarmisme) en vient à défendre malgré lui la même niaise ethnophilie qu'il pourfendait avec humour il y a 15 ans...

Ainsi va -ou plutôt ne va pas- la mission **culturelle** à France Culture. Quelque chose ne tourne plus rond dans notre radio culturelle...



Dernière édition par Nessie le Mer 11 Jan 2012, 11:14, édité 2 fois

Nessie 

Nessie

349
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Re: Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Jeu 22 Déc 2011, 15:31

Gomez a écrit:[...] quand Couturier est là, j'aimerais savoir quelle est sa vision à long terme: une fois la France rendue plus compétitive grâce à une baisse des salaires, une précarisation accrue, une réduction du périmètre de l'Etat providence, qu'arrivera-t-il?
Les mesures que vous citez sont la pilule amère à avaler, mais je crois que Couturier ne s'en tient pas là : au delà d'une injection de rigueur budgétaire, il préconise de pendre exemple sur les voisins Allemands surtout au plan de la stratégie industrielle, notamment le choix des produits et des niches, avec un effort de l'Etat mis sur la reconversion des établissements et des hommes, donc l'équipement et la formation. Le tout intelligemment piloté (et non cadré par une bureaucratie à la française) et au service d'un esprit de concurrence car comme il le dit : plongés dans la même crise, la même mondialisation et avec la même monnaie, certains de nos voisins s'en tirent mieux que nous.

Je pense qu'il s'agit pas tant des idées d'un journaliste illuminé ou touché par une grâce mystérieuse, mais plutôt de la synthèse de ses lectures du côté de ses références habituelles comme Slate et Telos. La force de Brice Couturier en tant que journaliste vient aussi certainement de ses années de Cause commune, qui fait de lui un bon connaisseur des différents modèles économiques des pays d'Europe, capable de porter sur la France un regard excentré qui manque cruellement à la station.

Nessie 

Nessie

350
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La comédie du contre-pouvoir, suspendue le temps d'une matinale avec Agnès Varda - Ven 30 Déc 2011, 10:23

Agnès Varda dans la Matinale. Pour moi comme une gêne, je l'avoue, à écouter ainsi montés en épingle ses remarques et son regard, tous deux pleins de subtilité et d'intelligence créative, mais qui ressortissent à sa petite philosophie personnelle et à son carnet d'observation. Il y a un mélange de légèreté coupable et de lourdeur à nous envoyer tout ça comme de la soupe à l'heure du petit déjeuner, d'autant plus que c'est présenté comme un travail de "plasticienne", mot qui ne veut plus dire grand chose, et d'ailleurs elle le dit elle-même que ça la fait rigoler. Justement, typique de la plasticianerie de notre temps, voila une longue séquence sur les pommes de terre, d'ailleurs en oubliant qu'un autre enfant chéri de la station a déjà multi-traité le sujet : Henri Cueco n'est évidemment pas propriétaire de la nomenclature des tubercules mais enfin si les plasticiens d'aujourd'hui nous lisent des listes botaniques, merci, merci, c'est que l'art n'a plus rien à nous donner que nous ne sachions faire nous-même. Malgré tout, avec la bonne volonté de Pauline Muyl ce moment n'est pas déplaisant ; l'interview dans l'ensemble est plutôt réussie, puisque la sensibilité et le charme d'Agnès Varda opèrent. Sauf qu'on est là, typiquement, dans le people. Certes, c'est du people plutôt haut-de-gamme puisqu'il est au service d'un raffinement esthétique. N'empêche, le carnet d'observation d'Agnès Varda transformé en sujet de la matinale, si c'est comme ça qu'on échappe à l'obsession de l'actu (ah oui c'est vrai qu'on est vendredi), il y a de quoi désespérer...

Et puis voila, inattendu, un moment de radio quand l'icône maison redresse les choses en douceur. Il est 8h45, et Agnès Varda qui a suivi les cours de Marc Voinchet, interrompt la journaliste :

<< - Pauline Muyl : Alors je, je....
- Agnès Varda : Vous savez, ma chère... Pauline, Pauline (elle répond 'oui... oui....') . L'entretien que vous faites, si c'est pour France Culture du matin, où on a cinq minutes pour un artiste....
- PM (coupe) : non pas 5 minutes on a toute une matinale qui va vous être consacrée
- AV : une matinale ?
- PM : toute une matinale, c'est à dire ...
- AV (elle coupe) : c'est politique ?
- PM : non non, on a des matinales artistiques
- AV : aaaaah vous avez dit quelque chose de charmant : 'on a des matinales artistiques'. Au fond, si on pouvait tous avoir des moments de matinale artistique ça changerait un peu notre journée hein. L'autre jour justement y avait une chaine qui avait invité les gens à aller voir l'exposition de Baselitz sculpteur, à 8h du matin quand le musée est calme, vide [...]. Et j'y suis allée, j'ai vu cette très belle exposition, vraiment très bien exposée au Musée d'Art Moderne de la ville de Paris. Et je suis rentrée chez moi et j'ai commencé ma journée de travail comme tout le monde (sic) vers 9h. Eh bien, d'avoir vu quelque chose de beau pour commencer la journée, alors ça c'est une matinale artistique. C'est à dire que j'ai été toute la matinée et toute la journée encore dans le reste du plaisir que j'avais eu de commencer la journée en allant voir quelque chose de beau. Et on devrait ouvrir les musées de 8 à 10 gratuitement. Que toutes les entrées du matin soient gratuites [...]. Il faudrait donc qu'avant d'aller travailler on puisse gratuitement, comme on peut le faire à Londres à la National Gallery, on peut rentrer voir juste une peinture, la revoir et repartir. C'est comme se faire une ptite dose de quelque chose, c'est comme se faire un ptit shoot, un ptit shoot de beauté avant de passer à ce que nous essayons de faire. Ca serait pas mal. C'est une suggestion à donner aux Directeurs de musées. >>

./...



Dernière édition par Nessie le Mer 11 Jan 2012, 11:09, édité 6 fois

Nessie 

Nessie

351
Répondre en citant  
... et pourquoi pas la même suggestion au directeur de la radio ?? - Ven 30 Déc 2011, 10:45

./...

Je suggère de tirer les conséquences de cette sortie d'Agnès Varda, et surtout de ne pas s'arrêter à la suite quand, surprise d'apprendre que le matin à FC on parle d'autre chose que de politique, elle embraye sur l'ouverture des musées entre 8h et 10h. Passons brièvement sur la part de rêve : les musées, oui oui, génial ça, surtout à la campagne, surtout quand on met les gosses à l'école avant de filer au boulot. Mais malgré cette part d'irréalisme à la parisienne, au fond elle a raison Agnès Varda qui parle des Musées mais ce qu'elle dit vaut pour la radio. La radio qui est là pour nous livrer à domicile de la beauté le matin, ou alors de l'intelligence, ou du goût bref de quoi démarrer sa journée hors-stress, de quoi se réveiller l'esprit, de quoi alimenter le discernement pour se faire un shoot d'esthétique ou de jugeotte. Mais voila : depuis 10 ans, depuis le départ de Pierre Assouline qui avait tenté de succéder à Culture-Matin dans le même esprit (celui de Jean Lebrun avant qu'il ne retourne sa veste en devenant un gugusse de 18h), eh bien on ne trouvera quasi rien de tout ça sur France Culture. A la place de cette énergie dont on aurait bien besoin, FC nous refile chaque matin un cocktail de sinistrose et d'alarmisme relevé de politique-spectacle, ou un shoot d'acharnement contestataire à deux balles, coupé à la vanité médiatique des microteurs de la rédaction. Merci la piquouze du 7-9 !!

<< La matinale ? Mais c'est politique ... ?  >>
Et le pire c'est que ça ne sonnera même pas comme un reproche pour le personnel de cette radio dévoyée, qui se la joue LCI-TF1-FR2 un peu plus à chaque rentrée sans voir qu'elle imite les tours de la télé et cultive ce à quoi elle prétend être -et avait longtemps été- une alternative : l'abrutissement de masse, et l'intoxication. Certes, l'abrutissement et l'intox que joue France Culture se veulent plutôt du côté du contre-pouvoir mais justement, on peut paraphraser Françoise Giroud : France Culture c'est la comédie du contre-pouvoir. Agnès Varda le 30 décembre 2011 c'est une parenthèse. Dès le 2 janvier à 7h, ne manquez pas le retour du déni culturel...



Dernière édition par Nessie le Mer 01 Juil 2015, 06:33, édité 2 fois

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