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Accueil / France Culture

La série documentaire (ex-Sur les docks)    Page 9 sur 15

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Philaunet 


Admin

81
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« Un modèle idéologisé » (dit-il). Soupir... - Sam 03 Sep 2016, 22:28

Une auditrice, que cette antenne ne mérite pas, écrit au médiateur (ou dénommé tel) pour interpeller le producteur d'une émission sur son angle de traitement.

On apprécie la qualité du témoignage et la réflexion de l'auditrice. On observe la politesse et la finesse (pardon pour toute cette ironie) du producteur-délégué qui lui "répond". C'est désolant sur le fond comme sur la forme.  France Culture commence bien l'année 2016-2017....

Radicalisation, la France n’avait qu’à bien se tenir. Emission LSD* Natahlie Delorme 02/09/2016 14:10 France Culture :
"J'aurais souhaité faire ce commentaire sur le site de l'émission La Série Documentaire. Je n'y suis pas arrivée.
Il est pénible d'écouter pendant une heure cette pensée unique selon laquelle la France (entité un peu vague) est l'unique responsable des départs vers le djihad et de la radicalisation de bon nombre de nos concitoyens musulmans... La société française, l'éducation nationale, tout le monde en prend pour son grade. A aucun moment la moindre remise en question, la moindre interrogation sur les responsabilités propres des individus. Professeure d'espagnol (ce n'est pas anodin) dans un collège de "quartier défavorisé" dans une ville moyenne en France pendant plus de dix ans, j'ai été témoin de la grande énergie, de la grande générosité, de la bienveillance, de l'intelligence, du professionnalisme et du non renoncement à la qualité etc de la grande majorité des professionnels. Moi même j'ai le sentiment d'avoir bien œuvré pour cette jeunesse. Je pense que ce n'est pas judicieux que de leur servir toujours la même soupe: celle de "vous êtes les victimes d'une situation intolérable, injuste, honteuse...dont vous n'êtes pas responsables" etc. Cela revient aussi à balayer d'un revers de main le travail et l'engagement de nombreux professeurs et autres travailleurs du secteur qui répondent présents sur le terrain chaque jour et qui donnent beaucoup d'eux mêmes
."

    Le médiateur : "Voici la réponse que propose Alain Lewcowicz, producteur délégué pour LSD sur cette série

Il ne s’agit pas d’accuser ou de critiquer les professeurs, mais il sagit de questionner l’institution comme modèle idéologisé.
Toutes les études faites par le sociologue François Dubet le montrent : non seulement l’école reproduit les inégalités sociales mais les creusent depuis quelques années.
Si ce n’est pas la faute des professeurs, c’est en tout cas un modèle institutionnel qui est en panne.
."

****
* "Sur les docks" a pris le nom de "LSD"...

Philaunet 

Philaunet
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82
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France Culture adore la psychanalyse - Mar 20 Sep 2016, 10:19

Dimanche, en titrant Psychanalyse de France Culture ? j'ignorais que le lendemain c'était psychanalyse matin et soir sur l'antenne.

D'abord aux Nouveaux Chemins, on juge la police sous l'angle lacanien. Puis voici La Série Documentaire de 17h : En séance, étapes d’une psychanalyse en quatre fois 54 minutes. La productrice prend bien soin en début de descriptif d'envoyer valser ce qui n'est pas en odeur de sainteté sur l'antenne : " Il ne sera question ni de thérapie comportementale, ni de développement personnel mais de psychanalyse."  Un sujet qui s'imposait. On est bien sur France Culture.  

De mon côté, je vais écouter une histoire littéraire, artistique et botanique des fleurs sur BBC 3, The meaning of flowers (5 X 13 minutes) et neuf séquences de 5 à 10 minutes sur le riz tirées de l'émission de 3h de la SWR2 de dimanche Der Sattmacher: Reis. Chacun ses goûts. En tous les cas, cette exploration du riz sous tous ses angles s'annonce passionnante.  Rien à voir avec l'insipide On ne parle pas la bouche pleine dominical... Anselme, que pensez-vous du dernier numéro : Patrimoine en péril : sauvons la tomate ?  

Jean-Luuc 


83
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Re: La série documentaire (ex-Sur les docks) - Mer 21 Sep 2016, 08:32

Philaunet(https://regardfc.1fr1.net/t258p80-sur-les-docks#26946) a écrit:
(...) voici La Série Documentaire de 17h : En séance, étapes d’une psychanalyse en quatre fois 54 minutes. La productrice prend bien soin en début de descriptif d'envoyer valser ce qui n'est pas en odeur de sainteté sur l'antenne : " Il ne sera question ni de thérapie comportementale, ni de développement personnel mais de psychanalyse."  Un sujet qui s'imposait. On est bien sur France Culture. (...)
 

Un sujet qui s'imposait, et même en partie imposé par la directrice, si l'on en juge la réponse de Virginie Bloch-Lainé par Carole Lefrançois pour Télérama : France Culture met la psychanalyse sur le divan (19 septembre 2016). Curieuse intrusion.

Carole Lefrançois : Pourquoi avoir choisi de suivre la progression d'une analyse avec les mêmes intervenants ?

Virginie Bloch Lainé : Sur une idée de Sandrine Treiner, la directrice de France Culture, la série est construite comme un canevas. Au terme de la semaine, l'auditeur peut se faire une idée, vraie ou fausse, de ceux qu'il entend témoigner au fil des quatre documentaires. Le choix des intervenants dépendait donc de l'originalité de la parole récoltée.

Après écoute du premier numéro, je ne vois pas ce qui singularise les entretiens successifs de Virginie Bloch Lainé d'un reportage des Pieds sur terre, ancienne version. C'est du témoignage ni plus, ni moins. Avec une regrettable faute de goût : Les extraits d'Annie Hall de Woody Allen sont proprement inécoutables dans leur version française. Pourquoi ne pas garder la version originale quitte à la traduire (sans forcément la jouer) ensuite ?

Philaunet 

Philaunet
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84
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Re: La série documentaire (ex-Sur les docks) - Dim 25 Sep 2016, 21:19

Allez, mettons dans le même fil (dans le même sac ?) que Sur les docks et la Série documentaire l'émission Une histoire particulière qui est "un récit documentaire en deux parties".

Le thème de ce 25 septembre est vraiment très "agréable" : les avions qui s'écrasent et leurs survivants.

Quelques détails bien croustillants : "scène d’horreur à bord, hurlements" pour diffuser des témoignages de " ces rescapés, miraculés d’un crash d’avion…. ".

France Culture ou la quête du dramatique. Ou encore, "comment transformer l'antenne en ambiance anxiogène (et indignée) du matin au soir".

Après tout, Régis Debray vient bien de signer sa 5e discussion du soir sur la guerre, alors pourquoi pas les accidents d'avion ?

La précédente émission s'intitulait La Faute : après la tempête et sous-titrait "Six ans après, retour à la Faute-sur-Mer et sur le procès Xynthia. Comment la « cuvette de la mort » a-t-elle pu exister ? Quelles cicatrices la tempête a-t-elle laissées sur la commune ? "

Remarquez qu'il y a parfois des sujets plus affriolants ou que les producteurs souhaitent tels. Ainsi les dessous (féminins) dans  Les dessous d'Auguste Claverie, "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur ...la corseterie. De la lingerie à l’orthopédie, le parcours de l'histoire intime des corps."

"Un documentaire raconté par Marie Chartron."* Comme on m'en avait recommandé l'écoute, j'ai été jusqu'à 20 minutes avant d'être lassé par des propos assez banals. Mais il est possible d'avoir une opinion plus généreuse de l'émission : Une histoire à la mesure d'un dimanche....

Les pages de l'émission "Une histoire particulière" sont particulièrement nourries en textes (sans faute), en photos et en citations. Elles permettent de satisfaire l'éventuelle curiosité avant de se lancer, si le sujet intéresse, dans l'écoute de  l'émission.

* Marie Chartron a produit un très bon Sur les Docks Moscou-sur-Marne, fils et petits-fils de soldats russes en France en juin 2014. Voir ci-dessous.



Dernière édition par Philaunet le Mar 27 Sep 2016, 20:22, édité 3 fois

Philaunet 

Philaunet
Admin

85
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Moscou-sur-Marne - Mar 27 Sep 2016, 17:06

Le numéro de Sur les docks du 25.06.2014 réalisé par Marie Chartron et Christine Robert, Moscou-sur-Marne, fils et petits-fils de soldats russes en France, ravira les amateurs d’histoire.

C’est mené avec beaucoup de sensibilité de la part de la productrice Marie Chartron (à retrouver dans le récent documentaire Les dessous d'Auguste Claverie) soutenue par une équipe de qualité : Réalisation : Christine Robert/ Prise de son : Stéphane Poitevin et Pierre Quintard/ Mixage : Eric Boisset.

Le descriptif de l’émission* résume bien le projet de l'équipe de réalisation. Pour plus d’informations sur le sujet, on consultera avec profit le site 14-18, Mission centenaire et bien sûr notre fil 1914-1918 : regards sur des émissions thématiques.

* Descriptif : Il existe à Saint-Hilaire-le-Grand, près de Mourmelon dans la Marne, un cimetière militaire abritant les tombes de soldats russes tombés en France pendant la Première Guerre Mondiale. Cette histoire reste largement méconnue. Entre 1916 et 1918, 20.000 soldats initialement « prêtés » par le Tsar Nicolas II combattent sur le front français. En 1917, la révolution bolchévique met à mal la cohésion de ce corps expéditionnaire : les loyalistes veulent poursuivre le combat, les révolutionnaires organisés en Soviets retourner au pays. Une mutinerie éclate et se fait réprimer ; les soldats retournent soit au front, soit travailler dans les campagnes françaises, quelques réfractaires sont condamnés aux travaux forcés.

On entend ici les paroles croisées de leurs enfants et petits-enfants. Ceux des soldats loyalistes commémorent chaque année la mémoire du corps expéditionnaire russe à Saint-Hilaire-le-Grand, dans la Marne ; ceux des mutinés se penchent sur les photos et carnets intimes ressurgis des armoires familiales
.

Philaunet 

Philaunet
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14-18 à la pelle - Regards croisés franco-allemands sur la Grande Guerre - Lun 10 Oct 2016, 19:50

Un des meilleurs documentaires radiophoniques possibles sur la Guerre 14-18 a été diffusé le 26.06.2014 sous la forme d'un voyage de deux producteurs de radio, l'un français, l'autre allemand qui se parlent chacun dans leur langue maternelle ou parfois en anglais. On reçoit comme un cadeau unique cette co-production haut de gamme qui éclaire le passé et pose les bonnes questions sur la mémoire : Regards croisés franco-allemands sur la Grande Guerre - 14-18 à la pelle* Un documentaire d'Amaury Chardeau, Jochen Marmit et Guillaume Baldy -  Emission réalisée en partenariat avec la radio allemande Saarländischer Rundfunk.

"À la pelle", parce qu'il est question dès le début (et à la fin) de creuser et de creuser encore, ce à quoi les deux producteurs s'emploient, sans doute pour comprendre ce que manier une pelle signifie, activité on suppose peu répandue à France Culture, et probablement aussi à Regards, sauf chez Anselme, docteur ès excavations archéologiques.

Réflexions sur le tourisme et sur la fonction des musées, témoignages sur les lieux de recueillement publics ou privés, propos sur la guerre et l'engagement aujourd'hui, ce documentaire dense qui prend parfois des airs de création radiophonique est une stimulante leçon d'histoire. Et une invitation à apprendre et aimer les langues de nos voisins anglais et allemands.

À ajouter sans faute à notre rubrique 1914-1918 : regards sur des émissions thématiques.

* Un siècle plus tard, perçoit-on la Première Guerre mondiale pareillement des deux côtés du Rhin? Quelles sont les différences retenues par les mémoires collectives, par les relais politiques ou médiatiques, par les historiens ? Deux producteurs de radio français et allemand s’interrogent : ont-ils appris la même histoire lorsqu’ils étaient à l’école ? Comment leur perception du conflit de 14/18 a-t-elle façonné leur imaginaire ?

Pendant quatre jours, tous deux voyagent en voiture le long de la ligne de front, d’Ypres en Belgique (où apparurent en 1914 les premières tranchées) à Verdun, en passant par Péronne, lieu de mémoire de la bataille de la Somme et symbole de l’engagement des troupes britanniques. Là, ils rencontrent des habitants, des descendants de soldats, des historiens ou des guides impliqués dans le relais des mémoires de ce conflit.

Philaunet 

Philaunet
Admin

87
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''Anthropologue'', quand le grec vous pose - Sam 05 Nov 2016, 21:17

Dans le fil Du silence à la radio, sous le titre Les silences de David Le Breton,  le Sam 22 Oct 2016,
Nessie(https://regardfc.1fr1.net/t781-du-silence-a-la-radio#27298) a écrit: (...)  la bonne surprise dis-je c'est l'interview de David le Breton qui lors de ses passages à France Culture nous a plusieurs fois saoulé de sa sociologie sensitive, pas vraiment inintéressante mais qui a quelque tendance à tourner en rond autour de l'écoute du corps. Il aurait donc pu se trouver un jour enfermé dans l'Atelier de Création Radiophonique et s'y trouver tellement bien qu'il n'en serait plus jamais sorti. Mais les choses se passèrent autrement, et depuis une bonne quinzaine d'années David Le Breton malgré ce patronyme officie à l'exact opposé du territoire. Son anthropologie presque aussi inspirée et presque aussi peu scientifique que celle d'un Pascal Dibie a de quoi horripiler aussi bien les sociologues objectivistes que les Philaunet-à-écouteurs. (...)
(d'ailleurs il me semble que sa voix, je veux dire celle de David, a quelque peu changé ; aurait-il mué dans l'intervalle ? est-ce qu'on nous aurait menti et du coup le passage à l'âge adulte pourrait survenir tardivement, après plusieurs années de retard ? mystère...)
Par le plus grand des hasards (qui forcément n'en est pas un), je viens de réécouter le documentaire de Christophe Deleu et de François Teste du 28 01 2014  « Lève-toi et marche » recommandé ici un mois plus tard. David Le Breton, anthropologue à l'Université de Strasbourg, spécialiste du corps y intervient trois fois. Le temps qui passe, la patience, la sagesse ( ?) font-ils davantage supporter les banalités davidlebretoniennes ? Je ne le sais, l'avance rapide de mon lecteur mp3 a parfaitement fonctionné après que l'anthropologue (très gentil à tous points de vue, ai-je appris indirectement) a commencé à se lancer dans des généralités de sa voix suave (3 X 3 minutes, à 13', 32' et 45'). Sa dernière intervention est une "préoccupation" face au courant transhumaniste et à la vie éternelle que ses tenants attendent avec impatience.  Du sérieux, quoi...  Je voulais juste confirmer "l'horripilation" et en profiter pour de nouveau recommander ce documentaire.

munstead 


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Le Mirail - Mar 24 Jan 2017, 21:29

Une émission entendue par hasard aujourd'hui est une assez bonne illustration du paradigme, ou de l'esprit de FC. Il s'agit d'un programme documentaire de Perrine Kervran sur "la disparition de l'université du Mirail."
Cette université, construite à moindre frais et à toute vitesse a souffert de ses malfaçons dès les premiers mois de son ouverture, mais aussi de ses erreurs de conception: chaleur insupportable sous le soleil, froid intense en hiver. Après de longs procès contre les constructeurs ("privés" dit bizarrement la présentatrice, à part le Génie militaire, on ne connait pas beaucoup de constructeurs publics), il a été décidé de raser cet échec patent et reconnu, de faire disparaitre ce scandale,  et de reconstruire à neuf grâce à un PPP (dont on pourrait discuter, mais il n'y avait pas d'argent). On aurait pu parler des erreurs de Candilis, architecte méditerranéen, héritier de Le Corbusier et de sa raideur intellectuelle, mais apparemment ce n'était pas le sujet. L'architecte a été présenté comme un génie insuffisamment reconnu (qui a trusté d'innombrables grands chantiers publics des années 60/70/80, d'une victime des forces de la réaction qui ont démoli sa merveilleuse université du Mirail. On a droit à des témoignages larmoyants sur les patios où il faisait bon se promener, ou se rencontrer. La présentatrice revient à plusieurs reprises sur les petites salles "d'où l'on voyait le ciel", " où la nature était toujours présente" (jardins poussiéreux, mal entretenus), où l'on pouvait "flâner, rêver…". Une étudiante, reprend les mêmes arguments, dans les mêmes termes. Un enseignant d'origine espagnole regrette ad nauseam ces patios-jardins . Bref, rien sur la fonction de l'architecture en général et de l'architecture pour l'enseignement en particulier, rien sur le fait que Candilis ne se soit pas beaucoup préoccupé de la déchéance de son œuvre, qualifiée de "patrimoine national" par la présentatrice, rien sur l'inadaptation à l'enseignement réel (et non à un enseignement "platonicien", si, si la déambulation platonicienne a été citée en modèle). La présentation de la nouvelle architecture est extrêmement critique, sans nuance.  On compare le Mirail avec une autre université construite (bien construite) à Berlin à la même époque, mais on nous explique rapidement que l'on ne peut pas comparer parce que la Freie Universität se trouve dans un quartier bourgeois chic, alors que le Mirail est proche d'un quartier déshérité. L'ennui est que ce quartier déshérité mal fichu a justement été construit à la même époque par le même Candilis sur les mêmes idées dépassées et autoritaires de Le Corbusier.

Cette émission était bien à l'image des pratiques de la chaîne : témoignages soigneusement sélectionnés, tous dans le même sens, regret des années 68-81, absence du plus petit effort d'objectivité, argumentation d'ordre idéologique, esprit de rancœur, etc. On ne mentionnera même pas, me semble-t-il l'appartenance de Candilis au Parti communiste, alors que cette appartenance n'est pas étrangère à sa carrière,c'est le moins que l'on puisse dire. Une émission typique donc.

Jean-Luuc 


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Re: La série documentaire (ex-Sur les docks) - Mar 02 Mai 2017, 23:21

À l’heure où la présence au second tour de l’élection présidentielle d’un parti anti-démocratique qui n’a jamais dupé personne a été rendu possible par nombre de journaux complaisants, où de grotesques personnages aux propos négationnistes et fréquentations immondes ont été mis sur un pied d’égalité avec des hommes et femmes politiques républicains, le temps choisi par Perrine Kervran pour présenter sa série consacrée à l'art dégénéré (03-06 avril 2017) est on ne peut plus approprié.

Ci-dessous, vous trouverez un résumé du premier numéro, ainsi que les reproductions des oeuvres décrites citées au micro par les intervenants.

Depuis 1933, dernière année connue de la possession régulière de l’œuvre, plus personne n’est en mesure de dire dans quelle demeure est conservée la toile de Georg Grosz intitulée : Allemagne, un conte d’hiver (1917-1919) (d’après un poème de Henri Heine) (4). Autrement dit : qui la détient illégalement. C’est par ce récit que commence le premier numéro de La série documentaire consacrée à l’art dégénéré.

Le lendemain de l’incendie du Reichtag (1933), des SA [ou Sturmabteilung, organisation paramilitaire du parti nazi, le NSDAP, dont est issue la SS] ont fait irruption dans l’appartement de Grosz qui se trouvait tout près d’ici dans la Trautenaustrasse. Comme l’appartement était vide, ils se sont rués dans la Nassauische Strasse, où Grosz possédait un atelier depuis 1910. La porte était fermée, ils l’ont fracassée, et saccagé tout l’atelier à la hache. Si les SA étaient tombés sur Grosz, ils l’auraient tué sur le champ. Et les 300 œuvres de Grosz qui avaient été saisies dans les musées, ou dans les collections privées dans le cadre de l’opération « art dégénéré » ont presque toutes disparu.  

Munich, fin des années 20, la tradition domine dans les musées. La peinture allemande de la deuxième moitié du XIXe siècle est prisée, la ville opposée à la République de Weimar et sa culture jugée trop moderne grouille de mouvements nationalistes, le retour à la terre et aux canons de beauté classiques signent le repli d’un peuple en quête de ses origines. En 1933, Munich est baptisée capitale de l’art allemand, puis en 1935, capitale du mouvement national-socialiste. La ville devient la synthèse d’un programme artistique et politique dominé par la question raciale qui trouve sa première manifestation en 1937 dans l’organisation de deux expositions concomitantes : l’une officielle, à tendance néo-classique, consacrée à l’art allemand. L’autre, support de contre-exemple à la première, met en scène la collecte d'un art dit « dégénéré ».

Les buts recherchés sont multiples. D’abord le traitement binaire vise à opposer un art « sain », dont les manifestations relaient un accord avec la nature, et un art « dégénéré », présenté comme an-historique, individuel (qui n’est pas l’expression d’un groupe racial) et produit par des auteurs malades, c’est-à-dire incapables de conformer leur création à leur vision naturelle (les chevaux bleus de Franz Marc par exemple). Deux constructions idéologiques destinées à valider la supériorité d'un art sur un autre, à former un jugement de goût autoritaire et sans nuances, à réduire l'idée de beauté. Les conditions de visite de ces deux expositions y ont contribué.  

Le pavillon d’art allemand bénéficiait d’une entrée majestueuse et d’un accrochage respectueux des conventions muséologiques en vigueur. Tandis que c'est une galerie construite au XVIIIe siècle et conçue à l’origine pour recevoir les collections princières de Bavière qui accueillait l’exposition d’art dégénéré (totalisant 600 œuvres saisies dans une quarantaine de musées). Dans cet espace composé de 9 salles en enfilade, la lumière perçait difficilement. Des panneaux en bois supportant l'accrochage obstruaient les fenêtres. Puis, les œuvres étaient suspendues sans respect chronologique, à touche-touche. Les cartels et texte de propagande écrits à même les murs de façon stylisée ou cursive (6). La circulation du public rendue incommode à cause de l'unique porte faisant office d'entrée et de sortie.

Montrées comme incompréhensibles, grossières, dénaturées, les peintures et sculptures d’avant-garde ne pouvaient manquer d’être dépréciées et jugées comme le fruit d’une modernité dangereuse par les spectateurs munichois. À ce compte, les laisser proliférer était l’assurance d’un environnement bientôt gâté par la laideur et la maladie. Alors que l’exposition de l’harmonie ou de la symétrie allemande héritées de l’antiquité gageaient d’une éducation meilleure. Ainsi la pensée nazie prenait forme dans l'esprit des visiteurs.

En quoi consistent les collections d’art national-socialiste et d’art dégénéré ? Pour la seconde, les contours de l’ensemble désigné semblent plutôt nets : cela va de Georg Grosz, Otto Dix, Walter Dexel, Kurt Schwitters, les constructivistes, les membres du Bauhaus aux artistes juifs hommes et femmes (le cas de Lotte Laserstein (1898-1993) est cité). Mais concernant les limites du premier corpus, le spectre couvert semble plus large : un intervenant de l'émission prend pour point de départ l’impressionnisme tardif pour arriver aux surréalistes. Le tout étant largement accompagné d'une peinture répondant à la classification des genres habituels : d'histoire, de genre, de nature morte, portraits. Les peintres cités sont ceux de l'école de Munich, Adolf Ziegler (1892-1959), le peintre préféré d’Hitler (qui prit part à l’organisation des deux expositions) (7), Wolfgang Willrich (1897-1948) Adolf Dressler (1833-1881), Karl von Piloty (1826-1886), Friedrich August von Kaulbach (1850-1920).

N.B. : Aussi appelée exposition de la honte ou musée des horreurs, les mises en scène destructurées de l’art réuni par les Allemands ont existé dans toute l’Allemagne bien avant l’exposition historique de Munich.

La série documentaire (ex-Sur les docks) - Page 9 754345imagespost

1/ Franz Marc, Deux cerfs rouges, 1912
2/ Franz Marc, Combat de formes (ou formes combattantes), 1914
3/ Otto Freundlich, Der neue Mensch, (L'Homme nouveau), 1912
4/ Georg Grosz, Allemagne, un conte d’hiver , 1917-1919
5/ Georg Grosz, Siegfried Hitler, 1923
6/ Vue de l'exposition d'art dégénéré de Munich, 1937
7/ Adolf Ziegler, Les quatre éléments, 1937

Philaunet 

Philaunet
Admin

90
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Bric-à-brac sonore - Lun 29 Mai 2017, 20:45

Philosophes emprisonnés (1) Socrate : [son mp3="https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10177-29.05.2017-ITEMA_21339258-0.mp3" debut="05:39" fin="09:57"]

Disalvo 

Disalvo

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C'est une blague ? - Lun 26 Juin 2017, 23:17

Il y avait longtemps:

Je m'aventure sur la page de France Culture.
C'est l'été: que vont-ils proposer comme grandes traversées ce coup-ci ? Je ne vois rien à propos de la grille estivale mais mon attention est captée par l'affaire Weidmann, je clique comme un badaud hypnotisé par la vue du sang. Tiens ? Je ne connaissais pas cette émission: "Une histoire particulière". Je parcours les pages des éditions précédentes et je tombe sur ceci et aussi sur cela

Bon, pour le thème astral de Landru peut-être s'agit-il d'une de ces émissions canular, je n'ai pas le courage d'écouter, de peur que le traitement du thème ne me mette trop en colère. Jusqu'ici France Culture ne parvenait qu'à me consterner, mais là elle n'est pas loin de me mobiliser (contre elle).

Quant à Roswell, je ne veux pas perdre mon temps avec ça non plus, mais la liste des intervenants me met la puce à l'oreille: les membres du Geipan m'ont toujours donné l'impression d'être plus des "croyants" que de vrais enquêteurs sérieux...

Jusqu'ici je reprochais à France Culture de ne pas remplir sa mission. C'était inoffensif.
Mais maintenant elle va plus loin: elle abrutit et fait la promotion des pseudo-sciences. Ca devient toxique.
(a moins qu'il soit question de second degré, je ne peux pas juger: aucune envie de subir ces émissions)

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Re: La série documentaire (ex-Sur les docks) -

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