57, rue de Varenne de François Pérache et Cédric Aussir
Un feuilleton en 25 épisodes dont la réalisation s'est étalée de 2013 à 2019.
Une fiction originale...mais dont l’originalité reste à tempérer, puisqu’elle reprend les codes de la série télé américaine : rapidité du rythme, multiplicité des personnages, fin d’épisodes et, plus encore, de saisons (terminologie importée et traduite de l'U.S) avec un bon cliffhanger (idem), afin de maintenir le suspense.
Cette politique-fiction, écrite par un ancien employé de cabinets ministériels, renvoie à tout un genre qui a été labouré avec constance par la fiction récente : BD avec « Quai d’Orsay » au scénario écrit par un ancien diplomate, sous le pseudonyme d’Abel Lanzac (=Antonin Baudry), adapté ensuite par Bertrand Tavernier au cinéma, et moult séries US de qualités diverses (The West Wings, House of Cards etc…)
Ce feuilleton adapte pour la radio des recettes déjà éprouvées.
Mais...
Les dialogues sont vifs, et les acteurs se les approprient sans difficulté.
Pas d’enregistrements en public, donc la réalisation peut se permettre d’être soignée, le rythme est enlevé et parfaitement fluide.
Et en plus, la satire fonctionne, on a affaire à un véritable pastiche de la réalité.
L’idée de faire raconter l’histoire par un griot permet une distanciation, un « ethnocentrisme inversé ».
Le point de départ est l’enlèvement du ministre de la santé, Belansky, lors de ses vacances au Botswana. Ce point de départ sera aussi le point de chute du dernier épisode.
Des problèmes d’actualité auront leur écho dans la série, de même que des personnages réels (Pablo Mercadal, le teigneux ministre de l’Intérieur, est d’origine espagnole, l’extrême droite est menée par Nadine Bousquet…)
Dans la 4ème et 5ème « saisons », les personnages de Tiphaine de Quervélec et de Camille Fournier amènent du sang neuf à l'histoire, afin de coller à l'actualité : l’une est une lesbienne qui vient de bénéficier d’une PMA, et l’autre est d’origine rwandaise.
Dans la mesure où cela permet de créer une situation extrême, la fiction ne s’en porte que mieux. C’est le principe des séries américaines. Or ces personnages sont assez fades.
Mais...
La satire a tendance à disparaître dans les cinq derniers épisodes. On la retrouvera dans des éléments de seconds plans, comme l’idée du déménagement des bureaux du Premier Ministre dans la Grande Arche de la Défense, qui ne sera pas exploitée, laissant place à des choses plus graves.
La conclusion donne in extremis un nouveau sens au titre du feuilleton, tout en étant d'une certaine lourdeur moralisatrice avec référence biblique (L'Arche d'alliance) : le peuple gronde.
Cette lourdeur, elle pointait déjà son nez avec l’arrivée de De Quervélec, personnage qui avait déjà moins d’aspérités.
C’est bien pire avec Camille Fournier, c’est le gentil d’une histoire qui n’aurait pas dû en avoir.
Mais...
Quatre pastiches réussis : la matinale de France Inter, la chronique humoristique, même antenne, à base de jeux de mots lamentables, l’interview télé du journal de 20h et la chronique d’imitation miteuse d’une radio privée qui se reconnaîtra.
Dans l’avant-dernier épisode, à noter l’apparition en voix et en os d’un ancien Président de la République, pour un rôle de non-composition absolu, puisqu’il prononce un discours de remise de médaille.
-1- première diffusion du 31-03 au 04-04-2014
-2- « Partage de minuit », 25 au 29-01-2016
-3- « Avis de tempête », 27 au 31-03-2017
-4- « Plafond de verre », 01 au 05-10-2018
-5- « L’arche d’alliance », 30-12-2019 au 03-01-2020
Hervé Pierre (Pierre-Yves Gerland)
Laure Calamy pour les épisodes 10 à 15, puis Maud Le Grevellec (Tiphaine de Quervelec)
Louis-Do de Lenquesaing (Pablo Mercadal)
William Nadylam (Camille Fournier)
Binda N’Gazolopour les 5 premiers épisodes /Criss Niangouna (Le griot)
Alain Rimoux (Le Président de la République), Valérie Stroh (Véronique Belansky), Sophie Daull (Elisabeth Roussel), Luce Mouchel (Isabelle Gerland), Cyril Couton (Antoine Werler), Vincent Nemeth (Michel), Gilles David (Christian Perron-Chevalier), Emeline Bayart (Laurence Vignon), Yannick Choirat (Hakim Benaïd), Cyril Couton (Antoine Werler), Anne Cantineau (Armelle), Éric Caruso (David Eyrignac), Féodor Atkine (Dr Laurent Viallet), Aline Le Berre (Valérie), Léo Reynaud (Eric), Guillaume Clémencin (Joachim ), Andrea Brusque (Natacha Slovalky), Christophe Brault (Un présentateur radio), Valérie Dashwood (Stéphanie), Éric Caruso (David Eyrignac), Grégoire Oestermann (Secrétaire Général de l’Elysée)
Gilles Privat (Dominique Pelletier), Suzanne Aubert (Alice), Johanna Nizard (Perrine), Florent Cheippe (Steeve), Andréa Brusque (Guenaëlle), Marc Barbé (Le Colonel Michaka) ...
Bruitage : Sophie Bissantz
Prise de son, montage et mixage : Stéphane Desmons, Anil Bhosle
Assistante à la réalisation : Yaël Mandelbaum
Réalisation : Cédric Aussir