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Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014    Page 25 sur 86

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Chanda 


241
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Re: Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Jeu 05 Mai 2011, 14:10

Nessie a écrit: Tant que l’exercice n’est pas fait, on ne sait pas très bien comment l’invité s’y serait pris.
(à propos de la chronique de Slama).
Ben déjà, il aurait pu dire que la défense d’un "certain type de structure sociale, qui serait homogénéisée par le développement des classes moyennes", et ce ce dans le but de "réduire les risques d’explosion sociale" est une vision simpliste (et je suis gentille...) de la façon dont les conflits éclatent. Les explosions sociales, (si l’on donne bien à ce terme la même acception...), proviennent dans la très grande majorité des cas des classes moyennes, justement. Sans remonter jusqu’à la Révolution française, il suffit de prendre l’exemple des révoltes arabes ou du conflit en Thailande. Et pour appuyer les exemples, de remarquer que l’absence de classe moyenne (d’aucuns diraient de bourgeoisie) est justement un facteur bloquant l’irruption d’une révolution par le peuple : la révolution de 1917 est plus un putsch politique qu’une "explosion sociale", la révolte en Birmanie en 2007 échoue en partie pour cette raison, des pays pauvres (Laos) ou à la classe moyenne ravagée (Cambodge) sont plutôt "stables" de ce point de vue, la Chine voit émerger une classe moyenne qui est le fer de lance de la contestation qui survient alors que le niveau de vie augmente de façon considérable.

http://commentparlerdumonde.over-blog.com/

Nessie 

Nessie

242
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Re: Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Jeu 05 Mai 2011, 22:57

Basil a écrit:[...] Le problème des sciences humaines, c’est qu’elles ne peuvent pas évacuer l’affect. Sinon elles ne seraient pas humaines, justement. Les figures de style fleuries que Frederic Lordon utilise ne me choquent pas vraiment dans son discours. Ces figures de style, me semblent être du même ordre que celles que vous utilisez pour portraiturer les producteurs de France Culture. Et il y a parfois de la vérité derrière une figure de style.

Il me semble qu’il y a ici une double confusion :
a) entre le discours et l’objet du discours.
b) entre la production et la critique

En premier lieu, si les sciences humaines ne peuvent évacuer l’affectif en tant élément de la chose étudiée, en revanche elles se doivent de l’éliminer en tant que propriété interne. C’est un critère absolu du discours scientifique, et un des premiers qu’on doit assimiler en sciences humaines et sociales. Entendre un doctoré de l’école bourdieusienne faire fi de ce principe (on en trouve à tous les coins de fac) ca ne montre qu’une chose : qu’il y a de mauvais maitres.

Deuxièmement : la critique (qu’elle traite de cinéma de littérature ou de radio, ou d’essais à teneur scientifique ou idéologique) a des droits&devoirs qui sont distincts des droits&devoirs incombant à ce dont elle traite. Elle a ses exigences propres qu’elle ne partage pas avec les artistes ni avec les auteurs, et certains des reproches qu’on doit lui faire seraient privés de pertinence si on les adressait à ceux-ci. L’inverse est tout aussi vrai : elle peut leur adresser des remarques qu’il n’est pas pertinent de lui renvoyer à elle.

Je donne un exemple : le respect de la vérité factuelle. Le propos critique ne peut pas inventer : il est de son devoir de parler de la réalité sans l’inventer ni la travestir, au plus il se permettrait de l’interpréter avec prudence. Mais vous ne trouverez pas cette exigence dans l’expression artistique.
Un exemple inverse : le propos scientifique doit être débarrassé d’affects et de jugements personnels. Mais la critique, elle, peut y recourir, y compris en parlant du discours scientifique, à condition de les étayer et de les assumer. Mais cette condition ressortit aux devoirs de la critique et sont sans rapport avec ce dont elle parle.

En clair et pour répondre à Basil : en forum, et en général dans l’exercice critique, qui n’est pas de nature scientifique mais qui peut parler des sciences, les formules et les tours rhétoriques font partie de ce genre littéraire qu’on appelle "la critique".

Navré de ce post qu’on peut juger long et lourdement redondant. J’essaie de rappeler que la critique est un genre en soi qui a ses règles propres. j’essaie de faire passer l’idée que la critique sociale faite par un scientifique (admettons que Lordon en soit) n’est pas nécessairement un propos scientifique. Et aussi qu’il peut y avoir une erreur logique à retourner à l’envoyeur des remarques critiques.

Enfin, le propos de Lordon aux Matins (et peut-être en général ?) n’est pas scientifique : c’est de la critique sociale, et il se trouve qu’elle est saturée en idéologie, car en France c’est une loi du genre. On peut d’ailleurs le regretter, quand on veut bien se souvenir que l’idéologie partisane ne fait pas le meilleur ménage avec le souci de la vérité.



Dernière édition par Nessie le Lun 09 Mai 2011, 22:37, édité 2 fois

Philomène 


243
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Re: Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Ven 06 Mai 2011, 09:12

Nessie a écrit:Si les sciences humaines ne peuvent évacuer l’affectif en tant élément de la chose étudiée, en revanche elles se doivent de l’éliminer en tant que propriété interne. C’est un critère absolu du discours scientifique, et un des premiers qu’on doit assimiler en sciences humaines et sociales. Entendre un doctoré de l’école bourdieusienne faire fi de ce principe (on en trouve à tous les coins de fac) ca ne montre qu’une chose : qu’il y a de mauvais maitres.


Je réagis juste pour clarifier ma position personnelle. Je ne suis d’aucune école, mais m’attendais vaguement à cette remarque quand j’ai eu posté mon message. Et je maintiens ce que je dis de l’affect dans les sciences humaines. Et vous pouvez en conclure quelle critique je formule implicitement sur les sciences humaines officielles.

A l’extrême la limite, j’admettrais qu’il puisse y avoir une science humaine théorique « désaffectée », si, et seulement si, elle ne trouve aucune application pratique en terme collectif ou politique et qu’elle participe à approfondir la réflexion du sujet sur lui même (et donc sur autrui dans un second temps car « je est un autre »). L’art, en tant que producteur d’affects non manipulé, participe également à approfondir la réflexion du sujet. L’art est peut être la seule pratique d’une science qui soit humaine.

Le discours critique n’a pas à être désaffecté s’il se veut être à son tour un art. Sinon s’il se veut désaffecté, le propos critique n’inventant pas le sujet de son propos, est contraint d’en parler à l’aide d’hypothèse, ou d’une mise en perspective dans un autre contexte (un horizon plus vaste ?)…

Le discours de Frédéric Lordon est il une propagande ? Sans doute, vu qu’il a espoir d’une politique autre qui reste humaine. Le discours de Frederic Lordon est il également un art ? Certainement attendu qu’il nous fait réagir sur ce forum. Le discours de Frederic Lordon est il scientifique ? Sans doute pas, et heureusement.

Gepetto 


Invité

244
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Re: Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Ven 06 Mai 2011, 12:05

Toutes mes excuses aux lecteurs et/ou contributeurs de cette conversation pour la réponse à l’anonyme, qui n’apporte rien au débat.

un invité anonyme et inamical, après quelques lignes de son habituel charabia a écrit:FC et l’économie c’est pas le top, cela prête un peu a sourire pour peu que l’on écoute, ça leur fait plaisir de nous sortir un guignol,et en plus on ne comprend pas ce qu’il raconte, alors forcement ça doit être quelqu’un d’intelligent puisqu’il passe sur FC

ensuite de quoi, relancé par une remarque, le même invité inamical, toujours dans cette langue involontairement comique qui n’appartient qu’à lui, a écrit:N’être \ʼʼni un personnage publique (sic) ni un professeur, ni même un quelconque autorité\ʼʼ
Et par ailleurs que :
<< Lordon est assez nul [...] On gratte un peu et on trouve un bon militant gaucho >>

Cela dispenserait donc de s’exprimer clairement ??
Remarquez, à lire votre réponse, j’ai vite regetté de vous avoir invité à la clarté.
Vous ne débordez pas de sympathie pour le \ʼʼmilitant gaucho\ʼʼ ? A bien y réfléchir, moi non plus, pas plus que pour son symétrique politique et leur cousin idéologique : le beauf décomplexé.

@ la modération : n’hésitez pas à supprimer cet échange stérile, mais pas trop vite svp, le temps qu’il comprenne, merci pour lui.JdtJdtJdtJdt

PS de la modération : Je laisse encore quelques temps lisibles les bribes utiles mais je vire les fautes d’orthographe et les habituelles sornettes de notre troll historique ou plutôt de son larbin. Leur forum plane à un tel niveau qu’il serait dommage de leur faire de la concurrence...
Nessie
Jdt

Nessie 

Nessie

245
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Emmanuel Pierrat aux matins - Première partie - Jeu 19 Mai 2011, 16:18

De nouveau un ton d'enfumeur ce matin aux Matins. Mais avec une énergie d'un cran au dessus de Lordon et de 5 niveaux au-dessus de Jorion. Qui est Emmanuel Pierrat ? Avant tout c'est un homme qui a réussi : un avocat brillant, une sommité dans son créneau ; c'est un bon client pour la radio, car il est volubile et plein de punch. Il fait donc figure d'invité idéal ce matin comme expert car il donne l'impression de connaitre son sujet et on veut bien le croire. Sauf qu'en dehors de son sujet déjà on entend quelques fausses notes, j'y reviendrai. D'ailleurs sa spécialité d'avocat à Pierrat, c'est plutôt le droit de l'Edition. Je ne dis pas que ça le rend moins estimable, et pas non plus non-compétent pour parler de cette affaire, mais enfin s'il est accoutumé des affaires de viol, ça serait bien de nous le dire tout de même. A défaut il est permis de douter, surtout qu'une fois de plus il n'y a pas de confrère en face. J'aurais préféré entendre un magistrat qui analyse posément, plutôt qu'un donneur de leçons qui s'exprime avec le ton péremptoire d'un asséneur. A mon sens il endosse un peu vite le rôle de procureur, et au final ce que j'entends c'est son numéro, et une fois de plus sa pub à la radio. Il aurait tort de s'en priver. Surtout que dans le studio, personne n'a assez de métier pour résister à autant de tchatche et à autant d'énergie vocale. Une fois lancé il parvient à placer 5 ou 6 fois plus de mots à la minute tout en coupant la parole à tout le monde : le Voinche lui-même en a le sifflet coupé. Un moment il continuera à brouiller le débat avec ses incises inutiles et ses lourdeurs. Quant aux deux féministes maison elles en rajoutent sans percevoir un seul instant qu'elles étalent une couche supplémentaire de rumeur sur une affaire déjà opaque. Il n'y a que pour Pierrat que les choses semblent claires. Eh bien non. Navré : les tribuns sans personne en face moi ça m'inquiète toujours un peu ou plus qu'un peu.

Si je fais le bilan des fausses notes ou des doutes, il y a des choses à dire :

- Pierrat qualifie de "capitaliste" et de "néolibéral" le fonctionnement de la Justice, parce que le marchandage y serait courant. C'est une grossière erreur d'étiquetage. Il n'ose peut-être pas dire que la Justice est instrumentalisée, biaisée par des arrangements où sous couvert de négociation, les plus combinards et les mieux fortunés ont la partie belle ? Mais le capitalisme (ou le libéralisme) ça n'a rien à voir avec le monde de la magouille, qui a existé de tous temps, et qu'on retrouve dans le capitalisme comme partout ailleurs. Pierrat vient de nous faire un bel amalgame, et qui n'apporte rien au débat, mais qui se trouve bien en phase avec le paradigme idéologique de France Culture. Vous je ne sais pas, mais moi si j'entends un avocat qui n'emploie pas le mot juste quand il place une incise en dehors de sa spécialité, j'ai tendance à douter de la validité de ses raisonnements et de ses prises de position. Surtout si dans le même temps je le vois mettre à ce point le paquet dans la prise de parole, avec un punch aussi remarquable. Après tout, à chacun son expérience : la mienne me dit que dans ce genre de prestation, l'énergie compense la qualité de l'analyse.

- Le combat juridique qui s'annonce avec cette première audience de DSK devant un jury populaire, Pierrat le décrit comme un affrontement entre deux équipes de fouille-merde, chacun s'efforçant de salir l'autre au bénéfice de son client ? Ca veut dire qu'en l'absence de certitudes sur les faits, en l'absence de preuves, on est partis pour juger Strauss-Kahn sur présomptions et sur des dossiers biographiques ? Euh, c'est vraiment ça, la justice américaine ?

- Il parle de Rykers Island comme s'il connaissait bien. Après tout, admettons puisque j'ai cru entendre qu'en plus du barreau de Paris il a eu celui de New-York. Ca ne veut pas forcément dire grand chose mais enfin ça lui donne autorité pour en parler. Le problème c'est qu'il va vite, bien vite, trop vite ? Il compare la prison de N-Y à celle de Fleury-Mérogis, et il se permet de conclure qu'elles sont identiques, mais il le fait sur un seul indicateur : l'effectif carcéral. Ca c'est de l'analyse à la truelle, pardon. Même en cherchant seulement du côté quantitatif, des indicateurs il doit y en avoir d'autres. Quand on veut comparer deux prisons, on ne se contente pas d'aligner les effectifs incarcérés : on regarde aussi ce qui se passe au plan démo-géographique (densité), médical (niveau de santé), au plan de l'organisation disons la vie en taule, la durée des peines, la population des gardiens, les incidents, les suicides, le parcours des prisonniers une fois libérés. Ca fait tout un tas d'éléments mesurables et certainement mesurés, qui permettraient de comparer un peu plus finement. On me dira que c'est pas le sujet, et on aura raison. Je trouve simplement que cette sortie ultra-rapide sur les deux prisons qui sont semblables, c'est un peu lège. Cet homme qui semble tout savoir, est-ce que par hasard il ne parlerait pas un tout petit peu vite parfois ? Ce je-sais-tout, sait-il vraiment tout ?

- Enfin juste avant la chronique de Meyer, la première partie se conclut ainsi : que Strauss-Kahn plaide un rapport sexuel consenti et ça reviendra à reconnaitre que pendant 3 jours il a menti. Ah bon ? Sauf que quelques minutes plus tôt, Pierrat lui-même nous a dit que DSK n'avait pas pu s'exprimer. Qu'on n'avait aucune parole de lui depuis son arrestation ? Soit j'ai loupé quelque chose, soit Pierrat va trop vite. Et comme il va très vite, à ce moment précis de l'émission, ma confiance en lui déjà pas bien flambante, est en chute libre.

Entendons-nous bien : quoique le personnage me soit terriblement antipathique comme tous les tchatcheurs dotés d'un super-brio, ici ça n'est pas à lui que je m'en prends mais à Voinchet qui gobe tout ce qui se dit, et se montre plus pressé de placer ses incises lourdingues que d'aider l'auditeur à ne pas se laisser embobiner. Je sors de cette première partie avec le sentiment d'avoir entendu un embobineur doué. Je suis désolé vraiment de préférer la clarté et la vérité au talent des parleurs, et encore plus désolé que France Culture ne m'aide pas à y voir clair parce que parfois dans la matinale on y donne la préférence aux seconds.

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Dernière édition par Nessie le Ven 20 Mai 2011, 09:50, édité 3 fois

Nessie 

Nessie

246
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Emmanuel Pierrat aux Matins - En 2e partie, le débat - Jeu 19 Mai 2011, 16:26

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La chronique de Slama, aux accents Lumières+Droits de l'homme, va recevoir de Pierrat le même accueil qu'il y a 15 jours avec Lordon : un mélange de mépris, d'images mal venues (Pierrat nous apprend que Debré aurait "éructé" ; cette image n'apporte rien sinon un indice d'une rhétorique agressive), et surtout ça se fait dans un gros coup de surchauffe c'est-à-dire en passant la surmultipliée et en montant de 2 ou 3 tons. Mais ça, c'est des tricks d'illusionniste du verbe. Ca n'est pas en gueulant au micro plusieurs fois de suite le mot A-HUrissant qu'on éclaire l'auditeur. Alors que la petite dissert' de Slama visait à problématiser, et non à juger à sens unique, l'invité liquide tout le paquet en une seule flèche : tout ça c'est surfer et semer de la confusion, dit-il. Pourtant lui-même c'est exactement ce qu'il est en train de faire. Pierrat dit s'insurger contre la domination et l'humiliation des victimes de ce genre d'affaire, mais pour le coup c'est son raisonnement qui est à sens unique car en face lui-même semble trouver juste et normal d'humilier et de dégommer DSK sur un simple témoignage. Pour dénoncer une expression employée par le chroniqueur ("violence symbolique") Pierrat argue que "le droit de cuissage" est au delà de la violence symbolique. Mais pardon, il ne s'agit pas ici de droit de cuissage ; Slama parlait de tout autre chose. C'est donc encore un truc rhétorique, un appel à une formule choc, d'ailleurs sans qu'on sache si c'est un cliché ou une formule toute faite venue d'un fantasme d'historiens. Mais dans tous les cas c'est une fausse réponse, et une façon de reprendre la main pour asséner un gros coup de persuasion. Le comble : quelques minutes plus tard, en stigmatisant les manoeuvres des avocats de la défense (car Pierrat qui voit dans l'avenir sait déjà ce que sera la défense), il dira "ce genre de choses marche face à un jury populaire". Mais en la matière, fait-il mieux que ceux qu'il critique ? En tous cas, à chaque minute ou presque j'entends un gros coup d'enfumage. J'en viens à me dire que ce qui intéresse l'invité de cette matinale, c'est de s'installer en dominateur autour de la table, et d'imposer une parole. Et à l'image de la première partie, dans ce numéro j'entends suffisamment de fausses notes pour douter du bien-fondé de l'ensemble :

- Le plus choquant c'est le mélange permanent, d'un bout à l'autre de l'émission, entre d'une part les rumeurs et les ragots + la réputation de l'accusé, et d'autre part l'absence de faits avérés (l'absence d'info) qui est ici prise comme une quasi-preuve. Qui ne voit que c'est là soit un raisonnement d'amateur, soit un truc de juge en régime totalitaire ? Alors quand on en vient à l'affaire de New-York, Pierrat dit que ça confirme ce que tout le monde disait quand on n'avait pas encore de preuves. Ah bon, parce que maintenant on en a ? J'ai vraiment l'impression qu'il s'emballe.

- Voinchet décrit une société américaine paranogène, ce que Pierrat croit pouvoir confirmer par l'épaisseur de la jurisprudence, mais on pourrait aussi bien répondre que le système judiciaire américain a été perverti. D'un bout à l'autre il prend parti en faveur des plaignants : c'est oublier un peu vite la question de la fiabilité de la plainte. C'est oublier qu'il y a aux Etats-unis une industrie de la prise d'otages par le juridique, où des plaignants imaginaires instrumentalisent une Justice devenue machine à broyer. C'est oublier qu'il y a des procureurs dévoyés (comme celui de l'affaire Clinton-Lewinski). C'est oublier qu'en France il n'y a pas si longtemps sur la base de faux témoignages inventés par des mères divorcées ou arrachés aux enfants par des juges délirants, on a emprisonné des innocents. Depuis 1995 Kiejman dénonce ce délire, et nous on attend toujours le bilan des incarcérations abusives dans les affaires d'inceste entre 1990 et 2005.

- Tout aussi gênant : Pierrat qui est écrivain, livre assez facilement un récit ébouriffant de l'agression sexuelle typique. Mais qu'est-ce que ça apporte à la connaissance de l'affaire présente, sinon un gros coup qui impressionne les esprits ? Là franchement je trouve que c'est grave car nous ne savons toujours pas de quels faits on parle. Je trouve dramatique que de tels raisonnements aient force d'autorité. Et là encore, on peut lui renvoyer son propre argument : ce genre de trucs est bon pour impressionner un jury populaire. Celui des auditeurs de la radio, qui vont faire un bon public pour ses livres.

- A plusieurs reprises et notamment quand il émet des réserves sur la culpabilité de D. Strauss-Kahn (car quand même pendant le débat il en émet), Pierrat répond par une forme de neutralité un peu surprenante : il dit ne pas juger en morale mais en droit. Pourtant à plusieurs reprises il a pris des positions morales très affirmées : c'est ahurissant dit-il que jusqu'en 1975 un homme puisse ne pas être inquiété en droit pour avoir tué sa femme et son amant s'il les surprend au lit, tandis que dans le cas symétrique -entendez : la femme tue mari+maîtresse- il n'en va pas de même (j'aimerais bien qu'un Magistrat de plus de 60 ans me confirme ce truc-là). Autre chose : il trouve normal que l'homosexualité ne soit pas un délit. Très bien tout ça, très bien. Mais alors que pense-t-il des époques pas si anciennes où l'état du Droit pouvait heurter ses convictions morales ? Sur l'homosexualité, sur l'avortement ? Lui qui s'emporte si facilement et semble savoir où sont le bien et le mal, le vrai et le faux ? J'aurais bien voulu qu'on lui pose ce genre de question. Mais pour poser une question pertinente il ne faut pas compter sur Voinchet.

- Il dit "la défense systématique depuis que je plaide et ça fait 20 ans, c'est de tenter de salir l'autre". Je n'avais pas compris qu'il avait plaidé aussi massivement dans des affaires de viol. A défaut, ce qu'on vient d'entendre c'est typiquement de l'argument d'autorité. Si ça fait 20 ans qu'il plaide dans les affaires d'édition, je ne suis pas certain que ça lui donne une vraie compétence pour parler avec autant d'assurance de l'affaire DSK.

- Je note encore 2 erreurs hors de sa spécialité, erreurs qui n'incitent guère à la confiance en général. La première quand quelqu'un place le mot d' "érotomane" et que ça entraine une réaction un peu craintive de Voinchet, Pierrat place d'un ton assuré qu'on peut employer le mot, "C'est légal". Je ne sais pas si c'est légal mais c'est faux et absurde, car dans l'affaire présente il n'y a pas d'érotomanie (l'érotomanie n'est pas l'appétence pour le sexe) et le ton assuré-de-celui-qui-sait m'incite à la méfiance sur tout ce que je l'ai entendu dire depuis une heure sur un ton tout aussi assuré. La seconde erreur renforce cette mauvaise impression que si Pierrat surfe formidablement bien sur le registre juridique, au moins face à des néophytes - au Tribunal peut-être est-il moins excité- eh bien en dehors c'est l'imprécision qui règne. En lui le collectionneur de curiosa pourrait bien brouiller l'esprit de l'avocat, car sa seconde erreur la voici : Kraff-Ebbing (XIXeme siècle) serait sa référence en matière de perversion. Si tel est le cas, franchement il y a quelque chose qui cloche. C'est exactement comme si Lumière et Méliès étaient sa référence en matière cinématographique. Ceci n'est pas un détail : là encore c'est un indice que ce je-sais-tout parle du même ton assuré même quand il fait de l'enfumage ou quand il ne sait pas grand chose. Alors quand on le voit se planter là où soi-même on on connait assez pour déceler l'approximation, ensuite comment lui faire confiance ?

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Dernière édition par Nessie le Mar 24 Mai 2011, 14:19, édité 7 fois

Nessie 

Nessie

247
Répondre en citant  
Mauvaise impression - De l'info-spectacle et du Pipole au carré - Jeu 19 Mai 2011, 16:27

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A écouter ainsi Emmanuel Pierrat qui parle vite, très vite, de plus en plus vite et de plus en plus fort, de l'organisation juridique en France et aux USA, je suis de moins en moins impressionné par ce numéro qui met à genoux tout le studio et aussi hélas, certainement des auditeurs. Est-ce que ça marcherait aussi bien s'il y avait en face de lui un confrère pour lui porter la contradiction ? J'en doute. Au contraire je gage que Pierrat eut été un peu plus mesuré et un peu moins tonitruant. Et un peu plus apprécié des gens sérieux, du coup. Et là encore, je ne dis pas cela pour le critiquer lui, mais parce qu'une fois de plus aux Matins, comme il y a quelques semaines avec Lordon, l'émission a été mal préparée ou plutôt mal conçue, tout simplement. D'ailleurs à une minute de la fin, Pierrat place exactement le même trait qu'il a balancé à 7h55 : Strauss-Kahn est sur le point de reconnaitre qu'il a menti aux flics (sic). Et donc ? Eh bien : mal barré (re-sic) Notez la syntaxe : Pierrat ne dit pas "c'est mal barré", mais simplement "mal barré". C'est laché comme un diagnostic médical. Ah bon. Alors si ça marche, si DSK sort du guépier où il est fourré, que va dire Pierrat ? Qu'il y a une complicité des puissants ? Déjà qu'on a eu droit au cliché des médias insincères et complices (je vous ai passé cette scie des scies). Piting le feuilleton n'est surement pas fini.

Je ne sais pas si je sors de cette écoute un peu scandalisé ou un peu plus fatigué, mais certainement pas plus éclairé qu'avec un flash d'info bien fait. Chose que de toutes façons, FC ne sait plus faire.

Je me dis qu'Emmanuel Pierrat est quand même plus agréable à entendre au micro d'Alain Veinstein quand il y vient pour parler de ses livres. Du moins de ceux qu'il édite, parce que ça se gâte un peu quand il parle de ceux qu'il fabrique (je les trouve plutôt racoleurs et tapageurs) et c'est encore pire quand il parle de lui parce que là son brio c'est de plus en plus celui du camelot. Remarquez, à l'image de Frédéric Lordon il aurait tort de ne pas se vendre lui-même comme un produit, vu qu'il est à la fois un personnage et une intelligence, et en plus un cas médical fascinant (dans "Troublé de l'éveil" il explique qu'il n'a quasi pas besoin de dormir, on connait une dizaine de cas semblables, pas plus). Il faut voir Pierrat pour ce qu'il est : un tempérament de star. Le hic, c'est que je n'écoute pas France Culture pour entendre des stars. J'écoute FC pour entendre de la culture, ou des idées, ou pour pratiquer la culture des idées. Avec Pierrat j'entends un formidable bagout mais aussi du sophisme. Un peu comme Plenel en moins politisé, Pierrat roule pour lui en fouettant le canasson du droit tout comme l'autre roule pour sa pomme en fouettant le canasson de la lutte-des-classes conforme au paradigme démagogique de France Culture.

Mais au fait, que nous offre donc France Culture ce matin ? Eh bien c'est simple : on a entendu un excellent produit people, en train de faire son beurre sur la mésaventure arrivée à un autre pipole. Du beurre pour le premier, du bâton pour le deuxième, et du gâteau pour les Matins-Spectacles de Voinchet. Plus ça va, plus cette radio nous arrose d'un cocktail de propagande et d'info-spectacle. C'est donc ça la culture à France Culture ? Eh oui, misère ...



Dernière édition par Nessie le Jeu 19 Mai 2011, 18:52, édité 1 fois

emil du  


Invité

248
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quand vous réveillerez vous? - Ven 20 Mai 2011, 13:13

comment un Kahn peut en cacher un autre a ce point .Il est surprenant q\'un type ayant autant de casquettes ,et d\'écrits a son actif et un statut d\'intellectuel , puisse aussi vite revenir a d\'aussi rustres fondamentaux au point de parler de \"simple troussage de domestique \" a propos de l\'affaire DsK.Trés surprenant que a part le pépère pervers de Slama personne ne relève le caractère profondement choquant de ces propos ,??? Vous ètes tous tombés si bas ??? Une femme , domestique , noire , mal intégrée aux states , quatre raisons de mépriser son caractère de victime .. DEpuis 20ans j\'écoute France Culture , et je vous trouve de plus en plus provinciaux , et archaique dans votre traitement de la vie de notre pays , vous allez de plus en plus bas ...(un)emil du 22(un)hlm

Nessie 

Nessie

249
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Un panache en plumes de butor - Ven 20 Mai 2011, 13:38

Bonjour Monsieur

A qui parlez vous s'il vous plait ?
Aux lecteurs du forum ou aux gens du studio ?
Ici, vous savez, on n'est pas à la radio.
C'est un forum indépendant

Pour ma part je ne suis jamais surpris d'entendre Jean-François Kahn dire une bétise une outrance ou une contre-vérité patente qui peut aussi aller à l'encontre de la conviction qu'il a exprimée 5 minutes plus tôt. Non, jamais surpris car depuis 12 ou 15 ans c'est l'ordinaire de Jean-François Kahn.

Je n'oublie pas non plus que dès sa création l'Evénement du jeudi a lancé la course aux Unes racoleuses des grands hebdomadaires qui, pour le suivre quand il a transformé le groupe des 3 en groupe des 4, se sont alignés sur cette désastreuse stratégie de com'. Hélas ils n'en sont plus jamais sortis. JF Kahn a fait un tort considérable aux grands hebdomadaires en France.

Jean-François Kahn c'est 1% de propos sensés pour 99% de frime, de poudre aux yeux, de propos inconsidérés balancés avec un culot monstre. Contrairement à un Max Gallo qui envoie sentencieusement des vérités premières cueillies au ras des pâquerettes, Jean François Kahn est un escroc idéologique qui balance avec un panache en plumes de butor ce qu'il faut bien appeler des énormités premières.

Sachant qu'une émission où il est présent a toutes les chances d'abaisser le niveau et de me faire perdre mon temps, je l'évite autant que je le peux. Je suis curieux de savoir si dans le cas présent j'ai eu raison ou tort. Pouvez-vous me renseigner ?



Dernière édition par Nessie le Ven 20 Mai 2011, 13:51, édité 1 fois

Cancoillotte 

Cancoillotte

250
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Re: Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Mer 01 Juin 2011, 13:16

Julie Clarini a attaqué très fort ce main, elle n'était "pas sans l'ignorer". Ca peut arriver à tout le monde (et il serait facile de sortir une liste de mes erreurs de langage sur ce forum), mais comment fait-elle pour qu'on ne soit pas du tout surpris que ça tombe sur elle?

Nessie 

Nessie

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Re: Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 - Jeu 02 Juin 2011, 01:06

Hélas, oui.
Révélateur, comme toujours.
Non, pas comme lapsus, mais comme faute courante.

Ca serait excessif de dire qu'elle en loupe pas une, mais enfin avec elle il y a au moins une énormité chaque jour : soit une sottise énorme, soit un cuir de langue courant, soit une perle bien à elle.

Quelques exemples attrapés au vol la semaine dernière :
- "on nous rabâche les oreilles" : trois étoiles au panneau des cuirs usuels

- un autre, celui-là est perso et nettement plus raffiné dans l'erreur : "pire que prévue". Elle ne devinera pas que "prévu" ne doit pas s'accorder car ne renvoie pas directement au sujet mais à une partie de phrase sous-entendue qui, elle, est forcément neutre. C'est vrai que ça demande réflexion et que, bien qu'agrégée de je ne sais plus quelle matière littéraire, la future star de la Matinale n'a jamais brillé par une compréhension en profondeur de la langue française qu'elle écorche un peu moins que Louise Tourret. Ca ne fait que confirmer une hypothèse maintenant bien solide dans la contrEverse JuliClarinesque : celle d'une culture d'oreille et non de lecture.



Dernière édition par Nessie le Dim 05 Juin 2011, 01:30, édité 1 fois

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Re: Les matins - Commentaires d'auditeurs de 2009 à 2014 -

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